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L'archevêque de Finlande représentant l'Église grecque de Russie, l'archevêque de Cantorbéry, primat d'Angleterre, l'archevêque d'York, l'evêque de Londres, et celui de Winchester, tous vêtus de pourpre et accompagnés d'archidiacres, de diacres et de chanoines, s'étaient échelonnés sur les degrés du perron de Saint-Paul.

Soudain d'immenses acclamations éclatèrent, et tous les regards se tournèrent vers la porte de l'arène. D'innombrables flots humains, reflétant tour à tour l'argent, l'or et l'acier, des vagues vivantes nuancées d'écarlate, d'azur et de blanc, chatoyantes, ondoyantes, rutilantes, secouant dans leur marche des bannières déployées et des panaches flottants, s'avançaient, passaient, et disparaissaient pour faire place à d'autres. Tout à coup, dans un rayon de soleil déchirant les nuages qui avaient voilé le ciel depuis le matin, apparut le landau impérial où se tenait assise celle que tous les yeux voulaient voir, que tous les cœurs attendaient, et que toutes les voix voulaient acclamer, celle qui était l'objet de cette fête unique au monde, le centre d'attraction de cette immense multitude, la grande impératrice dont le triomphe jetait dans l'ombre les plus illustres triomphateurs de l'ancienne Rome.

L'enthousiasme fut indescriptible; plusieurs milliers de voix lancèrent dans l'espace l'acclamation de tout un peuple. Puis il se fit un grand silence; et soudain un chœur et un orchestre composés de sept cent cinquante exécutants, et dirigés par sir George Martin entonnèrent le Te Deum. C'était merveilleux.

Quelles émotions ce chant incomparable a dû réveiller dans le cœur de l'auguste souveraine! En ce moment où une partie de l'humanité semblait vouloir la diviniser, le chant divin la ramenait au sentiment de la réalité. Il élevait sa pensée vers le séjour de la vraie grandeur, et la mettant en face du seul vrai maître de la terre, il suggérait à son cœur et à ses lèvres l'aveu sincère de son néant :

Te æternum patrem omnis terra veneratur..
Tibi cœli et universæ potestates..

Pleni sunt cæli et terra majestatis gloriæ tuæ.

Et la grande reine traduisant pour elle-même ces versets, devait se dire:

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Oui, c'est à toi, Père éternel, que la vénération de toute la terre est

"C'est à toi qu'appartiennent les cieux et les puissances universelles... "La terre et les cieux sont remplis de la majesté de ta gloire, et non de la mienne."

Le chant fini, l'évèque de Londres, la crosse en main, debout en face de Sa Majesté, récita à haute voix la prière suivante :

"O Seigneur, Notre Père qui êtes aux cieux, nous vous rendons nos actions de grâces du fond du cœur, pour les nombreuses faveurs que vous

avez répandues sur nous pendant les soixante années du règne béni de notre gracieuse souveraine dame la reine Victoria. Nous vous remercions pour les progrès de l'homme dans la connaissance de vos œuvres admirables, pour l'accroissement du bien-être général dans la vie humaine, pour les relations plus charitables établies entre le riche et le pauvre, pour la propagation de votre évangile parmi les nations, et nous vous prions de continuer de répandre vos bénédictions toujours plus abondantes sur nous et sur notre reine, pour la plus grande gloire de votre saint nom, par Jésus-Christ Notre Seigneur."

Alors le primat de l'Église d'Angleterre fit entendre sa voix. Tenant sa crosse de la main gauche, il leva la main droite vers le ciel, et prononça les paroles de la bénédiction. Puis le chœur, les corps de musique militaire, et tout le peuple chantèrent le psaume c du prophète-roi: Jubilate Deo omnis terra, qui fut suivi de l'hymne national: God Save the Queen.

Enfin l'archevêque de Cantorbéry et l'évêque de Londres s'approchèrent du carrosse royal, et la reine les remercia avec effusion. Puis, elle fit venir auprès d'elle quelques enfants du choeur de Saint-Paul, leur dit quelques mots en souriant, et la procession reprit sa marche.

IX-L'Habitant de Saint-Justin

Contribution à la Géographie sociale du Canada

PAR M. LEON GÉRIN

(Lu le 25 juin 1897.)

I

LE LIEU: PLAINE BASSE, TERRASSE ET MONTAGNE LAURENTIENNE.

Sol.-Saint-Justin est situé dans la province de Québec, sur le cours mitoyen du fleuve Saint-Laurent, rive nord, 73° 6' de longitude ouest de Greenwich par 46° 15′ de latitude nord.

A partir du fleuve, le sol s'étage à plusieurs niveaux:

1o Rive plane et basse du Saint-Laurent, à peine plus élevée que lui, et même, aux saisons des crues, recouverte sur une certaine largeur par ses eaux;

2o A quelque 2 ou 3 milles du fleuve, terrasse surgissant à 50 pieds peut-être de hauteur, puis s'élevant d'une manière imperceptible vers le nord, distance de 3 autres milles ;

3° Nouveau soulèvement, beaucoup plus marqué que le précédent : première arête du massif des Laurentides, qui ferme au nord le bassin du fleuve. Au delà, s'étend très loin un pays de montagnes qui atteignent parfois 1,500 pieds au-dessus du niveau de la mer, sommets arrondis coupés d'étroits vallons.

Dans la plaine basse, nous avons Maskinongé; sur la terrasse et la première pente des Laurentides qui y fait suite, nous avons Saint-Justin; à l'arrière-plan, à travers les sommets et les vallons, nous avons SaintDidace.

A ces divers niveaux du sol correspondent diverses natures de terrains. Dans la plaine basse, ce sont de fines alluvions déposées par les eaux du fleuve à une époque fort récente; partie de l'étendue reçoit même encore aujourd'hui périodiquement, de nouveaux apports de matériaux. Au pied de la terrasse, et sur la terrasse même, le sol consiste en une argile bleue, tenace et profonde. C'est l'argile leda des géologues. Elle renferme des fossiles marins, et aurait été déposée à l'époque lointaine où un bras de mer s'étendait entre le massif laurentien, au nord, et les monts Notre-Dame, au sud. A quelque distance du pied de la montagne de Saint-Justin, le sol argileux se mêle graduellement à du sable, et finit par être recouvert et remplacé par lui. C'est le sable saxicava. Il aurait aussi une origine marine, et serait un dépôt de plage, tandis que l'argile leda serait un dépôt d'eau profonde. Dans

la région montagneuse, sur les sommets, là où ce n'est pas le fond granitique qui affleure, on a une mince couche de terre noire d'origine végé tale. Sur les bords des rivières et des lacs, on trouve aussi d'étroites bandes de terre peu profonde, de composition très variable, le plus souvent grossière.

Eau.r.-Toute cette région est abondamment arrosée. Dans la plaine basse, le Saint-Laurent étale ses eaux profondes au cours tranquille; grande voie commerciale le long de laquelle les navires océaniques du plus fort tonnage pénètrent jusqu'à 500 milles dans l'intérieur du contiUn tributaire du Saint-Laurent, le Maskinongé, parti des profondeurs du pays laurentien, se trace un chemin à travers Saint-Didace, SaintJustin (dont il ronge la terrasse argileuse) et Maskinongé, où il atteint le fleuve. Cette rivière, principalement à cause des chutes nombreuses qu'elle forme en descendant les pentes du bassin laurentien, n'est navigable que pour de légères embarcations. Mais ces chutes fournissent en maint endroit une abondance de forces hydrauliques, et le cours même de l'eau est un moyen de transport pour les bois flottables.

Saint-Justin, borné à l'est par la rivière Maskinongé dont je viens de parler, est, en outre, parcouru du nord au sud, par trois ou quatre ruisseaux, qui fournissent une eau utilisable pour divers usages domestiques. Mais aussi, ces ruisseaux ravinent profondément le terrain argileux et occasionnent des éboulements périodiques le long de leurs cours. SaintJustin manque de bonne eau potable. Les puits qui ont été creusés en différents endroits, à une profondeur de 100 pieds ou plus, donnent une eau dure, chargée de carbonate de chaux.

Sous-sol.-Ce qui caractérise partout le sous-sol, c'est sa pauvreté. A Saint-Justin, le sable et l'argile de la terrasse fournissent des matériaux pour la confection de la brique. Vers le pied de la montagne, on trouve du tripoli. Presque au centre de la paroisse, sur une superficie d'environ 120 arpents, les calcaires siluriens de la formation de Trenton affleurent. Les lits supérieurs, que l'on rencontre à une profondeur de 1 à 3 pieds de la surface, fournissent une pierre à bâtir de qualité assez médiocre. Le D' Ami, du service géologique, a eu l'obligeance de me communiquer une liste de dix-sept espèces de fossiles marins (trilobites, mollusques), observés en 1891, dans la carrière de Saint-Justin, par M. N.-J. Giroux. Ces fossiles sont caractéristiques de la formation de Trenton.

Maskinongé, dans la plaine basse, paraît à peu près dépourvue de richesse minérale. Même la formation laurentienne, qui surgit à l'arrièreplan de Saint-Justin, et sur laquelle Saint-Didace repose, ne renferme pas apparemment sur ce point les gisements métallifères, le mica, les phosphates, qu'on y a mis au jour ailleurs dans la province.

Air.-A Saint-Justin, l'hiver est rigoureux; il dure de cinq à six Dès le commencement de novembre, la terre se durcit par la gelée, puis la neige la recouvre. En décembre, janvier, février, la température

mois.

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