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że du jour. Dès que je fens le point du jour. Auffi les Hollandois ont-ils en leur Langue cette expreffion de Krikije van den dag, la pointe du jour. Or la pointe & le point font deux mots à peu près fynonymes qui derivent du même verbe poindre.

Après cette remarque Grammaticale, faifons-en une autre en faveur de notre Poëte, obfervons que c'eft l'Alouette qu'il fait chanter au point du jour, & que cet oifeau chante effectivement aux premiers rayons de la lumiere, ce que ne font pas tous les oifeaux. Ceci fait voir. combien notre IN CONNU avoit une grande connoiffance de la Nature, auffi bon Philofophe qu'il eft excellent Poete.

LXVIII. Amant. ] remarquez toujours la proprieté des termes. Amant eft ici beaucoup mieux que Galant. Au lieu que dans ce qui précède, Galant a plûtôt dû être employé qu'Amant. Qu'on réflechiffe fur ceci, & l'on verra combien il y a de goût & de fineffe dans le choix de ces deux mots. Peu de gens pourroient les placer fi bien.

Non cuivis datum eft adire Corinthum.

LXIX. Si vous eft honite. ] Remar-
M 3

quez

quez qu'auparavant le Poëte a dit que Strophe. COLIN étoit honéte.

p. 132.

4.

Le Galant qui fut honête.

Et à préfent il met un SI, comme s'il
y avoit lieu d'en douter. Cette figure
que les Latins appellent dubitatio, & les
Grecs drogía, eft d'une très-grande for-
ce, pour convaincre, pour perfuader.
Par elle, on fait que celui à qui on s'a-
dreffe devient lui-même fon propre juge,
il faut qu'il prononce fur l'état où il eft,
& qu'il le prouve en faifant ce qu'on
lui demande. Et s'il fe trouve dans l'é-
tat dont on fait femblant de douter, le
SI, prend alors la force de puifque, & la
propofition devient un vai enthymême.
Ainfi cette propofition, Amant, fi vous
eft honéte retirez-vous, eft comme fi l'on
difoit, Amant, puisque vous eft honéte re-
tirez-vous. C'est ainsi que dans la
duction des Epîtrés d'O VIDE,
DE'E dit à JASON.

Tra

M E

Mais ce fut dans ce lieu que tu te fis connoître,
Et qu'avec un vifage auffi beau que menteur
Tu me tins ce difcours auffi doux que flateur:
Sous vos divins appas la fortune affervie,
Vous a fait aujourd'hui l'arbitre de ma vie,

Et

4

Et par un peu de haine ou par un peu d'amour Vous pouvez ou m'ôter, ou me rendre le jour. Si vous pouvez me perdre avec tant de puissance, Vous pouvez me fauver avec plus de clemence Et toujours plus de gloire, après un tel malheur, Suit l'excès de bonté que l'excès de rigueur.

C'est à peu près dans le même ufage que M. RACINE a employé le fecond Si des vers fuivans. ANDROMAQUE parle d'HECTOR.

Chere Epoufe, dit-il, en effuyant mes larmes,
J'ignore quel fuccès le fort garde à mes armes;
Je te laiffe mon fils pour gage de ma foi,
S'il me perd je prétends qu'il me retrouve en toi.
Si d'un Epous cheri la mémoire t'eft chere,
Montre au fils à quel point tu fus aimer le Pere.

LXX. Et honête,] Avec une éli fion, & non pas étes honetes. Le Poete a pris cette licence avec d'autant plus de raifon que les perfonnes qui parlent le mieux n'ont aucun égard à l's dans la prononciation d'êtes, lors que c'est une voyelle qui fuit. Vous est un brave hom& non vous êtes un brave homme.. Vous eft affez heureux, & non vous êtes affez heureux.

me,

Auffi VOITURE, qui peut-être à
M 4

vû ce CHEF-D'OEUVRE, n'a pas fait difficulté de prendre cette même licence. Il dit dans une Elegie,

Car vous ne croiriez pas tant vous êt' inhumaine Qu'il ait beaucoup d'amour s'il n'a beaucoup de peine.

Je fai bien qu'il y a des perfonnes, & j'en connois même, qui n'eftiment pas affez VOITURE, pour croire que l'exemple que j'en raporte foit d'une grande autorité. Mais fans m'amufer à refuter des gens que la voix publique condamne, & condamnera toujours, je les renvoye feulement à la 3. Satire de B 01LEAU. Là un Campagnard qui veut faire le Docteur, dit

La Pucelle cf encore une Ceuvre bien galante, Et je ne fai pourquoi je bâaille en la lifant : LE PAIS, fans mentir, cft un boufon plaisant : Mais je ne trouve rien de beau dans ce Voiture. Ma foi, le jugement fert bien dans la lecture,

Je ne veux que ce trait de Satire pour les rappeller à eux. Peut-être que par là ils apprendront du moins à fe taire.

LXXI. Retirez-vous ] Retirez eft le

yéritable terme.

LXXII. Marchez tout doux, parlez

L

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tout

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tout bas &c.] Le Poëte fait ici répéter à CATIN quatre Vers qu'il lui a déja fait dire ailleurs & cette fourmilliere de Poëtereaux dont l'Envie eft la Minerve, ne manqueront pas d'attaquer par-là ce CHEF-D'OEUVRE. Mais c'est trop peu de chofe pour que je daigne leur répondre, je les renvoye aux Remarques de l'Illuf tre Madame DACIER fur le 8. Livre de l'Iliade d'HOMERE. Là ils apprendront qu'il eft ordinaire à ce divin Poete de répéter quelquefois jufques à dix & douze Vers.

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C'eft pourquoi EUSTATHE remarque, comme l'observe très à propos Madame DACIER, qu'HOMERE fait voir par là, que lors qu'on a trouvé ce qui eft fort bien, il ne faut pas chercher autre chofe, ni éviter ces répétitions. Nous avons aujourd'hui sur ,, cela (continue cette admirable Inter,, prète des anciens Grecs) nous avons une délicateffe qui me paroît plûtôt ,, une maladie qu'une marque de bon ,, goût. Le bon goût reçoit avec plaifir deux & trois fois la même image & dans les mêmes termes.

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M. DE LA MOTTE a donc eu grand tort dans fon Iliade de fuprimer les répétitions qui font dans HOMERE; il

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