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eft ce qu'il y a de principal, il femble que la maniere de l'envifager doit décider des couleurs & des touches, de la qualité & du nombre des vers, du ton noble & férieux, ou du ton plaifant & badin.

Elim

Je crois, dit M. l'abbé Joannet, que, de toutes les façons de traiter le fujet d'un de Poëf. Epithalame, la meilleure eft de le renfermer franç. dans une fiction, ou dans une allégorie qui en rassemble toutes les parties fous un même point de vue. C'eft auffi le fentiment de M. Souchai, qui exige que la fiction foit jufte, ingénieuse, propre, & convenable aux perfonnes qui en font l'objet. Il eft certain que cette maniere marque plus de génie, donne plus de faillant aux idées, & rend la matiere du poëme plus intéreffante. Les fictions, ou les allégories, tirées de la fable, me poroiffent auffi préférables aux

autres.

Le style de l'Epithalame doit fe rapporter au principal objet que repréfente le tableau. Ce genre de poëfie étant destiné par lui-même à exprimer la joie, à en faire éclater les tranfports, on fent que le Poëte ne doit jamais employer que des images riantes, & ne peindre que des objets agréa bles. Pour les images indécentes, ou qui révoltent la modeftie, quiconque en emploie de ce caractere, ne mérite pas d'être lu, & péche non-feulement contre les régles de la bienséance, mais contre fes vrais intérêts. L'obfcénité n'eft jamais du goût des honnêtes gens.

On connoît l'Epithalame d'Hélène, faite par Théocrite. C'est un chef-d'oeuvre en ce

genre qu'on ne fçauroit trop louer. Il n'offre à l'efprit que des images agréables: il ne représente que des objets gracieux, & avec des idées & des expreffions enchantereffes, comme il eft aifé d'en juger par ce que nous allons tranfcrire.

Après avoir donné des couronnes de jacinthe aux filles de Lacédémone, qui chantent l'Hymenée, il leur fait relever en ces termes, le bonheur de Ménélas : « Vous » êtes arrivé à Sparte fous des aufpices bien » favorables. Seul entre les demi-dieux, » vous devenez le gendre de Jupiter; vous » époufez Hélène ! Les Graces l'accompa»gnent, les Amours font dans fes yeux; » elle étoit l'ornement de Sparte, comme » le cyprès eft l'honneur des jardins.» Puis venant à Hélène même, elles difent : » Uniquement occupées de vous, nous al»lons vous cueillir une guirlande de lotos; » nous la fufpendrons à un plane; &, en » votre honneur, nous y répandrons des » parfums. Sur l'écorce du plane, on gra» vera ces mots : Honorez-moi; je fuis » l'arbre d'Hélène. » S'adreflant enfuite aux deux époux : « Puiffe Vénus, ajoûtent-elles, » vous infpirer une ardeur mutuelle & du»rable! Puiffe Latone vous accorder une » heureuse poftérité, & Jupiter vous don»ner des richeffes que vous transmettiez à » vos defcendans ! »

Ce poëme, au refte, a deux parties qui font bien marquées, & qui paroiflent effentielles à tout l'Epithalame; l'une qui comprend les louanges des nouveaux époux, l'autre, qui contient des voeux pour leur prot

périté & leur bonheur. Dans tous les bons Epithalames modernes, on trouve également ces deux objets remplis.

Le premier exige tout l'art du Poëte; car il en faut infiniment pour donner des louanges qui foient tout enfemble ingénieuses naturelles & convenables; & voilà, fans doute, pourquoi l'on dit fi fouvent que l'Epithalame eft l'écueil des poëtes. Les louanges feront ingénieufes, fi elles fortent, pour ainfi dire, du fond même de la fiction; naturelles, fi elles ne bleffent pas la vraisemblance poëtique; convenables, fi elles font accommodées felon les régles de cette vraisemblance au fexe, à la naiffance, à la dignité, au mérite perfonnel des époux. Il en eft de même, à proportion, des vœux : ils doivent être naturels, ou fe renfermer dans la vraisemblance poëtique, & convenables, ou ne pas excéder la vraifemblance relative.

La maniere dont le Poëte envisage fon fujet, doit, comme nous l'avons déja dit, le décider fur l'efpece de vers qu'il em ploira. S'il travaille dans le grand, il doit préférer les vers Alexandrins, dont la cadence eft la, plus noble & la plus majeftueufe. Les vers de dix fyllabes conviennent aux fujets badins & folâtres; & pour les fujets qui tiennent, en quelque forte, le milieu entre les deux autres, les vers de huit fyllabes, & les vers libres me paroiffent, par leur aifance & par leur naturel, devoir être d'un ufage très-favorable.

la même que celle de la Ballade & du Chant-Royal. (Voyez ces mots.)

Il y a un ou deux vers intercalaires, qui forment comme un refrain; tel eft ce vers qu'on lit à la fin de chaque ftance de l'Epitalame fur le mariage de feu M. le Dauphin, composé par le P. Lombard, Jéfuite:

Filez, fufeaux legers, filez cet heureux jour.

Tels font encore ces deux vers répétés par intervalles dans l'Epithalame que M. le Cardinal de B. fit fur le même mariage :

Defcends, Hymen, defcends des Cieux;
Viens remplir les voeux des deux Mondes.

On varie quelquefois ces vers intercalaires. C'eft ainfi que, dans l'Epitalame qu'a compofé J. B. Rouffeau, on trouve après chaque ftance, tantôt,

De votre fête, Hymen, voici le jour :
N'oubliez pas d'en avertir l'Amour,

& tantôt,

Amour, Hymen, vous voilà bien remis ;
Mais, s'il fe peut, foyez long-tems amis.

Les Epithalames de ce genre, c'eft-à-dire, ceux qui font en forme de ballade ou de chant-royal, les feuls qu'on eut reconnus, jufqu'au commencement de ce fiécle, pour être conformes aux régles, font tombés dans un tel difcrédit, qu'on n'en fait plus aujourd'hui. On s'eft dégoûté de ce genre

de poëfie, comme du fonnet & du rondeau, foit par la difficulté du fuccès, foit par le peu d'honneur qu'on gagne à courir dans cette carriere. On fe contente à préfent de faire des épîtres, ou des vers libres, fur les mariages; & quand, dans ces vers ou dans ces épîtres, le Poëte chante les qualités des époux, les plaifirs de leur union, & qu'il forme des voeux pour la durée de leur félicité, ce font de vrais Epithalames, quoiqu'ils n'en portent pas le titre

tels font par exemple les vers charmans de M. de Voltaire adreffés à Mad. de Richelieu fur fon mariage; cette Epître eft fi connue; on l'a inférée dans tant de Recueils, qu'il eft inutile de la transcrire encore ici.

ÉPITHÈTE : ce mot, dans l'éloquence & dans la poëfie, répond à l'adjectif des grammairiens.

On doit ufer avec art & avec retenue des Epithètes. Elle doivent rendre le difcours plus énergique; & celles qui ne fe préfentent pas naturellement, & qui n'ajoutent pas à l'idée, le rendent froid & ennuyeux. On doit prendre garde, fur-tout en poëfie, de ne pas employer trop d'Epithètes. On a reproché à Boileau d'en avoir mis un trop grand nombre dans les deux vers fuivans:

Jeune & vaillant héros, dont la haute fagefle Difcours N'eft pas le fruit tardif d'une lente vieilleffe.

Des Critiques féveres trouvent que le mot

au Roi

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