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les autres n'auront pas manqué, assurément, de parler du tremblement de terre et de l'apparition de l'ange sous une figure toute divine, soit, parce que chacun est porté à raconter le merveilleux dont il a été témoin, soit aussi parce qu'il n'y avait pas la moindre raison qui pût leur expliquer l'ouverture du tombeau confié à leur garde, ou justifier leur fuite et les soustraire à la mort dont ils étaient menacés pour avoir abandonné leur poste.

Ainsi la divine providence a réglé les choses de manière à forcer les Romains à venir augmenter le nombre des témoins, elle a mème permis que la déposition achetée des autres devint une preuve parlante de la vérité; car ceux-ci disaient que les disciples avaient dérobé le corps de Jésus, pendant qu'ils dormaient. Comment, toute une garde romaine aurait été endormie? Et comment pouvaientils attester ce qui est arrivé pendant leur sommeil? Et les disciples, qui avaient abandonné leur maitre et pris la fuite, quand ils l'ont vu chargé de fers, auraient été changés soudain en hommes pleins d'audace? Ils savaient que les Romains gardaient le tombeau, et ils étaient assez audacieux pour tenter une telle entreprise? Ou s'ils ne le savaient pas, comment ont-ils néanmoins continué leur œuvre en trouvant des gardes près du tombeau? Et ils auraient ôté la pierre de l'entrée du sépulere, dans la conviction que les Romains ne s'éveilleraient point? c'est-à-dire, dans la conviction que Dieu ferait un miracle! Et ils n'ont point été trompés dans leur attente? Les Romains ne se réveillèrent point, leur sommeil donna assez de temps aux disciples pour entrer dans le tombeau et en emporter tranquillement le corps? Et ce serait alors seulement qu'ils auraient senti la terre s'ébranler, et qu'ils auraient vu le radieux immortel? Et le grand Conseil n'aurait fait aucune enquête? Il aurait laissé les disciples circuler librement dans Jérusalem? Et Pilate aurait accordé la même liberté aux soldats? Et pour quelle raison les disciples auraient-ils enlevé le corps? Pour le plaisir de dire que Jésus était ressuscité? Et puisqu'ils étaient capables d'une pareille fourberie, pourquoi n'auraient-ils pas publié tout d'abord qu'il était monté au ciel? Après l'enlèvement du corps, se seraient-ils amusés pendant cinquante jours, à concerter un mensonge pour venir publier ensuite qu'il s'était montré dans

Jérusalem et dans la Galilée pendant quarante jours? Qui oserait mentir d'une manière aussi singulière et aussi propre à rendre le mensonge difficile à soutenir? Et cependant ils l'auraient soutenu sans qu'un seul se fut déconcerté ? Ils l'auraient soutenu, sans se laisser ébranler par les affronts et les chaines, sans se laisser effrayer par les tourments et la mort? Et pourquoi? Pouvaient-ils prévoir par hasard, que leur fable se répandrait, de l'orient à l'occident; qu'elle renverserait les autels des faux dieux, et ferait naître une morale pure, à laquelle les incrédules mêmes seraient obligés de rendre hommage; que le mensonge le plus extravagant amènerait à sa suite les vérités les plus sublimes dont les plus grands philosophes ne s'étaient jamais doutés? Quelles monstrueuses absurdités l'incrédule n'est-il pas obligé de dévorer avec la pierre du sépulere!

Passons à l'évangile de saint Mare.

« Et, lorsque le jour du sabbat fut passé, Marie-Madeleine, Marie, mère de Jacques, et Salomé, achetèrent des aromates pour venir embaumer Jésus1. Et le premier jour de la semaine, dès le matin, elles vinrent au sépulcre, au lever du soleil. Et elles se disaient l'une à l'autre : Qui ôtera la pierre de l'entrée du sépulere? car cette pierre était fort grande. Et regardant, elles virent qu'elle était ôtée. Et entrant dans le sépulcre, elles aperçurent un jeune homme assis à droite, couvert d'une robe blanche, et elles furent effrayées. Et il leur dit : Ne craignez point. Vous cherchez Jésus de Nazareth crucifié : il est ressuscité; il n'est point ici, voilà le lieu où on l'a mis. Mais allez, dites à se sdisciples et à Pierre 2

Joseph et Nicodème n'avaient point embaumé le saint corps, le vendredi au soir, mais ils l'avaient seulement enveloppé de linges avec des parfums, soit à cause du peu de temps que leur laissait l'approche du sabbat, soit parce que l'embaumement était l'ouvrage des femmes.

2 Voici la belle remarque que Grotius fait à ce sujet : « Pierre est particulièrement nommé comme chef de la troupe apostolique ( dux apostolici cætus) et par là, il est un exemple remarquable, offert à tous, de la faiblesse humaine, d'une pénitence sérieuse et d'une fo.

447 qu'il vous précède en Galilée : là vous le verrez comme il vous a dit. Sortant aussitôt du sépulcre, elles s'enfuirent; car la frayeur et le tremblement les avaient saisies, et elles ne dirent rien à personne, car elles étaient dans la crainte. Or Jésus, se levant du tombeau le matin, le premier jour de la semaine, apparut d'abord à Marie-Madeleine, de laquelle il avait chassé sept démons. Elle alla, et l'annonça à ceux qui avaient été avec lui, et qui pleuraient et gémissaient. Mais eux, entendant dire qu'il vivait et qu'il avait été vu par elle, ne le crurent pas. » (S. Marc, xvi, 1–11.) Voici ce que raconte saint Luc :

« Or, le premier jour de la semaine, elles vinrent dès l'aurore au sépulcre, (c'est-à-dire les saintes femmes, dont l'évangéliste avait parlé peu auparavant, et dont il va nommer, tout à l'heure les plus distinguées), portant les aromates qu'elles avaient préparés; et elles virent la pierre roulée à l'entrée du sépulcre. Et étant entrées, elles ne trouvèrent point le corps du Seigneur ; et il arriva, pendant qu'elles étaient troublées en leur âme, que deux hommes parurent près d'elles avec des robes éclatantes. Et comme elles étaient effrayées et baissaient la tête vers la terre, ils leur dirent : Pourquoi cherchez-vous parmi les morts celui qui est vivant? I n'est point ici, mais il est ressuscité. Rappelez-vous comment il vous a parlé lorsqu'il était encore en Galilée : Il faut que le fils de l'homme soit livré entre les mains des pécheurs, qu'il soit crucifié, et qu'il ressuscite le troisième jour. Et elles se souvinrent alors des paroles de Jésus. Et, étant revenues du sépulcre, elles racontèrent tout ceci aux onze et à tous les autres. Or c'étaient Marie-Madeleine, Jeanne, Marie, mère de Jacques, et les autres femmes leurs compagnes ', qui dirent ces choses aux apôtres. Et ces paroles leur parurent du délire, et ils ne crurent point. Mais Pierre, se levant,

renouvelée. Ici s'accomplit la joie des anges sur le pécheur converti, dont Jésus-Christ a parlé.

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Il est dit de ces femmes, qu'elles ont suivi Jésus avec Marie-Madeleine, une certaine Suzanne, et d'autres femmes, et l'ont assisté de leurs biens (S. Luc., vin, 2, 3.) Jeanne était la femme de Chusé, intendant d'Hérode.

courut au sépulcre; et, se baissant, il ne vit que les linceuls qui étaient par terre. Et il s'en alla, admirant en lui-même ce qui était arrivé. » (S. Luc, xxiv, 1-12.)

Ecoutons maintenant « le disciple que Jésus aimait. »

« Le premier jour de la semaine, Marie-Madeleine vint dès le matin, lorsque les ténèbres régnaient encore, et elle vit la pierre du sépulcre ôtée. Elle courut donc vers Simon-Pierre, et cet autre disciple que Jésus aimait, et elle leur dit : On a enlevé le Seigneur du sépulcre, et nous ne savons où on l'a mis. Pierre done sortit, et cet autre disciple, et ils vinrent au sépulcre. Ils couraient tous deux ensemble; mais l'autre disciple courut plus vite que Pierre, et il arriva le premier au sépulcre. Et s'étant baissé, il vit les linceuls à terre; cependant il n'entra point. Simon-Pierre, qui le suivait, vint et entra dans le sépulcre, et il vit les linceuls à terre, et le suaire qu'on lui avait mis sur la tête qui n'était pas avec les linceuls, mais plié en un autre lieu. Alors donc l'autre disciple qui était arrivé le premier au sépulcre, entra, et il vit, et il crut1. Car

1

« Et il crut. » La plupart des interprètes donnent cette explication: Il crut alors ce que Marie-Madeleine avait dit, c'est-à-dire, que le corps de Jésus-Christ a été enlevé, parce qu'aussi'òt après on lit cette remarque: «< Car ils ne savaient pas encore qu'il fallait qu'il ressuscitât d'entre les morts. Saint Augustin est aussi de cette opinion. Mais ce ne fut point par son entrée dans le sépulcre qu'il a été convaincu qu'il était vide; car s'il n'avait point remarqué ce vide par ses premiers regards, il y serait entré de suite. En y entrant, il s'est aperçu que les linges et le suaire étaient pliés et placés avec ordre. De là il a conclu, comme saint Cyrille le fait observer, que le corps inanimé n'a point été dérobé, et il crut alors que le Christ était ressuscité comme il l'avait prédit. Ces paroles : « car ils ne savaient pas encore, qu'il fallait qu'il ressuscitât d'entre les morts, »> ne sont donc qu'un blâme de l'incrédulité dans laquelle Pierre, à ce qu'il paraît, persévérait encore, et de laquelle Jean ne fut guéri que par la manière dont les linceuls étaient pliés et le suaire placé en un endroit à part. L'évangéliste, s'il avait voulu exprimer le premier sens, aurait dit : « Et il crut ce que Marie-Madeleine avait dit. L'expression courte et simple :

ils ne savaient pas encore ce qui est dans l'Ecriture, qu'il fallait qu'il ressuscitât d'entre les morts. Les disciples donc retournèrent chez

eux. >>>

« Or Marie était debout en dehors du sépulcre, pleurant. Et pendant qu'elle pleurait, elle se baissa et regarda dans le sépulcre. Elle vit deux anges vêtus de blanc, assis où le corps de Jésus avait été déposé, l'un à la tête, l'autre aux pieds. Ils lui dirent: Femme, pourquoi pleurez-vous? Elle leur répondit : Parce qu'ils ont enlevé mon Seigneur, et je ne sais où ils l'ont mis. Lorsqu'elle eut dit cela, elle se retourna et vit Jésus debout, et elle ne savait pas que ce fût lui. Jésus lui dit : Femme, pourquoi pleurez-vous? Elle, croyant que c'était le jardinier, lui dit : Seigneur, si c'est vous qui l'avez enlevé, dites-moi où vous l'avez mis, et je l'emporterai. Jésus lui dit : Marie! elle se retourna et lui dit : Rabboni; ce qui signifie mon maître. Jésus lui dit : Ne me touchez pas, car je ne suis pas encore monté vers mon Père: mais allez vers mes frères, et dites-leur: Je monte vers mon Père, et votre Père; vers mon Dieu, et votre Dieu. Marie-Madeleine vint annonçant aux disciples: J'ai vu le Seigneur, et il m'a dit ces choses.» (S. Jean, xx,1-18.)

Serait-il possible de méconnaître, dans ces récits pleins de merveilles, le caractère de simplicité et de vérité? Quel sujet plus merveilleux que celui-là, et quelle expression plus simple? Il est évident que les disciples de Jésus-Christ, qui, comme nous allons le voir, n'ajoutaient d'abord aucune foi aux rapports des saintes femmes, mais qui racontent ensuite qu'ils ont vu le ressuscité, qu'ils l'ont vu différentes fois pendant quarante jours, qu'ils ont bu et mangé avec lui, il est évident, dis-je, qu'ils n'ont pas pu se tromper sur sa personne. Une illusion pareille serait le plus étonnant de tous les miracles. Et des enthousiastes parleraient-ils ainsi? Leurs rapports portent-ils l'empreinte de l'imposture? Des imposteurs inventent-ils de cette sorte? Leurs récits seraient-ils aussi laconiques, aussi tranchés, quand même leurs contradictions apparentes n'écarteraient pas tout soupçon d'un plan concerté entre eux ?

« Il crut, » est toujours employée de la sorte pour désigner la foi aux vérités divines.

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