Evangile de la Haye, où elle est refu- Ne prenez pas ce Billet cette On ne peut pas nier que cela ne foit trésingenieux & délicat, cependant il faut avouer que ce n'eft point encore mignardife Grecque, dont cette Demoifelle, quoi qu'elle ait beaucoup d'efprit, n'a vu que des Copies. XVIII. Toute la nuit. ] Je trouve ici deux chofes à remarquer. La premiére que COLIN veut la nuit. La feconde qu'il la veut toute. D'où l'on peut juger que cet Amant réunit en lui deux chofes prefque incompatibles, la raison & l'amour. Si l'amour, felon la définition qu'en donne un Pere d'Afrique, eft le defir de s'unir à l'objet qu'on aime; il eft St. Au naturel de ne vouloir perdre aucun des guftin. momens qu'on peut employer à cette u D 2 nion. nion. Si le jour nous eft donné pour va quer aux affaires & au travail, il eft raifonnable de ne le pas perdre entre les bras d'une Maîtreffe. Ainfi pour s'unir à ce qu'il aime l'Amant raisonnable doit fouhaiter de n'employer que la nuit, mais il doit fouhaiter de l'employer toute entiére. Une difficulté fe préfente naturellement fur ce fujet; c'eft de favoir quelle étendue on doit donner à cette nuit. Si l'on doit, par exemple, fixer fon commencement au moment que le Soleil paffe fous l'autre Hemisphere, & fa fin lors qu'il reparoît avec l'Aurore. Je ne doute point que les fentimens ne foient partagez fur cette difficulté. Les uns voudront fans doute que la nuit ne commence qu'à dix heures du foir, & tireront leurs preuves de la coûtume de fe metre au lit environ cette heure - là. D'autres, dont la pratique eft oppofée à cette coûtume, prétendront qu'on ne doit déterminer le commencement de la nuit qu'environ une heure après les douze heures du foir. D'autres fondez fur ce que ces douze heures s'appellent minuit, diront qu'il faut compter les heures qui fuivent depuis minuit jufqu'au lever du Soleil, & qu'un nombre égal d'heures pris de celles qui auront précédé minuit étant ajoûté à celles qui ont fuivi juf qu'au lever du Soleil, fera la nuit toute entiére. Mais bien que cela faffe la nuit toute entiére, & que ceux qui le foûtiendront ne foient point d'un fentiment différent de celui que nous avons rapporté d'abord: on dira qu'il n'eft pas poffible de déterminer ainfi la nuit en question, vû la différence des nuits felon les divers Climats, & les différentes Saifons. Pour moi, fans entrer plus avant dans la difcuffion de toutes les difficultez qu'on peut faire fur ce fujet; je dirai fimplement que cette nuit doit commencer dès qu'après avoir légérement foupé, la commoditè permet 'qu'on la commence, & j'ofe me flater que tous ceux qui en auront paffé de cette espéce, feront de mon fentiment. Qu'on me pardonne cette digreffion, l'importance de la matiére m'y a infenfiblement en gagé. Si cependant l'on trouve que je n'ai pas déterminé cette nuit avec affez de precifion, je veux bien m'en rapporter au R. P. BONJOUR, lui qui par fes fupputations admirables, a fait voir que le monde a été achevé le 21. d'Avril, & qu'ainfi il avoit été commencé le 15. lequel fentiment du Pere BONJOUR, pour le remarquer en paffant, eft conforme à celui de VIRGIL E. Ce Poëte, tout privé qu'il étoit des lumiéres de l'Evangile, apres avoir fait une belle defcription du Printemps, dit au fecond Livre des Georgiques, v. 336. Non alios prima crefcentis origine Mundi Illuxiffe dies, aliumve habuiffe tenorem, Crediderim: ver illud erat, ver magnus agebat Orbis & hybernis parcebant flatibus Euri; Cum primum lucem pecudes haufere, virùmque Ferrea progenies duris caput extulit arvis ; Immiffaque fera fylvis, & fydera cœlo. Ce que M. de SEGRAIS exprime ainfi dans la Traduction des Georgiques, qui n'eft pas, à dire vrai, la plus belle Tra duction du monde. Ce fut ce beau Printemps, cette clarté féconde De l'Olympe étoilé vit refplendir les feux. Je Je paffe à la feconde Strophe de ce CHEF-D'OEUVRE, après que j'aurai fait les deux Remarques fuivantes. Ce Vers De trop fonger à fes Amours, eft placé avec tant d'art au milieu de la Strophe, qu'on ne peut précisément dire s'il fe rapporte au commencement ou à la fin, ou plûtôt qu'on doit dire qu'il fe rapporte parfaitement à tous les deux, puis qu'il leur convient également. Ce font là de ces traits où l'on reconnoît une main de Maître, de ces traits qu'u ne main du commun ne doit point hazarder. Je dois d'ailleurs remarquer à l'honneur de notre inconnu qu'il y a dans le Paftor fido un paffage qui eft imité de la premiére partie de cette Strophe, dont il n'eft que le Commentaire. E quel ch'è peggio, al fin morte à pazzia. Act. 3. Sc. 6. D 4 Que |