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DE L'EUSQUÈRE

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DE LA LANGUE BASQUE

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PREMIÈRE PARTIE.

DE LA FEMME.

Dans le temps que j'étais lieutenant d'artillerie, que j'avais une bonne santé, quelques centaines dé francs dans la poche et l'avantage de savoir un millier de propositions de mathématiques, mon ami le capitaine Solis (D. Josef), brave homme à plus d'un titre, me disait un jour : « Croyez-moi, << Yrizar (il parlait un peu en termes de corps-degarde), la femme n'est qu'un grand nerf; elle a ⚫ la même sensibilité dans le pied que dans le bras, << dans les mains que dans les joues. » Et moi je riais comme un fou, parceque je pensais un peu comme lui. Mais qui m'aurait dit alors que cette idée me poursuivrait toute ma vie, et que je for

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merais la femme précisément dans les années les plus calamiteuses de ma vie?

En effet, ôtant à ces expressions la crudité dont fait usage la jeunesse des camps, il n'y a pas de doute que ce que je viens de dire ne mérite l'attention sérieuse du savant qui veut examiner les choses philosophiquement; mais cela même fait que la matière doit être traitée avec franchise, quoiqu'avec la décence qui sied si bien à un chrétien. Afin que mon travail ait le fruit que j'en attends je désirerais qu'aucune personne âgée de moins de trente ans ne lût ce volume, du moins les chapitres les plus intéressants pour la curiosité et pour la malice humaines; et de plus que la lectrice fût mariée. Mais comme il n'y a pas de règle sans exception, il y aura sans doute plus d'une personne n'étant pas dans les cas énoncés qui pourront lire ce livre avec fruit, d'autant plus que, si je ne me trompe pas, la doctrine de mes recherches est très importante pour le genre humain.

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L'homme doué d'une âme rationnelle se voit, par l'essence de sa nature, obligé, on peut dire condamné à chercher la vérité. Entre mille objets

qui se présentent à son activité comme matière d'observations et de réflexions, il n'y en a aucun qui puisse se comparer en importance à lui-même. Les mollusques de la mer du Sud, les plantes des Andes ou de l'Himalaya, de la rivière des Amazones ou du Niger, leurs animaux, leurs insectes pourront intéresser les savants, mais bien moins que tout ce qui a rapport à l'homme lui-même dans quelque situation que la Providence l'ait placé. Je ne décrie aucune science, et moins encore celles qui prennent pour objet de leurs investigations les merveilles de la nature, puisque je suis convaincu qu'il n'y a pas un insecte, pas une mouche qui ne raconte la puissance du Seigneur et ne prouve sa grandeur, sa magnificence et sa bonté. Cependant tout cela s'évanouit devant l'homme, et surtout devant l'homme quand il contemple l'homme.

Mais l'homme a dans tout cela un grand bonheur : il a une gradation pour monter à cette hauteur de la science; il a la femme, qui est un sujet plus simple que l'homme considéré dans son sexe masculin. La femme est une création postérieure ; la femme est un événement arrivé pendant sa vie: l'homme peut donc prétendre conjecturer quelque chose de probable dans ce fait accompli pendant son existence. Il est vrai que les dormientes testes sont décriés de toutes parts, et plus encore dans l'Église catholique; et que par cette raison on ne doit point présenter des témoins dormants, et je me garderai bien de manquer à cette règle.

Mais laissant cette matière pour une autre occasion, ce qui se présente à notre vue comme une chose de première nécessité, c'est de considérer l'histoire de la femme: elle est bien brève, bien pauvre et bien malheureuse. Si nous consultons les histoires anciennes, nous la voyons esclave de l'homme ce n'est point un être à qui Dieu à donné la vie par un souffle céleste, c'est une chose qui appartient à son époux, c'est le premier et le plus malheureux esclave de son maître. Que pouvait attendre la femme des peuples barbares qui avaient une connaissance plus qu'imparfaite de Dieu, aucune, pour ainsi dire, de leurs devoirs, pour qui le flambeau de la tradition n'était arrivé qu'éteint ou sans chaleur? Rien..... je dis mal: Malheur et malheur, et tout malheur... En effet, les Gaulois, les Germains, les Celtibères, tous les peuples, hormis un bien petit nombre d'heureux en comparaison des autres, se trouvaient dans la situation la plus cruelle par suite des guerres terribles, continuelles et générales qui ravageaient la terre. Joignez à toutes ces calamités, au carnage, aux incendies, aux violences de toute espèce, les cruautés des chefs, la tyrannie des souverains et les injustices qui en sont la suite, et vous n'aurez qu'une faible idée de tant de malheurs. Cependant la marche rapide des événements ne permettait peut-être pas à la bonne volonté de faire mieux.

Si nous considérons ce qui devait arriver dans ces guerres fameuses des temps anciens, dans ces

irruptions ignorées par l'histoire des temps barbares, nous connaîtrons que la femme n'avait pas même le loisir d'être malheureuse. Oh! que son état devait être triste! souffre-douleur de l'homme et non pas sa compagne Souffre-douleur d'un être infiniment malheureux, tu ne pouvais pas moins que d'être malheureuse sans terme! C'est ce que nous trouverons si nous regardons l'humanité dans son effrayante vérité; ce que nous trouverons si nous laissons de côté quelques coins de la terre que le lecteur superficiel peut considérer comme heureux. En effet si nous passons à Rome, nous trouverons dans les Tarquins des mœurs féroces; dans la république des guerres et des dissensions sans terme. Marius et Sylla font frémir l'humanité; César mérita qu'on l'appelât omnium mulierum virum, et omnium virorum mulierem, dans le même temps qu'il pensait à se faire accorder le droit de pouvoir prendre pour épouse la femme ou les femmes qui lui plairait. On connaît les mœurs d'Auguste, qui mérita que l'oracle lui répondît qu'aux hommes heureux les enfants leur naissaient après trois mois de mariage.

Cependant ces hommes eurent des vertus; on peut dire dans un certain sens de grandes vertus. Mais qui peut lire sans horreur la vie des Tibère, des Caligula et des Néron ? Il n'y que Claude qui put prétendre, à force de faiblesse de caractère, à l'honnêteté : mais sa Messaline et son ave, imperator, morituri te salutant en font un monstre inexplicable.

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