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C'est l'égalité de ces deux mesures et la liberté qu'avait le poète de les combiner à son gré, c'est là, dis-je, ce qui faisait de l'hexamètre le plus harmonieux de tous les vers; aussi était-il consacré à la poésie héroïque.

Les pieds du pentamètre et de l'asclépiade sont tous, comme ceux de l'hexamètre, des mesures à quatre temps, Mais dans l'un et l'autre il y avait une césure à l'hémistiche; et à la fin du pentamètre une autre syllabe en suspens.

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Le vers iambique, tout composé de mesures inégales, était le plus irrégulier et le plus approchant de la prose: car non-seulement il était entremêlé de spondées et d'iambes,

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mais à ses pieds impairs il recevait le dactyle, ou l'anapeste, ou les trois brèves à la place de l'iambe; et cette marche libre et variée l'avait fait préférer pour la poésie dramatique.

Mais ce qui est une énigme pour notre oreille,

c'est que les vers employés dans l'ode, et qu'on appelait vers lyriques, étaient aussi presque tous composés de mesures inégales, comme les vers de Sapho et d'Alcée. Voyez STROPHE.

Dans la basse latinité, lorsqu'on abandonna le vers métrique, c'est-à-dire, le vers mesuré prosodiquement, pour le vers rhythmique, beaucoup plus facile, parce que la prosodie n'y était plus observée, et qu'il suffisait d'en compter les syllabes sans nul égard à leur valeur; les poètes sentirent que des vers privés du nombre avaient besoin d'être relevés par l'agrément des consonnances de là l'usage de la rime, introduit dans les langues modernes, adopté par les Provençaux, les Italiens, les Français, et par tout le reste de l'Europe.

On vient de voir que dans le vers métrique régulier la mesure est constamment la même, tandis que le nombre des syllabes varie. Un hexamètre, composé de cinq dactyles et d'un spondée, est un vers de dix-sept syllabes, tandis qu'un hexamètre, composé de cinq spondées et d'un dactyle, n'en a que treize.

On peut voir de même que, quel que fût le nombre des syllabes et le mélange des deux pieds, la mesure du vers était inaltérable.

Panditur interea domus omnipotentis olimpi...
Luctantēs vēniōs tēmpēstātēsque sonōrās...
Silvēstrēm tenui mūsām měditāris ǎvēnā...
Illǎ věl intactae segētīs pēr summă võlārēt....

Au contraire, nos vers rhythmiques ont tous, à l'élision près, le même nombre de syllabes; et entre mille, il n'y en a pas deux de suite dont la mesure soit égale, à compter le nombre des temps.

Nos vers réguliers sont de douze, de dix, de huit ou de sept syllabes; c'est ce qu'on appelle mesure. Le vers de douze est coupé par un repos après la sixième; et le vers de dix, après la quatrième: le repos doit tomber sur une syllabe sonore; et le vers doit tantôt finir par une sonore, tantôt par une muette: c'est ce qu'on appelle cadence. Toutes les syllabes du vers, excepté la finale muette, doivent être sensibles à l'oreillle; et c'est ce qu'on appelle nombre.

La syllabe muette est celle qui n'a que le son de cet e faible qu'on appelle muet ou féminin; c'est la finale de vie et de flamme. Tout autre voyelle a un son plein.

Dans le cours du vers l'e féminin n'est admis sans élision qu'autant qu'il est soutenu d'une consonne, comme dans Rome et dans gloire. S'il est seul, san's articulation, comme à la fin de vie et d'année, il ne fait pas nombre, et l'on est obligé de placer après lui une voyelle qui l'élide, comme vi'active, anné'abondante.

On peut élider l'e muet final, quand même il est articulé et soutenu d'une consonne; mais on n'y est pas obligé. Gloire durable, et 'gloir'éclatante, sont au choix du poète.

Si l'on veut que l'e muet articulé fasse nombre, il faut éviter qu'il soit suivi d'une voyelle; comme si l'on veut qu'il s'élide, il faut qu'une voyelle initiale lui succède immédiatement. Dans la liaison, d'hommes illustres, l'e muet d'hommes ne s'élide point; I's finale y met obstacle.

Le repos de l'hémistiche ne peut tomber que sur une syllabe pleine. Si donc le mot finit par une syllabe muette, elle doit s'élider, et l'hémistiche s'appuyer sur la syllabe qui la précède.

Il n'y a d'élision que pour l'e muet; la rencontre de deux voyelles sonores s'appelle hiatus, et l'hiatus est banni du vers. Je crois avoir prouvé qu'on a eu tort de l'en exclure. Quoi qu'il en soit l'usage a prévalu. Voyez HIATUS.

Le repos de l'hémistiche est une suspension dans le sens: mais la plus légère y suffit; et pourvu qu'il n'y ait pas une continuité absolue, c'en est assez. Ainsi, entre le nominatif et le verbe, entre le verbe et son régime, entre le substantif et son adjectif, entre deux termes comparés ou relatifs l'un à l'autre; la suspension est assez sensible, si la voix y peut faire la plus petite patise. C'est même un art que de ménager de temps en temps, dans la coupe du vers, des repos plus marqués que le repos de l'hémistiche. Voyez ALEXANDRIN. J'ai dit que la finale du vers est tour - à - tour sonore et muette. Le vers à finale sonore s'appelle masculin: les Anglais le nomment vers à rime simple; et les Italiens, vers tronqué. Le vers

à la finale muette s'appelle féminin; les Anglais et les Italiens le nomment vers à rime double. Dans les vers français la finale muette est plus faible que dans le vers italien mais l'une est aussi brève que l'autre, et c'est de la durée, non de la qualité des sons, que résulte le nombre du vers. Voyez MUET.

Cette finale sur laquelle la voix expire, n'étant pas assez sensible à l'oreille pour faire nombre, on la regarde comme superflue, et on ne la compte pas. Le vers féminin, dans toutes les langues, a donc le même nombre de syllabes que le vers masculin, et de plus sa finale muette ou brève.

Les vers masculins sans mélange auraient une marche brusque et heurtée ; les vers féminins sans mélange auraient de la douceur, mais de la mollesse. Au moyen du retour alternatif ou périodique de ces deux espèces de vers, la dureté de l'un et la mollesse de l'autre se corrigent mutuellement ; et la variété qui en résulte, est, je crois, un avantage de notre poésie sur celle des Italiens, dont la finale est toujours faible, excepté dans les vers lyriques.

On a voulu jusqu'à présent que la tragédie et l'épopée fussent rimées par distiques, et que ces distiques fussent tour-à-tour masculins et féminins. On a permis les rimes croisées au poème lyrique, à la comédie, à tout ce qu'on appelle poésies familières et poésies fugitives. Ainsi la gêne et la monotonie sont pour les longs poèmes, et les

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