Après avoir vaincu mille peuples divers, Quand on ne voit plus rien qui se puisse défendre, La paix à l'univers ! LA DISCORDE. O cruel esclavage! Je ne verrai donc plus de sang et de carnage? Ait triomphé de son courage ? Faut-il qu'il ne laisse à ma rage Rien à dévorer que mon cœur ! Dans le prologue de Persée, c'est la Vertu et la Fortune qui se réconcilient en faveur de Louis XIV. LA FORTUNE. Effaçons du passé la mémoire importune, J'ai toujours contre vous vainement combattu, D'être en paix avec la Vertu. LA VERTU. Ah! je le reconnais sans peine ; LA FORTUNE.` Lui seul pour vous pouvait vaincre ma haine : Je l'aime constamment, moi qui suis si légère : Et vous êtes toujours Ses plus chères amours. LA VERTU. Mes biens brillent moins que les vôtres ; LA FORTUNE. i Vous régnez sur un cœur qui vaut seul tous les autres. LA VERTU. Son grand cœur s'est mieux fait connaître ; Il préfère, au bonheur d'en devenir le maître, (Ensemble.) Sans cesse combattons à qui servira mieux Dans le prologue de Phaeton, c'est le retour de l'âge d'or. SATURNE. Un héros qui mérite une gloire immortelle, Son auguste sang s'éternise; Il voit combler ses vœux par un héros naissant: Tout doit être sensible au plaisir qu'il ressent. L'Envie en vain frémit de voir les biens qu'il cause; Além. de Littér. IV. 44 1 Une heureuse paix est la loi Dans le temps même qu'il repose. Dans le prologue d'Armide, c'est la Gloire et la Sagesse qui se disputent à qui l'aime le mieux. C'est vous qui partagez avec moi son grand cœur. Qu'un vain désir de préférence N'altère point l'intelligence Que ce héros entre nous veut former; Dans le prologue d'Amadis, le plus ingénieux de tous, l'éloge de Louis XIV semblait plus difficile à amener ; et le poète l'y a fait entrer d'une façon plus adroite encore et plus naturelle que dans tous les autres. C'est le réveil d'Urgande et de sa suite après un long enchantement : URGANDE. Lorsqu'Amadis périt, une douleur profonde Un charme assoupissant devait fermer nos yeux, ALQUIF. Ce héros triomphant veut que tout soit tranquille. D'un mot, Il sait rendre à son gré leur fureur inutile. (Ensemble.) C'est à lui d'enseigner Aux maîtres de la terre Le grand art de la guerre ; Le grand art de régner. J'ai recueilli ces traits, parce qu'ils sont mis en oubli, que ces prologues n'ont plus lieu, et que personne ne s'avise guère de les lire, persuadé, comme on l'est, qu'ils ne sont pleins que de fades louanges et de petits airs douce reux, On y peut voir que', de tous les flatteurs de Louis XIV, Quinault a été le moins coupable, puisqu'en le louant à l'excès du côté de la gloire des armes, il n'a cessé de mettre au-dessus de cette gloire même la magnanimité, la clémence, la justice, et l'amour de la paix, et que, les lui attribuer comme ses vertus favorites, c'était du moins les lui recommander. Depuis qu'on a inventé l'opéra-ballet, c'està-dire un spectacle composé d'actes détachés quant à l'action, mais réunis sous une idée collective, comme les sens, les éléments, le prologue leur a servi de frontispice commun : c'est ainsi que le débrouillement du chaos fait le prologue du ballet des Éléments; et le début de ce prologue est digne d'être cité pour modèle à côté de ceux de Quinault: Les temps sont arrivés: cessez, triste chaos. Tencz-les enfermés chacun dans son empire. PROSAÏQUE. Vers prosaïque. Style prosaïque. Dans la très haute poésie, il est aisé de distinguer un vers prosaïque, et d'en indiquer le |