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ni canons ni affûts; les breches d'Ath ne sont pas encore réparées; tous les remparts sous lesquels on avoit essayé mal-à-propos de creuser des souterrains, en soutenant la terre par des étaies, sont enfoncés, et on ne songe pas même qu'il soit question de les relever. Les soldats sont tout nuds, et mendient sans cesse ; ils n'ont qu'une poignée de ces gueux; la cavalerie entiere n'a pas un seul cheval. M. l'électeur voit toutes ces choses; il s'en console avec ses maîtresses, il passe les jours à la chasse, il joue de la flûte, il achete des tableaux, il s'endette, il ruine son pays, et ne fait aucun bien à celui où il est transplanté; il ne paroît pas même songer aux ennemis qui peuvent le surprendre.

J'oubliois de vous dire qu'il me demanda d'abord et dans la suite encore plus de nouvelles de M. le duc de Berri que des autres princes. Je lui dis beaucoup de bien de celui-là ; mais je réservai les plus grandes louanges pour M. le duc de Bourgogne, en ajoutant qu'il avoit beaucoup de ressemblance avec madame la dauphine. Dieu veuille que la France ne soit point tentée de se prévaloir de la honteuse et incroyable misere de l'Espagne !

TOME III.

M4

LETTRE

· A M. L'ÉLECTEUR DE COLOGNE.

MONSEIGNEUR,

Il ne m'appartient nullement de parler des affaires générales, elles sont trop au-dessus de moi, j'en ignore absolument l'état; je me contente de prier Dieu tous les jours pour leur succès sans avoir aucune curiosité sur ce qui se passe. Mais votre altesse sérénissime électorale veut que je prenne la liberté de lui répondre sur la question qu'elle me fait l'honneur de me confier, et je vais lui obéir simplement. Il me semble, monseigneur, que le grand intérêt de votre maison est de conserver ses anciens états au centre de l'empire. La maison d'Autriche peut finir tout-à-coup: alors votre maison se trouvera naturellement à la tête du parti catholique, si elle est rétablie au milieu de l'Allemagne. C'est une espérance assez prochaine, et qui peut mettre toutà-coup votre maison au comble de la grandeur. Vos églises donnent un grand avantage à votre maison pour la mettre à la tête des catholiques : mais si votre maison n'avoit plus ses états au centre de l'empire, on commenceroit à la regarder comme une maison

LETTRE A M. L'ÉLECT. DE COLOGNE. 643

devenue étrangere au corps germanique; et les grands établissements de votre altesse électorale se trouveroient inutiles pour votre maison. Je ne sais point ce qu'on offre à son altesse électorale de Baviere en la place de ses anciens états; mais je crains que ce qu'on lui offrira en compensation n'ait plus d'éclat que de solidité et de revenu liquide. J'avoue qu'il doit être naturellement touché d'un titre de roi; mais ne peutil pas l'avoir sans renoncer à ses anciens états? J'avoue que la Baviere, sans le haut Palatinat, est un corps démembré; mais s'il faut souffrir cette perte, je compte encore pour beaucoup la Baviere pour mettre votre maison à la tête du corps germanique quand le parti catholique voudra prévaloir sur le protestant. Il vous est capital, si je ne me trompe, de demeurer dans l'empire pour en devenir le chef. Après ces réflexions proposées au hasard et par pure obéissance, j'ajoute, monseigneur, que vous ne pouvez mieux faire que de confier vos intérêts au roi: il est touché du zele avec lequel vos altesses électorales ont soutenu si noblement leur alliance. Sa majesté aime vos intérêts, elle sait mieux que personne ce qu'elle peut faire. Vous ne voulez ni empêcher ni retarder la paix générale de l'Europe, qui est si nécessaire à toutes les puissances. Ainsi ce qui vous convient est de prendre vos dernieres résolutions

avec sa majesté. Pour moi je prie Dieu tous les jours afin qu'il bénisse votre voyage. Vos intentions sont droites; vous voulez le bien de vos églises et de votre maison, qui est si nécessaire au soutien de la catholicité. Son altesse électorale de Baviere n'a point d'autre intérêt que le vôtre, ni vous d'autre que le sien j'espère que vous ne serez ensemble qu'un cœur et qu'une ame dans la décision que vous allez faire. Rien ne peut jamais surpasser le profond res‐ pect et le zele avec lequel vous sera dévoué le reste de sa vie,

:

MONSEIGNEUR,

de votre altesse sérénissime électorale,

le très humble et très obéissant serviteur.

Cambrai, 8 mars 1713.

A M. L'ÉLECTEUR DE COLOGNE.

MONSEIGNEUR,

C'est avec la plus vive reconnoissance que j'ai reçu la dernière lettre que votre altesse électorale m'a fait l'honneur de m'écrire. Que puis-je faire pour mériter tant de bontés? sinon vous obéir en vous parlant avec toute la liberté et toute la simplicité que vous exigez de moi.

Le pape agit en vicaire de Jésus-Christ, qui porte dans son cœur la sollicitude pastorale de toutes les églises. Il voit les maux que plusieurs vastes dioceses souffrent ; des troupeaux innombrables y sont errants et y périssent tous les jours, faute de vrai pasteur; les petits demandent du pain et il n'y a personne pour le leur rompre. Si chacun de ces grands dioceses qui auroient sans doute besoin d'être partagés en plusieurs avoit au moins un bon évêque, cet évêque dépenseroit peu à son église et travailleroit beaucoup pour elle; il porteroit le poids et la chaleur du jour; il défricheroit le champ du Seigneur de ses propres mains, à la sueur de son visage; il arracheroit les ronces et les épines qui étouffent le

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