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PARISIS, apud DIDRON, in via dictà S.-Dominique-St-Germain, 23.

M. D.CCC. LVI.

€9928.56 9449.801

L'impression de ce manuscrit qui a demandé des soins, des recherches et un travail considérables, a été confiée par la Société à M. l'abbé Poquet, son secrétaire. ›

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INTRODUCTION.

La science de la liturgie catholique tend à reprendre de nos jours la place importante qu'elle occupait autrefois dans l'enseignement ecclésiastique. L'étude du moyen-âge, devenu aujourd'hui populaire, n'a pas peu contribué à provoquer cette heureuse réaction. Les archéologues modernes ont compris qu'en dehors de la connaissance des doctrines religieuses qui ont présidé aux destinées du monde pendant tant de siècles, rien n'était explicable. Sans elle, histoire, monuments, arts, mœurs, coutumes, n'offriraient souvent que des hiéroglyphes indéchiffrables. Ce n'est pas que la religion qui a fondé, développé et dirigé ce mouvement si actif, si surprenant des sociétés chrétiennes, ait jamais refusé l'interprétation de ses croyances et des chefs-d'œuvres si nombreux qu'elle avait su inspirer; car il eût suffi d'ouvrir ses livres, de feuilleter ses manuscrits, d'interroger ses productions, pour comprendre ses dogmes, sa morale, sa discipline et la richesse de ses symboles... Mais depuis soixante ans une barrière infranchissable paraissait élevée entre l'ancienne et la nouvelle société. Rien ne faisait prévoir qu'on solliciterait si tôt la révision d'un jugement qu'on disait sans appel; et cependant à mesure que les ruines s'amoncelaient de toutes parts, on s'imagina que tout n'était pas également à dédaigner dans le passé et qu'on pourrait bien y découvrir autres choses qu'une accusation mensongère et un insultant mépris. On ne se trompait pas. Tout nous montre que nous n'avons rien à perdre à ce retour vers le passé et que le faire connaître avec impartialité et sans passion, c'est presque le justifier et offrir aux hommes sérieux une mine de richesses inconnues. La Société archéologiquede Soissons partage depuis longtemps ce sentiment, et la publication qu'elle fait du Rituel de la cathédrale en est la meilleure preuve. Mais qu'est-ce que ce Rituel et quelle est sa valeur

esthétique? Telles sont les deux questions auxquelles nous allons répondre, après avoir dit un mot de la liturgie en général et du rit soissonnais en particulier.

On entend par liturgie prise dans son acception générale, l'ensemble des formules sacrées qui règlent le culte divin et principalement le saint sacrifice de la messe, qui est la liturgie par excellence. Mais comme l'ensemble et l'ordre de ces formules ou cérémonies n'ont pas toujours été appliqués ni même exprimés par les mêmes actes extérieurs, cette diversité de formules et de rites, tout en conservant l'unité dogmatique, devait occasionner cependant de nombreuses modifications dans l'exercice du culte. Aussi cette variété a-t-elle engendré dans l'église catholique plusieurs liturgies qui empruntèrent à leurs auteurs, aux peuples ou aux localités où elles furent en usage, le nom qu'elles portèrent depuis Ainsi, on distingua les liturgies de saint Jacques, de saint Pierre, de saint Marc, de saint Basile, de saint Chrisostome, les liturgies arménienne, gallicane, ambroisienne, mozarabe, qu'on peut toutes comprendre sous la dénomination générique de liturgie grecque et de liturgie latine, ou romaine, qui en sont les deux divisions importantes.

L'église de Soissons paraît avoir suivi, comme les autres églises des Gaules, la liturgic gallicane jusqu'au VIIIe siècle, époque où elle l'abandonna pour prendre la liturgie romaine de saint Grégoire Mais une remarque essentielle à faire, c'est que l'église de Soissons, tout en adoptant la liturgie romaine comme base de ses offices, ne s'en crut pas moins le droit de la modifier dans ses accessoires et d'y faire les additions que les circonstances semblaient réclamer. C'est du moins ce que l'on peut constater dans les quelques documents qui nous restent et qui remontent aux XIIe et XIIIe siècles. Le premier et le plus ancien de ces documents, est un pontifical manuscrit cité par dom Martenne, et auquel il assigne plus de six cents ans d'existence (1), ce qui en reporterait la date au commencement du XIIe siècle. Le second document est le Rituel que nous publions. Le troisième est un Missel, incomplet il est vrai, mais qui peut fournir encore de précieux renseignements (2). Or, en étudiant ces trois manuscrits qui sont presque contemporains, on s'aperçoit que l'Eglise de Soissons, quoique fidèle à l'ensemble de la Liturgie romaine, n'en essaya pas moins successivement, poussée sans doute par la nécessité des circonstances, à la faire plier aux exigences du culte particulier, et finit par établir un ordre d'offices spécial qui constitua proprement ce qu'on appellerait avec raison

(1) Suessionensis Ecclesiæ antè annos 600, manu exaratum, optimæ notæ ex bibliotheca Compendiensis S. Cornelii Monasterii. Ce manuscrit si estimé du docte Bénédictin doit se trouver aujourd'hui à la Bibliothèque impériale, qui s'est enrichie de tous les manuscrits de Saint-Corneille de Compiègne.

(2) Ce beau missel in-folio et que possède la bibliothèque de Soissons, est orné de magnifiques vignettes; mais il ne contient les messes que depuis Pâques jusqu'à l'Avent, c'est-à-dire des vingt-quatre dimanches après la Trinité.

le rit soissonnais. Il ne faut pas toutefois s'imaginer que cette manière d'interpréter la Liturgie romaine fût désavouée. Non, tant qu'elle resta dans de sages limites, elle fut au contraire hautement approuvée; et elle donna naissance, dit dom Guéranger, à cette Liturgie française si estimée pendant de longues années et adoptée dans tant de pays différents (1). C'est de cette grande et belle époque que date le Rituel que nous reproduisons et qui est aujourd'hui un des plus anciens monuments du rit soissonnais. Ceci posé, faisons connaître la valeur de notre Rituel ou cérémonial. 1o Envisagé sous le côté purement matériel, ce manuscrit, il faut le dire, est loin de faire oublier ces belles illustrations calligraphiques que l'art et la patience des moines surent enfanter au moyen-âge. Il ne faut chercher ici ni les magnifiques ivoires employés au dehors, ni les gracieuses miniatures intercalées dans le texte. Ce volume, d'une forme étroite et allongée, puisqu'il porte 40 centimètres de hauteur sur 15 de largeur et 7 centimètres d'épaisseur, est composé de 230 folios d'un parchemin assez grossier. Sa couverture, d'une date récente, aujourd'hui très-endommagée, ne se compose que d'une planche de chêne revêtue d'une basane noire ornée de compartiments carrés et de fleurs-de-lys.

Quand on examine ce manuscrit avec une certaine attention, on reconnaît sans peine qu'il doit appartenir à plusieurs époques, puisqu'on y remarque des changements d'écriture, des interpolations, des additions et des surcharges qui accusent des dates différentes. Toutefois, l'ensemble du manuscrit, paraît être de la fin du XIIe siècle ou du commencement du XIII. La preuve s'en trouverait non seulement dans la netteté et la rondeur des caractères graphiques, mais dans le texte lui-même. Car à la page 41, au Christus vincit, il y est fait mention de trois personnages importants Philippe, Isabelle et Nivelon. Or, ces trois personnages ne peuvent être que Philippe-Auguste qui régna de 1180 à 1223, Isabelle de Hainaut, sa première femme, morte en 1189, et Nivelon de Cherisy, évêque de Soissons de 1173 à 1207. Sans doute, on peut élever contre ce sentiment des objections qui ne manquent pas d'une certaine gravité. On peut dire que ce Rituel, supposant partout une Eglise complète qui ne peut être que la cathédrale actuelle, doit lui être nécessairement postérieur; de plus on peut retrouver vers le milieu du XIIIe siècle des personnages qui portent aussi le nom de Philippe, d'Isabelle et de Nivelon; d'ailleurs le plain-chant y est si pur, la notation si avancée, qu'on est surpris d'une telle perfection pour l'époque de Philippe-Auguste. Ces objections ont quelque valeur assurément; mais il nous semble facile d'y répondre.

Quelle nécessité d'abord qu'il soit question de l'Eglise actuelle dans le dispositif du Cérémonial, et pourquoi ne pas supposer qu'il s'agit ici d'une Eglise antérieure qui existait encore sinon toute entière, au moins en partie, lorsque la

(1) Institutions liturgiques. Bulletin de la Société arch. de Soissons, tom. 7, p. 55.

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