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Il se mit ensuite à peindre la vie pure, calme, délicieuse qui lui était réservée avec Caroline. Cette fois, il ne put rester froid devant ce tableau, et insensiblement ses expressions devinrent chaleureuses et se passionnèrent.

Des larmes roulaient dans les yeux de Marie. Elle se mit aussi à parler de bonheur, mais d'un bonheur qu'elle n'avait jamais rencontré, d'un bonheur qu'obtiennent seuls deux êtres qui se comprennent; d'un bonheur qu'elle croyait possible, naguère encore, et qui n'est point fait pour elle, elle le comprend à cette heure, hélas! Du moins, ajouta-t-elle avec trouble, vous serez toujours mon ami, n'est-ce pas, Ernest? Dans quelque position que vous vous trouviez, quelque distance, quelque durée qui nous séparent, il y aura toujours en vous un souvenir pour Marie?

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Ernest éprouvait trop d'émotion pour répondre. Il tendit la main à Marie. Ce mouvement laissa voir à la veuve une bague qu'Ernest portait au doigt. C'était Marie, Marie de Béthencourt qui la lui avait donnée en d'autres temps.

Il lui fallut se lever, il lui fallut marcher durant quelques minutes; sans cela, elle aurait étouffé.

Et puis elle vint se rasseoir près d'Ernest, et, préoccupée de pensers doux et amers, elle rêva longtemps.

Alors, s'arrachant avec effort à elle-même, elle sonna un valet de chambre, lui donna des ordres, et, souriant avec tristesse à son ami :

- Adieu, dit-elle, adieu, Ernest, adieu pour toujours! A ces mots, il resta frappé de stupeur, et assourdi de mille pensers confus.

Adieu, Ernest, redit-elle, car l'on s'était hâté, et la voiture qu'elle avait ordonné d'atteler se trouvait déjà prête. Adieu pour toujours!

Elle avait bien de la peine à retenir ses sanglots.

Leurs mains s'étreignirent encore une fois, ils se séparèrent, puis la voiture partit.

Elle avait disparu depuis longtemps qu'Ernest était encore là, immobile, et les regards fixés à l'extrémité de l'horizon, là où il avait cessé de l'apercevoir.

Abattu, éprouvant un vide insupportable, il alla rejoindre Caroline. Elle le crut souffrant, car toute la soirée elle le vit triste et rêveùr.

Plus d'une fois, le lendemain, il ressentit la même tristesse, il s'abandonna à la même rêverie; et lorsque, resté seul avec Caroline dans la chambre nuptiale, il l'entoura de ses étreintes :

Marie, murmura-t-il, Marie!

Le lendemain, à son réveil, tandis que, le sourire du bonheur sur les lèvres, Caroline se livrait avec son mari aux plus doux épanchements, elle lui rappela sa méprise du nom de la veille :

-Oh! dit-elle en feignant de bouder, et sans croire le moins du monde à la réalité du reproche qu'elle faisait, oh! c'est apparemment le nom de quelqu'un que vous aimez mieux que votre Caroline, n'est-il pas vrai, méchant ? Il retomba dans sa rêverie.

Puis tout à coup, enlaçant Caroline de ses bras:

- A toi, à toi seule pour la vie! s'écria-t-il.

FIN.

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