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timerem! d'Andromaque, et cette réponse, encore plus belle, de la Mérope de Maffei :

O Cariso, non avrian gia mai gli dei

Cio commendato ad una madre.

Dans un voyage de Pinto, je me souviens d'avoir lu ce récit terrible d'un naufrage, « Au milieu d'une nuit orageuse, nous aperçûmes, ditil, à la lueur des éclairs, un autre vaisseau qui, comme nous, luttait contre la tempête; tout à coup, dans l'obscurité, nous entendîmes un cri épouvantable; et puis nous n'entendîmes plus rien que le bruit des vents et des flots. »

Quelquefois même le sublime se passe de paroles; la seule action peut l'exprimer : le silence alors ressemble au voile qui, dans le tableau de Thimante, couvrait le visage d'Agamemnon; ou ces feuillets déchirés par la muse de l'Histoire, dans le fameux tableau de Chantilly. C'est par le silence que, dans les enfers, Ajax répond à Ulysse, et Didon à Énée; et c'est l'expression la plus sublime de l'indignation et du mépris. Cela prouve que le sublime n'est pas dans les mots : l'expression y peut nuire sans doute, mais elle n'y ajoute jamais. On dira que plus elle est serrée, plus elle est frappante: j'en conviens; et l'on en doit conclure que la précision est du style sublime, comme du style énergique et pathétique en général : mais la précision n'exclut pas les gradations, les développements, qui font eux-mêmes

quelquefois le sublime. Lorsque les idées présentent le plus haut degré concevable d'étendue et d'élévation, et que l'expression les soutient, ce n'est plus un mot qui est sublime, c'est une suite de pensées, comme dans cet exemple: << Tout ce que nous voyons du monde n'est qu'un trait imperceptible dans l'ample sein de la nature; nulle idée n'approche de l'étendue de ses espaces; nous avons beau enfler nos conceptions, nous n'enfantons que des atomes au prix de la réalité des choses ; c'est une sphère infinie dont le centre est partout, la circonférence nulle part (PASCAL).

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On cite comme sublime, et avec raison, le Qu'il mourût du vieil Horace; mais on ne fait pas réflexion que ces mots doivent leur force à ce qui les précède; la scène où ils sont placés est comme une pyramide dont ils couronnent le sommet. On vient annoncer au vieil Horace que, de ses trois fils, deux sont morts et l'autre a pris la fuite; son premier mouvement est de ne pas croire que son fils ait eu cette lâcheté :

Non, non, cela n'est point; on vous trompe, Julie :
Rome n'est point sujette, ou mon fils est sans vie.

Je connais mieux mon sang, il sait mieux son devoir.

On l'assure, que, se voyant seul, il s'est échappé du combat; alors à la confiance trompée succède l'indignation :

Et nos soldats trahis ne l'ont point achevé !

Camille, présente à ce récit, donne des larmes à ses frères.

HORACE.

Tout beau, ne les pleurez pas tous ;
Deux jouissent d'un sort dont leur père est jaloux.
Que des plus nobles fleurs leur tombe soit couverte;
La gloire de leur mort m'a payé de leur perte.....
Pleurez l'autre ; pleurez l'irréparable affront
Que sa fuite honteuse imprime à notre front;
Pleurez le déshonneur de toute notre race "

Et l'opprobre éternel qu'il laisse au nom d'Horace.

JULIE.

Que vouliez-vous qu'il fit contre trois?

ПОРАСЕ.

Qu'il mourut.

Ce qui est sublime dans cette scène, ce n'est pas seulement cette réponse, c'est toute la scène, c'est la gradation des sentiments du vieil Horace, et le développement de ce grand caractère, dont le Qu'il mourút n'est qu'un dernier éclat.

On voit, par cet exemple, ce qui distingue les deux genres du sublime, ou plutôt ce qui les réunit en un seul.

On attache communément l'idée du sublime à la grandeur physique des objets, et quelquefois elle y contribue; mais ce n'est que par accident et en vertu de nouveaux rapports, ou d'un caractère singulier et frappant que l'imagination ou le sentiment leur imprime; leur point de vue habituel n'a rien d'étonnant ni pour l'ame ni pour

l'imagination; la familiarité des prodiges mêmes de la nature les a tous avilis; et dans une description qui réunirait tous les grands phénomènes du ciel et de la terre, il serait très sible qu'il n'y eût pas un mot de sublime.

pos

Ce qui, du côté de l'expression, est le plus favorable au sublime, c'est l'énergie et la précision; ce qui lui répugne le plus, c'est l'abondance et l'ostentation des paroles.

En éloquence, on a distingué le sublime, le simple, et le tempéré, ou, comme disaient les Grecs, l'abondant, le grele, et le médiocre. Dans l'un, se déploient toutes les pompes de l'éloquence; dans l'autre, c'est le langage nu de la raison et du sentiment; dans le troisième, une beauté noble et modeste, une parure ménagée et décente. Au premier appartient la grandeur des pensées, la majesté de l'expression, la véhémence, la fécondité, la richesse, la gravité, les grands mouvements pathétiques; tantôt avec une austérité triste, une âpreté sauvage et dédaigneuse de toute espèce d'élégance; tantôt avec un soin industrieux de polir, d'arrondir les formes du discours. Nam et grandiloqui, ut ita dicam, fuerunt, cum ampla et sententiarum gravitate et majestate verborum, vehementes, varii, copiosi, graves, ad permovendos et convertendos animos instructi et parati : quod ipsum alii aspera, tristi, horrida oratione, neque perfecta, neque conclusa ; alii lævi et instructa et terminata. (CIC. Orat.)

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Le second s'attache au contraire à la finesse, à la justesse d'une expression châtiée et subtile, où les mots pressent la pensée et la rendent avec clarté : satisfait de tout éclaircir, il n'amplifie et n'agrandit rien et dans ce genre, les uns déguisent leur adresse sous un air d'ignorance et de grossièreté; les autres, pour cacher leur indigence, affectent un air d'enjouement, et se parent de quelques fleurs. Et contra tenues, acuti, omnia docentes, et dilucidiora, non ampliora, facientes, subtili quadam et pressa oratione limati; in eodemque genere alii callidi, sed impoliti, et consulto rudium similes et imperitorum; alii in eadem jejunitate concinniores, id est, faceti, florente setiam, et leviter ornati, (Cic. Orat.)

Le troisième n'a ni la force et l'élévation du premier, ni la subtilité du second; il participe de l'un et de l'autre ; et d'un cours uni et soutenu, il coule sans rien avoir qui le distingue que la facilité et que l'égalité; seulement çà et là il se permet quelques reliefs dans l'expression et dans la pensée, dont il se fait de légers ornements. Est autem quidam interjectus, inter hos medius, et quasi temperatus, nec acumine posteriorum, nec fulmine utens superiorum, in neutro excellens, utriusque particeps..., isque uno tenore, ut aiunt, in dicendo fluit, nihil afferens præter facilitatem et æquabilitatem... omnemque orationem ornamentis modicis verborum sententiarum

que distinguit. ( Cic. Orat.)

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