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« Oui, si la vie et la mort de Socrate sont d'un sage, la << vie et la mort de Jésus, sont d'un Dieu. Dirons-nous que «<l'histoire de l'Evangile est inventée à plaisir? Mon ami, «< ce n'est pas ainsi qu'on invente, et les faits de Socrate << dont personne ne doute, sont moins attestés que ceux « de Jésus-Christ. Au fond, c'est reculer la difficulté sans « la détruire; il serait plus inconcevable que quatre hom«mes d'accord eussent fabriqué ce livre, qu'il ne l'est «< qu'un seul en ait fourni le sujet. Jamais des auteurs «<juifs n'eussent trouvé, ni ce ton, ni cette morale, et l'E<«< vangile a des caractères de vérité si grands, si frap« pants, si parfaitement inimitables, que l'inventeur en <«< serait plus étonnant que le héros'.» Rousseau, il est vrai, après ce magnifique éloge trouve dans l'Evangile des choses incroyables, des choses qui répugnent à la raison, et qu'il est impossible à tout homme sensé de concevoir et d'admettre'. On sait que selon le langage de Rousseau, tout ce qui est au-dessus de la raison est incroyable, répugnant à la raison, et ne peut être conçu ni admis par un homme sensé. Mais s'il y avait bien fait attention, il aurait trouvé même, comme saint Chrysostôme, dans ces choses incroyables qui, selon lui, répugnent à la raison, un nouveau caractère de vérité; car les hommes n'inventent que ce qui est à leur portée.

On voit par ces exemples qu'il serait facile de multiplier

Emile, liv. IV.

2 Ibid.

que pour sentir la vérité de l'Evangile et la futilité des objections qu'on y oppose, il suffit de le lire. En le lisant, tous les doutes disparaissent comme les ténèbres devant la lumière, et l'on n'a qu'un seul regret, c'est de n'avoir pas connu plus tôt cette source pure, et d'avoir été si loin pour chercher la vérité, lorsqu'on la trouvait de si près. C'est ce qu'ont éprouvé toutes les personnes du monde qui ont cherché sincèrement Dieu; c'est ce qu'a éprouvé l'auteur lui-même de cette histoire, qui après s'être longtemps appliqué à la philosophie païenne' et aux divers systèmes du protestantisme allemand, est revenu sincèrement à Dieu par la lecture des livres saints dont il a fait toutes ses délices'. Son histoire de Jésus-Christ, déjà traduite en italien par ordre de la Propagande, est un chefd'œuvre où il a mis tous les trésors de sa vaste érudition et le fruit de ses longues recherches.

Sans être prolixe et diffus, comme le Père de Ligny, sur lequel il a sous ce rapport, comme sous beaucoup d'autres, une supériorité incontestable, Stolberg a fait de la vie de Jésus-Christ un ouvrage à la fois de piété et de science. De piété, car l'auteur était sincérement pieux; ses sentiments recevant un nouvel aliment par ses méditations sur l'Evangile, éclatèrent avec plus de vivacité, et lui firent je

Stolberg nous a laissé une traduction en trois volumes, des derniers discours de Socrate, et des sublimes dialogues de Platon.

2 Stolberg, fervent protestant, a embrassé la religion catholique en 1800, à la suite des recherches qu'il avait faites pour son Histoire de la Religion.

ter sur le papier des traits brûlants qui pénètrent l'àme et réveillent le cœur le plus indifférent. De science, par le soin qu'il a mis à classer les faits, à réunir les quatre évangiles, les épîtres et les prophètes, pour en former un seul tout, à lever les difficultés, à expliquer les usages des Juifs, à faire concourir les auteurs profanes à établir l'authenticité des faits et à concilier toutes les contradictions apparentes. Aussi son ouvrage a-t-il produit les plus heureux effets en Allemagne. Après l'avoir lu et relu plusieurs fois avec une sorte d'enthousiasme, j'ai cru qu'on ne pouvait rendre un plus grand service aux fidèles, et surtout à la jeunesse chrétienne, qu'en le publiant dans notre langue. La chose n'était point facile; l'auteur a une manière d'écrire qui est à lui, et qui résiste le plus à la version. Un ami dévoué, M. l'abbé Bour, convaincu, comme moi, de l'utilité de l'ouvrage, a rompu les premières difficultés. J'y ai travaillé à mon tour, vérifiant phrase par phrase, corrigeant ou modifiant tout ce qui pouvait être obscur dans l'original, ou défectueux dans la traduction. Si nous n'avons pas toujours réussi, nous présentons du moins au public un travail consciencieux; c'est surtout aux pères de famille que nous le recommandons, ne croyant pouvoir leur offrir un ouvrage plus propre à former le cœur de leurs enfants et à développer leurs facultés intellectuelles.

Son ouvrage a confirmé les catholiques dans leur croyance et ramené un assez grand nombre de protestants. On croit que c'est à cette lecture que le prince de Mecklenbourg a dû sa conversion.

b

Autrefois l'Evangile était le livre élémentaire de toutes les écoles, c'est par là qu'on commençait l'éducation des jeunes enfants. Saint Augustin, consulté par une dame romaine sur l'éducation de sa fille, lui répond de l'instruire par l'Ecriture, en commençant par les évangiles. Fénélon propose le même plan. Cela ne veut pas dire que l'histoire de Jésus-Christ ne convient qu'aux enfants; elle est une source intarissable pour tous les âges. Car c'est dans la vie et dans la doctrine de Jésus que les Pères de l'Eglise ont puisé leurs plus nobles inspirations; c'est là que Bossuet se plaisait à nourrir et à exercer son génie. Il a éprouvé ce que dit saint Jérôme, qui compare la loi de Dieu «‹ à un vaste <«< champ, où croissent des témoignages de vérité comme « des fleurs célestes qui récréent et charment l'esprit du <«<lecteur. » Les Pères ne trouvent pas assez d'éloges quand ils parlent de ce sujet. « La profondeur des lettres «< chrétiennes (c'est-à-dire de l'Ecriture) est telle que si «j'essayais de les étudier, en leur donnant tout mon temps «et tous mes soins, depuis ma tendre enfance jusqu'à la « décrépitude de la vieillesse, je serais sûr de faire tous <«<les jours de nouveaux progrès 3. » Il est inutile de mul

1 Voyez Education des filles, chap. vII.

* Latus quidem et immensus divinæ legis campus extenditur : qui diversis testimoniis veritatis, velut cælestibus quibusdam floribus vernans, mira oblectatione legentis animum pascit, ac refovet. (Hyer. ad Celat., ep. xiv, t. I, p. 114; édit. Par.)

3 Tanta est enim christianarum profunditas litterarum, ut in eis quotidie proficerem, si eas solas ab ineunte pueritia usque ad decrepitam

tiplier les témoignages. Les Pères n'ont qu'une voix quand il s'agit de proclamer l'excellence de l'Ecriture, dont l'histoire de Jésus fait la plus belle partie, comme le dit le même Père. « C'est là, dit-il, que nous apprenons ce <«< que nous devons aimer, ce que nous devons mépriser, «< ce que nous devons faire, ce que nous devons éviter et «< espérer 2. » On ne peut donc offrir rien de plus utile qu'un livre où les actions et la doctrine de Jésus-Christ sont exposées avec simplicité par les quatre évangélistes, comparés et réunis. C'est ce qu'a fait Stolberg avec une grande. piété et une profonde érudition, jointe à un discernement exquis. Puisse son ouvrage, reproduit dans notre langue, confirmer les fidèles dans leur foi et les garantir contre les subtilités de ces philosophes téméraires qui cherchent avec une infatigable ardeur à détruire jusqu'aux derniers vestiges de la foi chrétienne pour ne laisser à l'homme que le désespoir ! C'est le fruit que nous attendons de cette publication.

JAGER.

senectutem maximo otio, summo studio, meliore ingenio conarer addiscere. (August., epist. cxxxvII, t. II, p. 402.)

I Inter omnes divinas autoritates, quæ sanctis litteris continentur, evangelium meritò excellit. (August t. III, part. 11, p. 1.)

2 Dictum est nobis in prædicatione Evangelii, quid amare debeamus, quid contemnere, quid agere, quid vitare, quid sperare. (August. Serm. 266, In Natal. Apost., t. V, p. 1201.)

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