RIUS fe laiffa mourir de faim dans fa maison, LEODAMIE ne tomba-t-elle pas comme morte au départ de PROTESILAS pour l'armée, & ne mourut-elle pas effectivement dés qu'elle aprit qu'il n'étoit plus? LUCRECE CAMILLE, dont ENEAS SILVIUS a écrit les amours, ne mourut-elle pas de douleur après le depart de fon cher EURY ALE, qui eut la baffeffe de s'en confoler & d'époufer une Dame Allemande de même que le perfide ENE'E qui époufa la fille du Roi des Latins, après que l'aimable DIDON eut noyé fon amour dans fon propre fang, Senferrant du préfent que lui fit le parjure, pour me fervir de l'expreffion de JoDELLE ou pour parler comme un autre vieux Poëte, Ayant percé fon pis avec une Alumelle. IPHIS & ATYS furent plus généreux qu'E UR YALE & qu'ENE'E. IPHIS fe pendit galamment à la porte d'AN AXARETTE en lui difant que c'étoit avec de telles fleurs qu'elle aimcit que fa porte fut ornée. Hac tibi ferta placent, crudelis & impia, dixit. Après Après qu'A LECTON eut par l'ordre de CYBELLE infpiré au cœur d'ATYS fa barbare fureur, & que dans fes transports furieux ce fidéle Amant eut fait perir ce qu'il aimoit, ne fait-on pas, qu'il fe poignarda lui-même ? Rien n'est plus touchant que ce qu'il chanta en rendant les derniers foûpirs. Je meurs, l'Amour me guide Je vais où fera SANGARIDE, Il eut encore la force d'ajoûter, Il eft doux de mourir avec ce que l'on aime. Que cela eft touchant ! quis talia fando Myrmidonum, Dolopumve, aut duri miles Ulössei Temperet à lacrymis. . . Æneid. II. 6. Eft-il Dolope affez pendard SCARRON, Virg. Trav. Ces Ces exemples prouvent affurément qu'il n'eft pas impoffible qu'on ne puiffe mourir d'amour, & juftifient bien ces deux Vers par lefquels EST. JODELLE finit fa Tragedie de Didon Nul vivant ne fe peut exempter de furie X. De trop fonger à fes Amours. ] Trop parce que lors qu'on n'y fonge qu'un peu, cela ne va pas jufques à caufer du dérangement, jufques à rendre malade. Ceux qui ont le mieux étudié le cœur de l'homme affurent que lors qu'on ne Jonge qu'un peu à fes amours, on eft bien prêt à n'y plus fonger du tout. Un Amant qui n'y fongeoit qu'un peu fit cette Chanfon pour fa Maîtreffe: Depuis que j'ai vu vos apas Je ne dors que jufqu'à midi, Ceci comparé avec l'état où fe trouvoit COLIN fait admirablement fentir la différence du peu ou du trop lors que l'on fonge à fes amours. Il y a des perfonnes qui prétendent que le trop marque l'exC cès cès & que tout excès eft vicieux; je n'en trerai point en difcuffion fur ce fujet mais certes il me femble en amour & en amitié, qu'il eft beau de pécher ainfi ! Et fi, quid faciam, nunc quoque queris, amo. D'ailleurs, par ces paroles, de trop Songer à fes amours, le Poete rend raifon de la maladie de COLIN, il en découvre la caufe, ce qui fait voir qu'elle étoit différente de celle qui rendit malade un autre du même nom, dont il est parlé dans le Cabinet des Vers Satiriques imprimé à Paris pour la feconde fois en 1620. avec Privilége du Roi, lequel Privilège eft datté du huitiéme jour de Juin 1618. on lit à la page 139. de ce Livre 2 Le bon COLIN étoit au lit couché, Notre COLIN étoit malade du contraire. XI. Songer.] L'Efprit de l'homme fans doute, eft fait pour quelque chofe de plus folide que la bagatelle. Dans les Ouvrages même qui font purement de bel Efprit, ce qui attache, ce qui plaît c'eft une certaine réflexion un certain fentiment moral caché fous les chofes les plus badines. Qu'est-ce qu'Efprit? Raison affaisonnée. Or un feul mot fait quelquefois cet effet qui charme, qui attache. * La Confi. Un Galant dans un Conte * DE LA FONTAINE, furpris du ftratagême, dente. dont une Dame s'étoit fervie pour lui faire connoître fa paffion, demande à cette Dame, Qui vous a fait avifer de ce tour ? Quelles belles réflexions ne fait pas faire cet elle rougit? Ne dit-il pas que quelque violente que foit une paffion, on a tort de chercher les moyens de la fatisfaire, puis qu'ils nous caufent de la hondevant ceux même qui deviennent nos complices? Et cette expreffion, Ne fit-il que loüer? Que ne donne-t-elle pas à penfer? te, Le charme des Ouvrages de M. DE FON |