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L'homme de goût le plus sévère aurait bien. de la peine à ne pas rire d'une semblable gaieté.

PORTRAIT. Description de la figure où du caractère d'une personne, quelquefois de l'une et de l'autre. Lorsque c'est une espèce d'hommes que l'on peint, comme l'avare, le jaloux, l'hypocrite, la prude, la coquette, ce n'est plus un portrait, c'est un caractère; et c'est là ce qui distingue la satire permise, de la satire qui ne l'est pas. La Bruyère fut accusé d'avoir fait des portraits: il n'avait fait que des caractères; mais la malignité, en les appliquant et en calomniant le peintre, avait deux plaisirs à la fois. Voyez ALLUSION, SATIRE.

La poésie, l'éloquence, et l'histoire, sont également susceptibles de cette sorte de peinture; il faut seulement observer que leur manière n'est pas la même.

J'ai déjà dit qu'en poésie, et singulièrement dans le poème héroïque, l'art de peindre est l'art d'esquisser avec esprit, et de laisser à l'imagination le plaisir d'achever l'image. De tous les poètes épiques, l'Arioste est le seul qui se soit amusé à finir un portrait, celui de la beauté d'Alcide; le ton libre et badin de son poème l'a permis. Mais ni Homère, ni Virgile, ni le Tasse n'ont peint la figure que par esquisse et d'un trait rapide; l'intérêt dominant de l'action ne leur

a pas laissé le loisir de peindre en détail. Voyez ESQUISSE.

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Dans des poésies dont le sujet, moins vaste, moins sérieux, moins entraînant, permet au poète de s'égayer ou de se reposer sur un objet unique, un portrait fini sera placé, s'il est intéressant.

Dans l'élégie ou dans l'églogue, l'amant, occupé de sa maîtresse, peut naturellement s'en retracer les charmes et n'en rien oublier. De même, lorsque la nature du poème exige qu'un objet allégorique soit décrit, comme dans les Métamorphoses, le poète ne saurait mieux faire que de rendre l'idée sensible aux yeux : alors peindre, c'est définir. Virgile aura dit en passant, malesuada fames; Ovide décrira ce que n'a fait qu'indiquer Virgile.

Hirtus erat crinis, cava lumina, pallor in ore, etc.

Ovide aura décrit l'Envie :

Pallor in ore sedet, macies in corpore toto,
Nusquam recta acies, livent rubigine dentes;
Pectora felle virent, lingua est suffusa veneno;
Risus abest, nisi quem visi movere dolores, etc.

Voltaire, en passant, touchera quelques traits de

ce même vice :

Là gît la sombre Envie, à l'œil timide et louche,
Versant sur des lauriers les poisons de sa bouche:
Le jour blesse ses yeux dans l'ombre étincelants;
Triste amante des morts, elle hait les vivants.

pas

Il n'en est absolument du caractère comme de la figure s'il est curieux, intéressant et d'une singularité rare, le poète épique lui-même se donnera le soin de le développer.

Tel est, au second livre de la Pharsale, le portrait du stoïcien dans la personne de Caton.

.Hi mores, hæc duri immota Catonis

Secta fuit: servare modum, finemque tenere,
Naturamque sequi, patriæque impendere vitam, etc.

Le genre où l'on est le plus souvent tenté de faire des portraits, c'est le comique; et c'est là justement qu'il faut en être le plus sobre: rien de plus contraire à la vivacité du dialogue et de l'action. J'ai vu le temps où nos comédies étaient des galeries de portraits; et avec de l'esprit, cela faisait d'assez.mauvaises comédies. Quand Molière a voulu prévenir les reproches des faux dévots, il a tracé, dans le premier acte du Tartufe, les deux caractères opposés de la dévotion et de l'hypocrisie : le sujet, le motif, la circonstance, en valaient la peine. Lorsqu'il a voulu, dans une scène où le Misanthrope est en situation, irriter son humeur en le rendant témoin d'une conversation du monde, de celles où, selon l'usage, on médit de tous les absents, il a fait des por traits; et ceux-là sont de main de maître. Mais hors de là, c'est l'action qui peint; et jamais, dans ses comédies, les caractères annoncés ne sont dessinés en repos.

La tragédie exige quelquefois, et pour la vraisemblance et pour l'intérêt de l'action, des peintures de caractères, et cela fait partie de l'exposition; mais tout ce qui n'en est pas nécessaire à l'intelligence des faits, tout ce qui n'a aucun trait à l'action présente, doit être exclu de ces peintures; car tout ce qui est inutile est froid, fût-il d'ailleurs le plus beau du monde.

Dans tous les genres d'éloquence, un portrait peut être placé. Dans la louange et dans le blâme, rien de plus naturel. Dans la délibération, il importe encore plus de faire connaître les hommes, et par conséquent de les peindre. Dans le plaidoyer, c'est aussi très souvent par les qualités personnelles qu'on peut juger de l'intention, de la vraisemblance, de la nature même de l'action, et du degré d'indulgence ou de rigueur qu'elle mérite. Voyez PATHÉTIQUe, Péroraison, PREUVE, etc.

il a

Or, dans tous les cas où l'orateur a un grand intérêt de faire connaître une personne, droit de la peindre; et plus le portrait sera fidèle, intéressant, important à la cause, plus il aura de beauté réelle; car la beauté, en fait d'éloquence, n'est que la bonté combinée avec la force du moyen.

Enfin l'histoire est, de tous les genres, celui auquel cette manière de rassembler les traits d'un caractère et de le dessiner avec précision, semble être la plus propre et la plus familière.

Mais dans l'histoire même, lorsqu'ils sont trop fréquents, les portraits nous sont importuns. Vrais, singuliers, intéressants pour l'intelligence des faits, importants par le rôle qu'ont joué les personnes, frappants et par leur ressemblance, et par la force, la justesse, l'originalité des traits qui les composent, ils font sur nous l'impression d'une vérité lumineuse, qui répand au loin ses rayons. Mais le portrait d'un homme isolé et dont le caractère n'est d'aucune influence, n'a lui-même aucun intérêt, et ne peut être dans l'histoire qu'un ornement postiche et vain, digne tout au plus d'amuser une curiosité frivole, mais indigne d'un écrivain sage, comme d'un lecteur sérieux. La règle de l'un sera donc de ne se donner la peine de peindre que les personnes qui, par leur caractère, leurs fonctions, leurs rapports avec les faits intéressants, peuvent donner envie à l'autre de les connaître et de les voir au naturel. Par là les portraits seront rares, et ils se feront désirer.

Je croirais même, et j'en ai pour exemple tous les meilleurs historiens, que, lorsque tout un caractère se développe dans l'action même, il est assez connu par elle, et qu'il est inutile d'en résumer les traits.

Plutarque les a réunis, mais au moment du parallèle, et c'est alors qu'il est indispensable de rassembler tous les rapports.

Si cependant, à la fin d'un règne, ou de la

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