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Horace, dans ses odes, semble s'être joué nonseulement à les imiter tour-à-tour, en employant les vers qu'ils avaient inventés, mais à mêler ces vers de vingt manières différentes, en leur associant tantôt l'iambe, et tantôt l'héroïque : il les a même décomposés ; et de leurs éléments il a fait à son gré de nouvelles combinaisons, pour en varier l'harmonie.

Cependant, ni toutes les odes d'Horace ne sont écrites en vers mêlés, ni elles ne sont toutes divisées en strophes.

Il y en a trois en vers asclépiades sans mélange, et sans autres divisions que les repos mêmes du sens. Il y en a trois encore en une espèce de vers alcaïques, qui ne diffèrent de l'asclépiade que par un choriambe-, intercalé après la césure.

Comme cet article est expressément destiné aux jeunes gens curieux de connaître le mécanisme de la poésie ancienne, je crois devoir pour eux en figurer les éléments.

Vers asclépiade.

Gēns hūmānă ruit pēr větĭtūm něfās.

Grand alcaïque.

Seu plūvēs hiĕmēs, seu tribuit Jupiter ultimăm.

Horace a de plus un grand nombre d'odes qui semblent coupées en distiques, et qui cependant ne le sont pas. Elles sont composées chacune de

Élém. de Littér. IV.

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deux espèces de vers, alternativement croisés et comme accouplés l'un à l'autre ; mais vainement y chercherait-on des divisions régulières et marquées par des repos.

Il est bien vrai que par la coupe du dialogue l'ode Donec gratus eram tibi, est divisée en parties égales; il est vrai aussi que dans les odes, Mater sæva cupidinum... Intermissa Venus diu, et dans quelques autres encore, la même coupe est observée; mais dans les odes, Sic te diva potens Cypri... Quem tu, Melpomene semel... Quantum distet ab Inacho... Intactis opulentior... Quo me, Bacche rapis, etc., les espaces et les repos n'ont plus aucune symétrie.

Quem tu, Melpomene, semel
Nascentem placido lumine videris,
Illum non labor Isthmius,
Clarabit pugilem; non equus impiger

Curru ducet Achaico

Victorem ; neque res bellica Deliis

Ornatum foliis ducem,

Quod regum tumidas contuderit minas,
Ostendet Capitolio:

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Dans cette continuité de sens, dont le repos n'est qu'au douzième vers, on voit une période soutenue et développée, mais nullement cette coupe en distiques dont les érudits ont parlé.

Dans Horace, les seules de ses odes qui soient

réellement divisées en strophes, sont celles où la période est composée de quatre vers d'espèce différente, mais les mêmes dans leur retour, et toujours combinés de même. Ces odes sont au nombre de soixante-dix-neuf, et de quatre formes diverses.

Dans les unes, la strophe est celle de Sapho, composée de trois saphiques et du petit vers adonique.

O decus Phōebi, ēt dăpĭbūs sŭprēmi
Grātă testūdō Jovis, ō lăbōrūm

Dulcē lēnimën, mihi cunque salvě
Ritě vocanti.

Celles-là sont au nombre de vingt-six, et c'est le rhythme du Carmen sæculare.

Dans quelques autres, ce sont deux vers asclépiades, un vers hémihexamètre et un glyconique.

Vītās binnŭleo mě similis, Chloe,
Quærenti păvidām mōntibus inviis
Mātrēm, non sině vānō

Aurarum et silvãe mětu.

Celles-ci sont au nombre de sept ; et le rhythme en est agréable.

D'autres sont composées de trois asclépiades et d'un glyconique. Elles sont au nombre de neuf, et rien de plus harmonieux.

Quanto quisque sibi plură něgāvěrīt,

A dis plūră fĕrēt. Nil cupientium

Nūdus căstră pěto; et transfugă divitūm
Pārtēs linquere gestio.

Mais la forme qu'Horace paraît avoir le plus aimée, et qui lui est la plus familière, est celle où deux vers alcaïques, divisés comme l'asclepiade, et terminés de même, mais ayant une ïambe, -, à la place du premier dactyle, sont suivis d'un vers iambique de quatre pieds et demi, et d'un alcaïque formé de deux dactyles et de deux chorées.

Fortes creantur förtibus et bonis :
Est in juvencis, est in equis pătrům
Virtus; něc imbellēm ferōcēs

Progěněrant équilãe columbām.

ང་ ་

Ces odes sont au nombre de trente-sept. Le rhythme en est majestueux, et le poète y a rẻpandu les pensées et les images avec la plus riche abondance. Ainsi, dans les odes d'Horace, la strophe est composée de quatre façons différentes; et avec la plus légère attention de l'oreille, on en distinguera le rhythme.

Il en sera de même des odes en distiques; et si parmi les formes qu'Horace leur a données, il en est quelques-unes dont l'harmonie n'est pas sensible à notre oreille, le plus grand nombre a pour nous encore une cadence assez marquée : celles', par exemple, qui sont mêlées d'un vers glyconique et d'un asclepiade:

Virtutem incolumem odimus;

Sublatam ex oculis quærimus invidi.

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Celles aussi qui sont composées d'un hexametre

et d'un fragment d'hexamètre :

Mista senum ac juvenum densantur funera : nullum
Sæva caput Proserpina fugit.

Ou d'un hexamètre et de son premier hémistiche en dactyles :

Immortalia ne speres monet annus', et a lmum

Quæ rapit hora diem.

Ou d'un vers iambique de six mesures, et d'un vers iambique de quatre :

Videre fessos vomerem inversum boves

Collo trahentes languido.

Ou d'un hexamètre, et d'un iambique de quatre pieds :

Nox erat, et cœlo fulgebat luna sereno,.

Inter minora sidera.

Ou d'un hexamètre, et d'un iambique pur:

Barbarus, heu! cineres insistet vistor, et urbem
Eques sonante verberabit ungulá.

Mais ce qui ne laisse pas d'être une énigme pour nous, et ce qui nous semble une négligence inexplicable dans un poète aussi attentif et aussi habile qu'Horace, à donner à ses vers lyriques tous les charmes de l'harmonie; c'est de voir, même dans les odes qu'il a divisées en quatrains, le sens enjamber à tout moment d'une strophe.

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