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cœur ulcéré sera-t-il adouci? et on attend ce prodige ou de la vertu de Néoptolème, ou de l'éloquence d'Ulysse. Mais dans la pièce de Sophocle, ni l'une ni l'autre ne l'opère : voilà une situation avortée. Dans Cinna, Rodogune, Alzire, lorsque Emilie et Cinna sont convaincus de trahison, lorsque Zamore a tué Gusman et qu'il est pris, lorsque Antiochus a le poison sur les lèvres, on se demande, Par quels prodiges échapperont-ils à la mort? et la clémence d'Auguste, la religion de Gusman, l'idée qui se présente à Rodogune de faire faire l'essai de la coupe, viennent dénouer tout naturellement ce qui paraissait insoluble. Quant aux situations passagères, la réponse d'Émilie,

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Et qu'il choisisse après entre la mort et moi...

la réponse de Curiace,

Dis-lui que l'amitié, l'alliance, et l'amour,
Ne pourront empêcher que les trois Curiaces
Ne servent leur pays contre les trois Horaces...

la réponse de Chimène,

Malgré des feux si beaux qui troublent ma colère,
Je ferai mon possible à bien venger mon père;
Mais malgré la rigueur d'un si cruel devoir,
Mon unique souhait est de ne rien pouvoir...

la réponse d'Alzire,

Ta probité te parle, il faut n'écouter qu'elle...

sont des modèles accomplis des plus heureuses solutions.

Dans le comique, un excellent moyen de sortir d'une situation qui paraît sans ressource, c'est la ruse qu'emploie la femme de George Dandin, lorsqu'elle fait semblant de se tuer, et qu'elle réussit, par la frayeur qu'elle lui cause, à le mettre dehors et à rentrer chez elle.

Le moyen qu'emploie Isabelle dans l'École des Maris, pour empêcher Sganarelle d'ouvrir sa lettre,

Lui voulez-vous donner à croire que c'est moi?

n'est ni moins naturel ni moins ingénieux, et il est d'un plus fin comique.

Mais le prodige de l'art, pour se tirer d'une situation difficile, c'est ce trait de caractère du Tartufe:

Oui, mon frère, je suis un méchant, un coupable,

Un malheureux pécheur, tout plein d'iniquité,

Le plus grand scélérat qui jamais ait été.

Ce serait là le dernier degré de perfection du comique, si, dans la même pièce et après cette situation, on n'en trouvait une encore plus étonnante je parle de celle de la table, au-delà de laquelle on ne peut rien imaginer.

:

SOTISE OU SOTIE. Espèce de drame, qui, sur la fin du quinzième siècle et au commencement du

seizième faisait chez nous la satire des mœurs. La sotise répondait à la comédie grecque du moyen âge; non qu'elle fût une satire personnelle, mais elle attaquait les états, et plus expressément l'église. La plus ingénieuse de ces pièces est, sans contredit, celle où l'Ancien-Monde, déjà vieux, s'étant endormi de fatigue, Abus s'avise d'en créer un nouveau, dans lequel il distribue à chaque vice et à chaque passion son domaine; en sorte que la guerre s'allume entre eux, et détruit le monde qu'Abus a créé. Alors l'Ancien-Monde se réveille et reprend son train.

Dans cette satire, le clergé n'est point épargné; il l'est encore moins dans la sotie du NouveauMonde, dont les personnages sont Pragmatique, Bénéfice-Grand, Bénéfice-Petit, Père-Saint, le Légat, l'Ambitieux, etc. Bénéfice-Grand, à qui l'on fait violence pour se livrer à l'Ambitieux, se met à crier plaisamment, volens nolo, nolens volo.

Mais la plus célèbre de toutes les soties est celle de Mère sote, composée et représentée par ordre exprès de Louis XII. Dans cette pièce, le prince des Sots s'informe de l'état de ses sujets. Le premier Sot lui répond:

Nos prélats ne sont point ingrats,
Quelque chose qu'on en habille :
Ils ont fait, durant les jours gras,
Banquets, beignets, et tels fracas
Aux mignonnes de cette ville.

Sote commune (le peuple) se plaint au roi des

Sots, qu'elle dépérit de jour en jour, et que l'Église enlève tout son bien. Mère Sote paraît alors, habillée par-dessous en Mère Sote, et par-dessus ainsi que l'Église. En entrant sur la scène, elle

ses

déclare à Sote Occasion et à Sote Fiance
deux confidentes, qu'elle veut usurper le tem-
porel des princes. « Disposez de moi, lui dit Sote
Fiance; je consens à éblouir le peuple par vos
amples promesses, et en cela je risque peu de
chose »>:

On dit que vous n'avez point d'honte
De rompre votre foi promise.

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Elle déclare aux prélats, sujets du prince des

Sots, que le spirituel ne lui suffit pas,

y veut joindre le temporel :

Pour jouir ainsi qu'il me semble
Tous les deux veuil mêler ensemble.

pas, et qu'elle

PLATE BOurse.

Mais gardons le spirituel ;

Du temporel ne nous mêlons.

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MÈRE SOTE.

Du temporel jouir voulons.

UN SEIGNEur.

Notre mère devient gendarme !

MÈRE SOTE.

Prélats, debout: alarme! alarme!

(Combat de prélats et de princes.)

Le prince des Sots, dans le combat, démasque Mère Sote, et la fait connaître pour ce qu'elle

est.

STANCE. En parlant de l'ode moderne, stance et strophe sont synonymes. Mais, comme dans l'article strophe je m'occuperai spécialement de la forme de l'ode antique, je distingue ici, sous le nom de stance, la coupe de l'ode française.

La stance est une période poétique symétriquement composée. Il est bien vrai qu'assez souvent elle contient plusieurs sens finis, et qu'aussi quelquefois le sens n'en est que suspendu ; mais je la prends, pour la définir, dans sa forme la plus régulière; et au gré de l'oreille comme au gré de l'esprit, la stance la mieux arrondie est celle dont le cercle embrasse une pensée unique, et qui se termine comme elle et avec elle par un plein repos.

J'ai dit quelle était la mesure de la période oratoire. (Voyez PÉRIODE.) Celle de la stance est à

Élém. de Littér. IV.

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