peu près la même ; et comme la moindre étendue qu'elle ait pu se donner, est celle de quatre petits vers, la plus grande est celle de dix vers de huit syllabes, ou de six vers alexandrins. (Voyez PÉRIODE.) Des distiques, accolés l'un à l'autre, ne sauraient former une stance harmonieuse; et cet exemple de Malherbe, Il n'est rien ici-bas d'éternelle durée. L'épine suit la rose; et ceux qui sont contents, cet exemple lui-même fera sentir que la rime plate soutiendrait mal le ton de l'ode, et manquerait de grâce dans les stances légères. L'oreille y veut au moins quelque entrelacement de rimes, et permet tout au plus un distique isolé à la fin de la stance, comme dans l'octave italienne: encore l'essai qu'en a fait Malherbe n'a-t-il rien de bien séduisant. Laisse-moi, raison imprudente ; Tu perds temps de me secourir, Puisque je ne veux point guérir.' Rousseau n'a pas laissé d'employer une fois cette forme de stance; mais pour donner au distique final une cadence harmonieuse, il l'a formé de deux vers héroïques. Seigneur, dans ta gloire adorable Qui pourra, grand Dieu, pénétrer Ce sanctuaire impénétrable, Où tes saints inclinés, d'un œil respectueux, En indiquant le vers masculin par une m, et le féminin par uneƒ, je vais figùrer les diverses combinaisons dont est susceptible la stance. Mais je dois faire observer d'abord que la clôture n'en est bien marquée que par un vers masculin, et qu'une désinence muette ne la termine jamais bien. Aussi, dans le haut ton de l'ode, nos poètes ont-ils évité cette cadence molle et faible. Roussean, dans ses odes sacrées, se l'est permise une seule fois : 1 Peuples, élevez vos concerts, Poussez des cris de joie et des chants de victoire. Qui vient faire éclater son triomphe et sa gloire. Et une fois dans ses odes profanes : Trop heureux qui, du champ par ses pères laissé, Sans redouter les cris de l'orphelin chassé Ce n'est que dans l'ode familière et badine, dont la grâce est la nonchalance, qu'il sied de donner à la stance ce caractère de mollesse, comme dans l'ode à l'abbé de Chaulieu : Je ne prends point pour vertu Et se sauve bien souvent Je dois faire observer encore que les poésies régulières n'admettent guère, d'une stance à l'autre, la succession de deux vers masculins ou féminins de rime différente. C'est une dissonnance qui déplaît à l'oreille; et si Malherbe se l'est permise dans des stances libres et négligées, comme dans celle-ci, Tel qu'au soir on voit le soleil Tel au matin il sort de l'onde. Les affaires de l'homme ont un autre destin: Après qu'il est parti du monde, Jupiter ami des mortels, Ne rejette de ses autels Ni requêtes, ni sacrifices, etc. ni ce poète, ni Rousseau, n'ont pris souvent cette licence dans le style pompeux de l'ode. Ils ont bien senti l'un et l'autre que la succession de deux finales du même genre et de différent son, comme matin et mortels, était déplaisante à l'o reille, et que, dans un poème qui par essence doit être harmonieux, il fallait l'éviter. Parmi les stances que je vais figurer on distinguera aisément celle qui n'ont aucun de ces deux vices, et ce seront les seules dont je donnerai des exemples. La première coupe est la seule qui convienne également à la poésie légère et à la poésie majestueuse. Votre désert est sauvage; Rencontra le beau Médor. (DESHOULIÈRES.) Combien nous avons vu d'éloges unanimes Condamnés, démentis par un honteux retour ; (ROUSSEAU.) Stances de cinq vers. Dans la stance de cinq vers l'une des deux rimes est triple, comme dans tous les nombres impairs. De ces combinaisons, les deux premières sont les seules qui conviennent à l'ode. O que ne puis-je sur les ailes (ROUSSEAU.) Pardonne, Dieu puissant, pardonne à ma faiblesse. A l'aspect des méchants, confus, épouvanté, Le trouble m'a saisi, mes pas ont hésité; Mon zèle m'a trahi, Seigneur, je le confesse, (ROUSSEAU.) Stances de six vers. Elles se divisent de deux en deux vers, rimes croisées; ou en un quatrain et un distique, ou mieux encore en deux tercets. |