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Il joua ses plus beaux morceaux et toute la bande joyeuse dansa que c'était un plaisir à voir. Cela dura environ une heure; ayant cessé de jouer, le bossu entendit qu'ils se disaient entr'eux; Allons il est temps de partir.

Une femme s'avança alors et dit aux autres;

Lui donnerions nous son salaire? à quoi tous répondirent: Certes, il l'a bien mérité.

Apportez-moi donc mon chaudron dit-elle aussitôt; et le chaudron demandé lui fut apporté sur le champ.

Le monsieur s'approcha, tourna le musicien avec le dos contre la marmite, et le frappa violemment à la joue.

Comment! est-ce là mon salaire? dit le pauvre homme. Mais au même instant il se sentit le dos soulagé d'un grand poids, le couvercle fut remis sur la marmite. Le ménestrel effrayé porta la main sur son dos

avait disparu.

sa bosse

Ah! mille remerciments, s'écria-t-il gaiement; Que Dieu vous récompense.

A peine eut-il prononcé le nom de Dieu, que toute l'assemblée se dispersa et disparut,

demeura seul.

le musicien

C'est probablement un sabbat de sorciers! se dit-il, n'importe, je ne suis pas moins content d'être débarrassé de ma bosse! Bravo! Et beaucoup moins ivre qu'auparavant il regagna la maison en dansant.

Le jour suivant, on le reconnut difficilement, car il était devenu si joli garçon, que plus d'une jeune fille jeta les yeux sur lui.

Où as-tu laissé ta bosse? T'es - tu laissé faire l'opération? demandait chacun, et il rácontait l'aventure à qui voulait l'entendre; ce qui fit généralement plaisir, car il était aimé de tout le monde.

Un seul envia son bonheur, c'était un de ses voisins bossu et violoniste comme lui. Il se fit expliquer l'aventure d'une manière précise, et lorsqu'il fut bien instruit, il se rendit le soir au cabaret en question et y trouva la même société que lui avait décrite son voisin.

Bon soir, messieurs, dit-il en entrant; hôte, apporte à boire, je veux jouer une partie.

On y va, répondit l'hôte.

Volontiers, dirent les joueurs, assieds-toi à la table.

Il eut bientôt vidé sa bourse et dut mettre en jeu ses vêtements. Il avait justement mis ses plus mauvais habits, car il prévoyait qu'il aurait dû les donner. Ayant perdu successivement son chapeau, sa redingote, sa veste et son pantalon, il se rendit, ainsi dépouillé au château en maudissant le froid qu'il avait à souffrir, la mauvaise bierre de l'hôte et la friponnerie des joueurs. Atrivé au château, il pénétra dans la cour.

Ah! c'est toi, mon garçon, lui dit le monsieur qui avait naguère reçu l'autre, tu vas danser avec nous, ensuite tu nous joueras quelque chose. Hé bien! soit murmura le musicien, et il s'approcha d'une dame, mais il la prit si maladroitement que celle-ci le repoussa.

A peine eut-il dansé un quart-d'heure qu'il trébucha et tomba en renversant sa danseuse.

Que le diable danse avec toi, s'écria-t-il, moi j'en suis fatigué, c'est à se rompre bras et jambes. S'étant retiré dans un coin il commença à jouer, et les quadrilles s'organisèrent. Mais les sons qu'il tirait de son instrument étaient si discordants, les airs qu'il jouait étaient si tristes que les danseurs fortés de s'arrêter se regardaient avec étonnement, car il leur eût été impossible de danser sur un pareil charivari.

Cela facha le bossu qui mit son violon sous son bras.

Je suis fatigué de jouer, dit-il, du reste il n'est pas agréable de rester ainsi une demi-nuit en chemise. Donnezmoi mon salaire que je m'en aille.

Lui donnerions- nous son salaire, demanda la femme aux autres qui répondirent en riant: Oui, oui, il l'a mérité.

Riez seulement, tas de sorciers, murmura tout bas le musicien, je veux être content quand je serai chez moi. Qu'on m'apporte mon chaudron, dit la femme, et aussitôt le chaudron lui fut apporté.

Mets ta poitrine audessus du chaudron dit le monsieur en s'approchant de lui.

Ne me frappez pas trop fort, je vous le dis d'avance, dit le musicien, mais à peine eut-il prononcé ces mots, qu'un soufflet des mieux appliqués lui fit tinter les oreilles, et au même instant il crut qu'une montague se plaçait sur sa poitrine. Il se tâta le dos, la bosse y était toujours, et lorsqu'il se regarda bien, .. o malheur! il aperçut sur sa poitrine la bosse de l'autre, de sorte qu'il avait

maintenant deux bosses au lieu d'une. Toute l'assemblée avait disparu. Ecumant de rage, il retourna chez lui. Le lendemain i servit de jouet et de risée, en proie aux quolibets de tous les habitants du village. Ce fut la punition de son abominable envie.

Beaucoup d'autres musiciens essayèrent encore de gagner quelque chose au château, mais tous reçurent de mauvais dons. Lorsqu'ils recevaient de belles pièces de monnaie ils les trouvaient le matin changées en feuilles sèches et souvent même ils se réveillaient sous une potence ou dans un autre horrible licu.

Voici encore une terrible aventure arrivée à un paysan à cette danse.

S'étant amusé un peu tard au cabaret, il retournait chez lui, lorsqu'il rencontra ce château qu'il lui semblait n'avoir jamais vu auparavant. Il était brillamment illuminé et une musique gaie et dansante vint frapper les oreilles du jeune homme. Il s'arrêta un instant étonné, s'avançant ensuite il entra dans le vestibule. Un valet à riche livrée s'approcha de lui et l'engagea à entrer.

Je ne suis pas habillé, répondit le paysan c'est aujourd'hui mercredi et je n'ai pas mes habits de dimanche. Peu importe, répondit le valet, ne vous gènèz pas, entrez toujours.

Il le conduisit aussitôt dans une salle où se trouvaient une foule de messieurs et de dames, les uns dansant, les autres jouant ou goûtant les plaisirs de la table. Le paysan regarda pendant quelque temps cette brillante

assemblée, ensuite il se glissa le long du mur pour passer du côté d'où venait la musique; mais quel ne fut pas son étonnement lorsqu'il vit que tout cet orchestre ne partait que d'un orgue de Barbarie qu'un homme tenait sur ses genoux.

Voilà un singulier instrument dit le paysan, je voudrais bien pouvoir tourner.

Rien ne vous en empèche, lui dit l'homme en lui donnant l'orgue sur les genoux, et le paysan commença à tourner la manivelle.

Ah mon Dieu! quelle belle musique! Au même instant tout disparut et le jeune homme se trouva sur un tas de fumier tenant à la main la queue d'un gros chat noir poussant des miaulements de douleur. C'était là l'orgue merveilleuse.

LA BÉGUINE DE GAND.

Aucun étranger ne peut se dispenser de visiter le béguinage de Gand. C'est une petite ville entourée de fossés, ayant de belles rues et une grande et belle église. Devant chaque maison badigeonnée, il y a un petit jardin séparé de la rue par un mur percé d'une porte sur laquelle est inscrit le nom du saint auquei est dédiée la maison.

Dans l'église, à droite du maitre-autel, on voit un autre autel portant une grande croix au pied de laquelle est agenouillée une béguine en robe noire et en voile. blanc. C'est Mathilde dont on raconte la légende suivante :

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