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reçoivent; car quel est son but, si ce n'est de communiquer les plus excellens de tous les biens, ceux de l'âme, de l'esprit immortel, de délivrer les hommes des plus horribles superstitions, de l'ignorance, des erreurs, de tous les vices, les forfaits, la dissolution qui en sont nécessairement la suite, et de leur procurer nne félicité éternelle après cette vie; ou pour dirè tout en un mot, en employant les paroles de notre Seigneur d'ouvrir leurs yeux, et de les faire passer des ténèbres à la lumière, et de la puissance` de satan à Dieu, afin que par la foi qu'ils auront en moi, ils reçoivent la rémission de leurs péchés, et qu'ils aient part à l'héritage des saints (Actes 26,18). Y aurait-il des biens plus grands que ceux-là? s'en trouverait-il qui fussent plus capables d'assurer une infinie béatitude aux siècles des siècles? Assurément

non.

Et remarquez que la bienfaisance en se proposant d'apporter de tels biens, apporte en même temps tous les autres; elle procure aussi soit médiatement, soit immédiatement, tous les avantages de la vie' temporelle, autant qu'ils sont compatibles avec le pays et le climat que chaque peuple habite. En effet,' les peuples païens, une fois convertis au christianisme, sont instruits en même temps à d'autres égards par les missionnaires, et apprennent l'agriculture, toutes sortes de métiers, des arts et des sciences utiles; la société civile se forme; la férocité, la rudesse, la paresse diminuent toujours, ou cesseut entièrement; des mœurs douces en prennent la place; l'on voit se former des hôpitaux, des instituts divers pour les pauvres, pour les veuves et les orphelins, encore cela est arrivé dans l'Europe chrétienne, et comme cela n'avait point lieu avant que les apôtres messagers de bienfaits célestes fussent venus à nous et par la grâce de Dieu, eussent

apporté le christianisme et ses bienfaits à nos aneêtres soumis encore aux superstitions païennes, Celui donc qui s'intéresse à la cause des missions et y prend une part active, travaille en même temps au bien être spirituel et corporel, temporel et éter: nel des hommes.

Enfin la bienfaisance qui se propose un tel but, a tout particulièrement un caractère de noblesse et une beauté véritable, parce que les peuples auxquels de tels biens sont apportés diffèrent entièrement de nous par la religion, les mœurs, la couleur, la langue; parce que nous ne les connaissons point, et qu'il n'y a pas d'apparence que nous puissions jamais connaître quelqu'un des individus qui les composent parce que nous ne serons sûrement jamais appelés à recevoir les marques de leur reconLaissance, à nous assurer et nous réjouir en personne des effets que notre bienfaisance aura produits. Mais en même temps, nous apprenons d'une manière certaine, par nos missionnaires, quelle est la vive émotion de leurs cœurs, quelle révolution totale le christianisme opère dans tout leur être, et quelle ardente reconnaissance ils éprouvent envers leurs bienfaiteurs. Et qu'est-ce que l'éternité ne nous révélera pas ?

J'ai dit que les païens étaient arrachés par le christianisme à leur grossière dissolution, à leurs vices et à leurs forfaits. Je veux seulement rappeler ici une espèce de crime qui fait frémir l'humanité, qui révolte de la manière la plus affreuse tout sentiment moral, et que nous, chrétiens, pourrions à peine croire, si tant de témoins, dignes de foi, ne s'accordaient pour nous le rapporter; c'est le sacrifice de créatures humaines innocentes, et cela par une mort accompagnée le plus souvent des plus vives douleurs. Dans la presque ile, en-deçà du Gange, et seulement

dans une partie de cette presque île, l'Indostan propre, plus de trente mille veuves, d'après les recherches qu'on s'est efforcé de faire, sont brûlées chaque année, toutes vivantes, près du cadavre de leurs maris; et si elles ont des fils adultes, ilt sont obligés d'allumer eux-mêmes le bûcher. Peut-on imaginer quelque chose de plus cruel, de plus contraire à la nature? Et quelles suites lamentables cette abominable coutume n'a-t-elle pas pour les malheureux enfans de ces veuves dont le nombre (en comptant l'un dans l'autre quatre enfans dans chaque famille) doit s'élever à plus de cent mille chaque année?...

Dans ces mêmes contrées où l'orgueilleux Bramine lui-même rend des honneurs divins à la vache, de jeunes enfans sont jelés tout vivans au crocodille que l'on y adore, et que les habitans des îles de la Sonde regardent comme leur premier père et la tige de leur espèce.

En chine, des milliers d'enfans sont exposés chaque nuit.

Sur la côte occidentale d'Afrique, des centaines d'hommes sont égorgés à l'occasion de la mort d'un misérable roi nègre, ou de quelque autre personnage d'importance.

L'on sait quelles cruautés les Mahométans, animés d'une rage fanatique, ont exercé contre nos frères chrétiens, et presque chaque feuille publique nous rapporte celles auxquelles ils se livrent à cette heure.

Si les chrétiens, oubliant même toutes les autres horreurs du paganisme, pensent seulement à ces meurtres de tant de milliers de créatures innocentes, ne trouveront-ils pas que c'est là un motif assez puissant pour les porter à répandre la lumière du Christianisme parmi les peuples infidèles, par le moyen des missions, en sorte qu'il soit mis fin une fois à de telles abominations, ainsi que cela est déjà arrivé à

Otahiti dans la mer du Sud ? ou bien doivent-elles durer dans tant de contrées jusqu'à la fin des jours ? Les chrétiens veulent-ils donc toujours continuer à en entendre parler? à lire les rapports qui les en instruisent? et à côté de cela, remplis d'une lâche indifférence, rester sans s'émouvoir? Serait-ce là la volonté de Dieu? de Dieu qui est l'amour même (1 Jean. 4, 8.); qui veut que tous les hommes (1 Tim. 4,8.) sans distinction soient sauvés ; qui a dit : toutes les âmes sont à moi (Ezéch. 18, 4.); qui veut que les chrétiens fassent des requêtes, des prières, des supplications et des actions de grâces pour tous les hommes (1 Tim. 2, 1.)? Non! non! ce doit être, non pas seulement sa bonne, mais encore son agréable, et même sa parfaite volonté (Rom. 12, 2.) que les chrétiens viennent au secours des pauvres païens. Eux-mêmes, ils nous appellent de tant de lieux et de tant de contrées, par la voix des missionnaires : venez donc ! disent-ils, secourez-nous ! envoyez-nous des instituteurs! Les fruits des travaux de ceux qui ont été déjà envoyés, sont manifestes à nos yeux; mais qu'est-ce que tout cela, en comparaison de la grande moisson qui reste encore à faire ? Cependant ces résultats des missions, tels que nous les voyons, sont des preuves irrécusables de l'approbation et de la bénédiction que Dieu accorde à cette œuvre par son Saint-Esprit.

Courage donc la cause glorieuse des missions ne fait que commencer dans notre ville; mais son com mencement est semblable à une belle aurore qui promet un jour encore plus beau. Très-honorés auditeurs, vous continuerez à lui accorder vos prières, vos contributions; vous chercherez à exciter le même intérêt dans des parens et des amis dont les sentimens religieux sont semblables aux vôtres, et ainsi notre ville de Brême méritera aussi, à cet égard, le

nom qu'elle porte d'une hôtellerie de l'église du Seigneur (1). Dieu le fasse ! »

Des considérations telles que celles qui sont présentées dans le discours qu'on vient de lire, ne sont pas pour une ville seulement, mais pour toutes les villes de tous les pays où des chrétiens se trouvent ; et ce n'est sans doute qu'avec intérêt et persuasion, que nous pouvons entendre la voix d'un homme, dont nous savons qu'il met lui-même en pratique d'une manière si généreuse et si modeste, cette vertu de la bienfaisance à laquelle il invite ses concitoyens avec tant de chaleur. Ce respectable magistrat se réjouirait sûrement, si son discours venait à exciter en France l'intérêt de quelque lecteur pour la cause dont il fait l'apologie, et s'il faisait naître ainsi quelque étincelle de ce zèle si éminemment chrétien, qui fait embrasser avec ardeur les intérêts des peuples qui sont encore assis dans les ténèbres de l'ombre de la mort; il estimerait qu'il aurait fait de cette manière plus de bien encore qu'il n'en a a pu faire auparavant par un don pécuniaire. Ces espérances que nous manifestons ne seront peut-être pas tout-à-fait vaines. Il faut que tout suive une marche progressive. Les associations bibliques se forment partout en France; et le temps n'est sûrement pas éloigné, où l'on verra s'établir à côté d'elles des sociétés faire connaître à tous les hommes, que Dieu ayant laissé passer les temps d'ignorance, annonce maintenant à tous, en tous lieux, qu'ils se convertissent (Actes 17, 31.); en sorte que les protestans de France apporteront leurs contributions pour répandre la parole, soit écrite, soit vivante, sur toute la terre. Que

pour

(1) Au-dessus de l'une des portes de Brême, sont gravés en gros caractères ces mots : conserva, Domine, hospitium ecclesiæ tuæ.

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