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core plus le reste du difcours que l'Exorde; car les auditeurs font naturellement attentifs au commencement.

Enfin l'Orateur donne de lui-même une idée avantageuse, lorsqu'il laiffe délicatement entrevoir qu'il ne fe détermine à parler, que par le motif du bien public, de l'amour de la patrie, de la justice, de la vertu, & par inclination pour les véritables intérêts de ceux qui l'écoutent, & par d'autres raisons qui ne manquent pas de les flater. Là, dominera cette expreffion de mœurs dont nous avons parlé dans l'article MŒURS ORATOIRES. (Voyez ce mot.) Mais un des plus sûrs & des plus folides moyens de prévenir ainfi favorablement l'auditeur, c'eft la modeftie dans la prononciation, dans le gefte & dans les expreffions. Ainfi l'on peut, à cet égard, appliquer à l'Exorde en général, ce que M. Despréaux a dit du poëme en particulier :

Que le début foit fimple & n'ait rien d'affecté.

Pour ce qui eft de l'action extérieure, elle doit refpirer une confiance modefte & non pas une timidité qui, dès l'abord, iroit à déconcerter l'Orateur. Le refpe&t, qu'on doit à fon auditoire, ne doit jamais dégénerer en mauvaise honte & en pufillanimité.

La fimplicité que nous exigeons dans l'expreffion, n'eft point une diction basse & rampante, mais un ftyle mefuré, opposé à l'enflure & au ton guindé; ce qui n'exclut pas abfolument le début véhément & bruf

M. l'abbé
Séguy.

que, néceffaire en quelques occafions, & que les Latins appellent Exorde ab abrupto, tel que celui de la premiere Catilinaire, fi connu de tout le monde, ou tel que celuici d'un Orateur moderne dans l'Oraifon funébre du maréchal de Villars.

» Ils meurent donc, comme le refte des » hommes, ces héros comblés de gloire, » ces foudres de guerre qui ont fait trembler » les peuples; ces arbitres de la paix, qui » ont fait ceffer leur terreur, &c. » Tel eft encore ce début d'Ifaie, imité par Racine, dans Athalie:

Cieux, écoutez; Terre, prête l'oreille.

Les Exordes brufques font covnenables dans les cas d'une joie, d'une indignation extraordinaires, ou de quelqu'autre paffion extrêmement vive; hors de-là ils feroient déplacés.

On diftingue encore deux fortes d'Exordes; l'un, qui eft le plus imité & qu'on peut appeller Exorde fimple; il confifte uniquement à expofer en peu de mots, & avec netteté, ce dont il s'agit; tel eft ce début de la Henriade:

Je chante ce héros qui régna fur la France,
Et par droit de conquête, & par droit de naiffance;
Qui, par le malheur même, apprit à gouverner;
Perfécuté long-tems, fçut vaincre & pardonner;
Confondit & la Ligue, & Mayenne, & l'Ibere,
Et fut de fes fujets le vainqueur & le pere.

L'autre espece d'Exorde fe nomme Exorde par infinuation, & demande beaucoup plus d'art & de fineffe. On le met fur-tout en ufage, lorfqu'il s'agit de détruire une prévention, de combattre un fentiment reçu, d'affoiblir les raifons d'un adverfaire puiffant ou refpectable. Vouloir choquer ces chofes de front, c'eft fe mettre en rifque d'échouer. Cicéron nous en fournit un bel exemple dans fa feconde Oraifon fur la Loi Agraire, contre Rullus. M. Crevier, dans fa Continuation de l'Hiftoire Romaine de M. Rollin, a donné l'analyse de cet Exorde, Nous y renvoyons le lecteur; elle eft de main de maître.

Cet Exorde eft extrêmement long dans l'original; mais les biais qu'il falloit prendre dans la conjoncture où se trouvoit l'Orateur Romain, exigeoient cette étendue; car, en général, tout Exorde doit être court; & l'on peut dire du difcours comme du poëme, que

Le fujet n'eft jamais affez tôt expliqué.

EXPOSITION du fujet d'une tragédie ; Voyez PROTASE. Du fujet d'un poëme ; Voyez DÉBUT.

EXPRESSION; c'eft la maniere de rendre, de peindre fes idées, & de les faire paffer dans l'efprit de ceux qui nous écoutent, ou qui nous lifent.

L'Expreffion fuit la nature des pensées dont elle eft l'image. Les expreffions fimples, vives, fortes, fublimes, hardies, font autant de repréfentations d'idées femblables

Boileau,

Par exemple: La beauté s'envole avec le tems; s'envole eft une expreffion vive & qui fait image: fi l'on y fubftituoit s'en va, on affoibliroit l'idée, & ainfi des autres. Voyez ÉLOCUTION.

Il y a des Expreffions équivoques, obfcures, impropres, emphatiques, qu'il faut éviter. Voyez ENFLURE. EQUIVOque. AFFECTATION.

Il ne fuffit pas à un Orateur ou à un Poëte d'avoir de belles penfées; il faut encore qu'il ait une heureufe expreffion : fa premiere qualité eft d'être claire; l'obfcurité des expreffions marque néceffairement de l'obscurité dans la penfée. Voyez Clarte,

Boileau. Selon que notre idée eft plus ou moins obscure, L'expreffion la fuit ou plus nette ou plus pure : Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement, Et les mots, pour le dire, arrivent aisément.

Les Expreffions doivent être correctes, c'eft-à-dire qu'on doit les placer felon l'ordre que leur prefcrit la fyntaxe: il faut auffi qu'elles foient pures, c'eft-à-dire qu'on ne doit employer que celles qui font en ufage. Voyez CORRECT. PUREté.

Enfin elles doivent être conformes au fujet que l'on traite. Voyez CONVENANCE du Style avec le Sujet. BIENSÉANCES. DICTION. STYLE.

EXTENUATION : terme dont les Rhéteurs fe fervent pour défigner l'action par laquelle un Orateur diminue à deffein une chofe. Par exemple, fi un adverfaire qualifie une action de crime énorme, de mé

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chanceté inexcufable, on l'appelle fimplement une faute, une fragilité pardonnable. Cette efpece de figure eft opposée à l'exagération ou hyperbole.

EXTRAIT: ce mot, pris ftrictement, fe dit, en littérature, d'un recueil de paffages, ou de morceaux d'un ouvrage; mais, pris dans un fens plus général, Extrait se dit d'une analyse, ou expofition abrégée d'un livre; & c'eft dans ce dernier fens que nous le prenons ici.

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C'est l'emploi des Journalistes & des autres Auteurs d'ouvrages périodiques où l'on rend compte des livres nouveaux, de faire des Extraits; & ces Extraits, pour être exacts, doivent exprimer la fubstance de l'ouvrage qui en eft l'objet, en présenter les raifonnemens, ou les faits capitaux, dans leur ordre & dans leur jour, en indiquer les morceaux fufceptibles de critique ou d'éloge; ce qui demande non-feulement du goût, de la jufteffe dans le jugement, de la netteté dans l'efprit, mais encore une profonde connoiffance des régles, & beaucoup de littérature. Voyez CRITIQUE.

Un Journaliste, qui fait l'Extrait d'une piéce de théatre, ne doit rendre compte que de l'expreffion générale pour la partie du fentiment, parce que le fentiment étant du reffort de toute perfonne bien organifée, le public, à cet égard, eft un excellent juge. Il n'en eft pas ainfi de la partie de l'art; peu la connoiffent, & tous en décident: on entend fouvent raifonner là-deffus,

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