Vous avez vu tomber les plus illustres têtes, Non, non, (ROUSSEAU.) Cet enlacement est celui que Malherbe et Rousseau, dans la stance de six vers, ont le plus fréquemment employé, comme le plus harmonieux. Les autres coupes du sixain ont été comme rebutées ; et la dernière est la seule qu'on trouve dans Rousseau, encore n'est-ce qu'une fois : Renonçons au stérile appui Des grands qu'on implore aujourd'hui : N'est qu'un simulacre frivole; Et les solides biens ne dépendent pas d'eux. Stances de sept vers. La stance de sept vers est composée d'un quatrain et d'un tercet, en sorte que l'une des deux rimes de la première partie est redoublée dans la seconde. F, m, m, f; m, f, m. L'hypocrite, en fraudes fertile, Le fiel que sa bouche distille ; Est moins aiguë et moins subtile Que le venin caché que sa langue répand. (ROUSSEAU.) Dans la troisième et la huitième du troisième livre des Odes de Rousseau, l'entrelacement est encore le même; et en effet c'est la seule façon de rendre harmonieuse la stance de sept vers. Mais la coupe la plus naturelle de la stance de huit vers, est celle qui la divise en deux quatrains, ou sur des rimes redoublées, comme dans ce chœur de Cyclopes, Travaillons, Vénus nous l'ordonne. Excitons ces feux allumés, Déchaînons ces vents enfermés: ( ROUSSEAU.) ou sur deux rimes différentes, comme dans ces vers: La campagne a perdu les fleurs qui l'embellissent; De ce jeune héros, si cher à ma mémoire ? Hélas! n'a-t-il donc point assez fait pour la gloire? Et ne doit-il rien à l'amour? Elle se divise en un quatrain, et une stance de Mais l'imprudente immortelle ( ROUSSEAU.) M, f, m, f; m, m, f, m, f. Homère adoucit mes mœurs Par ses riantes images; Sénèque aigrit mes humeurs Prêche le bonheur suprême; Plus affligé que moi-même. (ROUSSEAU.) Dans le genre gracieux et badin, cette forme a quelque chose de plus libre et de plus léger que le dixain dont je vais parler tout à l'heure. Stances de dix vers. C'est ici la forme la plus harmonieuse de la stance française; elle se construit régulièrement de deux manières. F, m, f, m; f, f, m; f, f, m. F, m m, f; m, m f; m, f, m. La première est en même temps la plus symétrique et la plus majestueuse. Héros cruels et sanguinaires, De ces lauriers imaginaires (ROUSSEAU.) La seconde coupe est encore belle; mais elle n'a ni la même pompe, ni la même impulsion. On en voit un exemple dans l'ode où ce même poète nous peint les vertus d'un bon roi : Son trône deviendra l'asile Lui ravisse son héritage; Et le champ qu'il aura semé Le vers qui donne le plus de nombre et de majesté à cette grande période, c'est le vers de huit syllabes; et dans Malherbe on en voit des exemples que Rousseau n'a pas surpassés. Quelquefois même le vieux poète a je ne sais quoi de plus antique dans ses tours et dans ses mouvements, et de plus approchant de la verve d'Ho race. |