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« Voilà que je vous enverrai le prophète Elie, avant que soit venu le grand, l'épouvantable jour du Seigneur. Et il ramènera le cœur des pères à leurs enfants, et le cœur des enfants à leurs pères, de crainte que je ne vienne soudain et que je ne frappe la terre d'anathème. (Malachie iv, 5–6.) »

Cet enfant privilégié fut glorifié de Dieu avant sa naissance, d'une manière toute particulière, devant le peuple qu'il devait préparer au Seigneur. Pendant le temps où l'encens devait fumer dans le sanctuaire, on brûlait soir et matin la victime de chaque jour, qui consistait en un agneau égorgé. Il y avait en attendant, dans l'avant-cour extérieure, des hommes, voués au service de Dieu, qui demandaient grâce et miséricorde pour tout le peuple d'Israël. Grand nombre d'hommes et de femmes se réunissaient et priaient. (Prideaux.) C'est de ce peuple que parle l'évangéliste. La fumée de l'encens montant vers le ciel était une image de la prière.

Les Juifs qui avaient de la piété priaient à l'heure où était offert le sacrifice d'usage, c'est-à-dire, le matin vers neuf heures et le soir vers trois heures, ou plutôt à la nuit tombante, quand quelques restes du sacrifice du soir brûlaient encore. Les uns venaient au temple, les autres priaient dans leurs maisons ou bien là où ils se trouvaient. C'est ainsi qu'il est dit de Daniel, « qu'il fléchissait les genoux en sa chambre trois fois le jour, pour adorer son Dieu et se confesser devant lui. (Dan. vi, 10.) »

Le sacrifice du soir qui était offert précisément à l'heure à laquelle notre Sauveur est mort, paraît avoir été le plus solennel. Ce fut à l'heure du sacrifice du soir que l'ange Gabriel fut envoyé à Daniel en prière. Ce fut à cette heure qu'Esdras, déchirant ses vêements, tomba à genoux pour implorer le pardon des péchés d'Israël. Et le roi prophète chantait : « Que ma prière s'élève comme l'encens en votre présence; que l'oblation de mes mains soit comme le sacrifice du soir! (Ps. CXL, 2.)

CHAPITRE III.

« Or, au sixième mois, l'ange Gabriel fut envoyé de Dieu dans

une ville de Galilée, qui avait nom Nazareth, à une vierge, fiancée à un homme nommé Joseph, de la maison de David, et le nom de cette vierge était Marie. Et l'ange, étant entré vers elle, dit: Je vous salue, Marie, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous; vous êtes bénie entre toutes les femmes. Marie entendant fut troublée par ces paroles, et elle songeait à ce que pouvait être cette salutation. Et l'ange lui dit: Marie, ne craignez point, car vous avez trouvé grâce devant Dieu. Et voilà que vous concevrez en votre sein, et vous enfanterez un fils et vous l'appellerez du nom de Jésus. Il sera grand, et s'appellera le fils du Très-Haut, et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père; et il régnera sur la maison de Jacob éternellement, et son règne n'aura pas de fin. Or, Marie dit à l'ange: Comment se fera ceci, puisque je ne connais point d'homme? Et l'ange répondant lui dit : Le Saint-Esprit viendra en vous, et la vertu du Très-Hlaut vous couvrira de son ombre : c'est pourquoi le saint qui naîtra de vous s'appellera le fils de Dieu. Et voilà qu'Elisabeth, votre parente, a conçu un fils en sa vieillesse, et ce mois est le sixième pour celle qui était appelée stérile: car rien ne sera impossible à Dieu. Or, Marie dit : Voici la servante du Seigneur, qu'il me soit fait selon votre parole. Et l'ange s'éloigna d'elle. (S. Luc. 1, 26–38.) »

Quand même les témoignages unanimes des Pères ne nous assureraient pas que la femme bénie de Dieu avait fait vœu de chasteté, et que saint Joseph (que la tradition présente comme avancé en âge) s'était uni à elle pour lui servir de soutien et de protecteur, connaissant son dessein et l'approuvant, (quoiqu'il ignorât comme elle, pourquoi Dieu le lui avait inspiré; et que par conséquent il ne sut pas mieux qu'elle qu'il devait l'épouser pour voiler, aussi longtemps qu'il plairait à Dieu, le mystère de la merveilleuse incarnation du Messie) : quand même, dis-je, l'unanimité de ces témoignages ne nous en donnerait pas une preuve certaine, l'évangéliste nous indiquerait assez clairement le dessein formé par Marie de demeurer vierge (dessein qui présuppose l'assentiment de Joseph.) Car autrement quel sens offrirait ces paroles de la vierge: «< Comment se fera ceci, puisque je ne connais point d'homme ? »

Marie n'avait pas besoin d'un signe pour croire à la promesse de Dieu. Ce ne fut pas comme signe que la conception miraculeuse, quoique humaine, du précurseur de Jésus-Christ, lui fut révélée par l'ange; mais comme symbole de la miraculeuse et divine conception de l'Homme-Dieu. Mais quelle noble simplicité et quelle humilité céleste dans les paroles de Marie : « Je suis la servante du Seigneur, qu'il me soit fait selon votre parole.

CHAPITRE IV.

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«Or, en ces jours-là, Marie, se levant, s'en alla en håte vers les montagnes et en la ville de Juda. Et elle entra en la maison de Zacharie, et salua Elisabeth. Et il arriva que quand Elisabeth eut ouï la salutation de Marie, l'enfant tressaillit en son sein, et Elisabeth fut remplie du Saint-Esprit ; et elle s'écria à haute voix, et dit vous êtes bénie entre toutes les femmes, et le fruit de vos entrailles est béni. Et d'où me vient que la mère de mon Seigneur s'approche de moi? Car voici que, dès que la voix de votre salutation est parvenue à mes oreilles, l'enfant a tressailli de joie en mon sein. Bienheureuse, vous qui avez cru; car les choses qui vous ont été dites par le Seigneur seront accomplies! »

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« Et Marie dit: Mon âme rend gloire au Seigneur, et mon esprit s'est exalté dans le Dieu mon sauveur; car il a regardé l'humilité de sa servante. Voici que désormais toutes les générationme diront bienheureuse; car celui qui est puissant a fait pour moi de grandes choses, et son nom est saint. Et sa miséricorde s'étend e génération en génération pour ceux qui le craignent. Il a déployé la force de son bras: il a dissipé les orgueilleux dans les pensées de leur cœur. Il a renversé les puissants de leurs trônes, et il a élevé les humbles. Il a rempli de biens ceux qui avaient faim, et il a renvoyé les riches les mains vides. 1 a reçu Israël comme son fils, se souvenant de sa miséricorde, ainsi

On croit que c'était Hébron, ville de la tribu de Juda, située dans les montagnes. On compte de Nazareth à Hébron de trente-huit à quarante lieues.

qu'il a parlé à nos Pères, à Abraham, et à sa postérité à jamais. Et Marie demeura avec Elisabeth environ trois mois, puis elle retourna en sa maison. (S. Luc, 1, 39-56.)

Pourquoi la sainte Vierge, dans son sublime cantique, parle-telle toujours au passé? Parce que les Hébreux, dit Grotius, se servaient tantôt du passé, tantôt du futur, pour désigner un temps présent. Mais saint Luc, qui tenait plus qu'aucun autre écrivain du nouveau Testament à la pureté du style grec, n'aurait pas admis cet hébraïsme. Remplie de l'esprit de Dieu, Marie parlait en prophétesse. Il arrive souvent aux prophètes, de parler de l'avenir en employant des termes du passé. Portés sur les ailes de l'inspiration divine, ils voient les choses comme étant déjà faites; ils voient et ils chantent à la lumière de Dieu, devant qui il n'y a ni matin ni soir, mais un éternel midi.

Aussi cette manière de s'exprimer porte-t-elle le sceau de la certitude. Eh! comment pourrait-il se faire que ce que le prophète voit et annonce comme arrivé déjà, n'arrivât pas?

Lorsque Anne, mère de Samuel, eut enfanté le fils qu'elle avait demandé avec de si vives instances, elle répandit son âme en un cantique de louanges qu'elle termina par une prophétie. Le cantique de la sainte Vierge est aussi une prophétie. (I. des Rois, I-II, 1-10.)

Ce fut par l'Esprit-Saint qu'Elisabeth l'avait saluée ; ce fut aussi par l'Esprit-Saint que « la Mère de Dieu » lui répondit, et qu'elle prophétisa au sujet du royaume du Fils de Dieu. Elle semble faire allusion en même temps à la prédiction d'Isaïe, relative au fils d'Elisabeth : « On entend la voix de celui qui crie dans le désert Préparez la voie du Seigneur, rendez droits les chemins de la plaine, qu'on répare les chemins, qu'on aplanisse les routes; abaissez les collines, comblez les vallons. (Isaïe, XL, 3-4.) →

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L'abaissement de l'orgueil, l'élévation de l'humilité, sont les caractères du royaume du Seigneur. La sainte Vierge elle-même, cette vierge bénie à cause de son humilité, cette fille de David, ignorée et vivant dans la pauvreté, a été abaissée devant le monde. Mais voyez comme Dieu l'a élevée ! comme Dieu a accompli en elle les paroles que son esprit lui mettait dans la bouche: Voici que

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désormais toutes les générations me diront bienheureuse ! »

CHAPITRE V.

« Et le temps d'enfanter pour Elisabeth s'accomplit, et elle enfanta un fils. Et ses voisins, et ses parents apprirent que le Seigneur avait manifesté sa miséricorde sur elle, et ils la félicitèrent. Et il arriva qu'au huitième jour ils vinrent circoncire l'enfant, et ils l'appelèrent Zacharie du nom de son père. Mais sa mère, répondant, dit : Non, mais il sera appelé Jean. Et ils lui dirent: 11 n'y a personne en ta parenté qui soit appelé de ce nom. Et ils demandèrent par signes au père comment il voulait qu'il fût appelé. Et ayant demandé des tablettes, il écrivit : Jean est son nom. Et tous s'étonnèrent. Et aussitôt sa bouche fut ouverte et sa langue déliée, et il parlait en louant Dieu. Et la crainte se répandit sur tous leurs voisins, et toutes ces paroles furent divulguées dans le pays des montagnes de la Judée. Et tous ceux qui les ouïrent les déposèrent en leur cœur, en disant: Qu'en sera-t-il de cet enfant? car la main du Seigneur était avec lui. Et Zacharie, son père, fut rempli du Saint-Esprit, et prophétisa, en disant : « Béni soit le Seigneur Dieu d'Israël, parce qu'il nous a visités et qu'il a opéré la délivrance de son peuple. Et il a élevé le signe du salut en la maison de David son serviteur ainsi qu'il avait pro

Le mot grec Pais, qui signifie proprement garçon et fils, est souvent employé pour serviteur, comme le puer des Latins. Ici c'est David, et dans le Cantique de la Vierge, Israël, qui est désigné sous ce nom. Dans les Prophètes, Israël signifie souvent le Fils de Dieu; mais je ne sache pas que David ait été jamais appelé ainsi, si ce n'est dans le psaume 88, v. 27, où on lit : « Je t'établirai mon premier-né. » Et quand Dieu promit à David un fils, Salomon, il ajouta : « Je serai son père, et il sera mon fils. » (II. Thess. vII, 14.) Paroles qui, d'après l'explication que saint Paul en donne dans son Epitre aux Hébreux, doivent se rapporter également, dans le sens figuratif, à Jésus-Christ. C'est pourquoi, dans le Cantique de la sainte Vierge, j'ai traduit ainsi : « Il a reçu Israel comme son fils; » et dans le Cantique de Zacharie: «< En la maison de David son serviteur, »

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