Obrazy na stronie
PDF
ePub

tements, je te promets une bonne récompense.

„Cela me va, dit le soldat, et pour vous prouver que je ne suis pas exigeant, je ne désire pour mon souper que du beurre, des oeufs, de la farine, du lait, un peu de bois pour faire du feu et une poële, car j'ai l'envie de me faire des crêpes."

et

,,Tu auras tout cela" dit le Seigneur, et il ordonne aussitôt de transporter toutes ces choses au château, le soldat y entra.

Dabord j'ai besoin de repos, se dit-il, en se mettant au lit. Après avoir dormi une assez grande partie de la nuit, il s'éveilla; son estomac l'avertit qu'il était temps de se lever. Il fit du feu dans l'âtre et prépara la pàte pour ses crêpes. A peine avait-il commencé, qu'un chat sauta dans la place, s'approcha du feu et dit: „Est-ce que je puis me chauffer." -,,Certes, pourquoi pas?" répondit le vieillard qui continua à remuer la pâte, ne perdant pourtant pas le chat de vue. - - „Que remuestu donc là?" lui dit celui-ci un moment après.

„La pâte pour faire des crêpes“ répondit brusquement le soldat.

Quelques minutes après, un second chat sauta dans la chambre, puis un troisième, un quatrième et ainsi de suite jusqu'à sept, et chacun d'eux demandait au soldat ce qu'il fesait. Celui-ci répondait toujours très - laconiquement.

Tous ces chats se tenant par les pattes se mirent alors à danser autour d'un huitième qui venait d'entrer.

Ils poussaient des miaulements à fendre la tète. Le soldat n'y tint plus, il jeta un gros morceau de beurre dans la poêle, le fit fondre, et le versa tout brûlant sur le dos de ses hôtes. Au même instant tous les chats avaient disparu; le soldat continua à cuire ses crêpes, puis se mit au lit et dormit tranquillement jusqu'au matin. Comme il tardait à revenir au village, tout le monde le crut mort. Chacun était déjà à le plaindre, lorsqu'on le vit sortir du château et se diriger vers le village. Tous coururent gaiment à sa rencontre. Toutes les femmes se trouvaient là à l'exception d'une seule, la femme du cordonnier, la plus curieuse de toutes. Lorsque le soldat eut raconté son aventure et qu'il eut reçu sa récompense, toutes les femmes coururent chez la cordonnière pour lui raconter cette singulière histoire; mais la pauvre femme était couchée, elle avait tout le corps brûlé et des morceaux de beurre pendaient encore à ses cheveux. Un mensonge eût été inutile, l'affaire était trop claire, aussi avoua-t-elle que tous les soirs elle se rendait au château avec sept autres femmes des environs pour y exercer des sortiléges. Naturellement personne ne voulut plus avoir rien de commun avec une telle femme et sa réputation fut perdue à tout jamais.

LA NONNE.

(Louvain.)

Jadis aux environs de Louvain existait un couvent appelé Parc des dames; là vivait il y a bien longtemps une nonne très-pieuse qui portait un amour tout particulier à la Ste Vierge, agenouillée devant son image sacrée, elle oubliait tout soin terrestre. Toutes ses socurs l'aimaient à cause de sa bonté et comme on avait confiance en elle plus qu'en toute autre, on la fit portière du couvent.

Un très-mauvais prêtre y remplissait les fonctions de confesseur de la manière la plus infàme, il réveilla dans le coeur de la picuse nonne, les désirs mondains et la mena si loin qu'elle se décida à quitter le couvent pour aller vivre avec lui. Elle avait choisi le silence de la nuit pour mettre son projet à exécution. Cependant avant d'abandonner le monastère elle se rendit à l'église pour dire un dernier adieu à Marie, et lui adressa la prière suivante: 0 Marie, vierge très-pure, mère de notre Sauveur, je ne puis plus vous servir, le monde a trop d'attraits pour moi, je ne puis résister aux désirs qui m'entraînent hors de cette enceinte. Mes fautes sont grandes, elles me rendent indigne du voile et des vêtements de mon ordre. C'est pourquoi je les suspends à votre autel, je les ai reçus pour l'amour de Vous je vous les rends ainsi que les clés que l'on m'a confiées." Après avoir récité cette prière, elle suspendit

[ocr errors]
[ocr errors]

ses habits et son voile à l'autel de la Ste Vierge, et quitta, le couvent avec son séducteur.

Elle ne pensa plus du tout avec tant d'ardeur. Elle s'avilit de plus en plus.

-Les plaisirs du monde lui firent bientôt oublier la douce tranquillité du cloître. à Maric qu'elle avait servie s'abandonna à ses passions et Le mauvais prêtre finit par s'en dégouter et l'abandonna. Se voyant délaissée par celui dont elle se croyait aimée, elle se livra d'abord au désespoir; ensuite poussée par la nécessité elle s'abandonna à toute sorte d'excès, et suivit pendant près de quinze ans cette route criminelle. Cependant le repentir finit par trouver le chemin de son coeur. Elle résolut de retourner au couvent malgré la honte qu'elle éprouvait. Toutefois elle fut curieuse de savoir ce que l'on pensait d'elle au couvent et ce que l'on disait de sa fuite. A cet effet elle se rendit à l'église du couvent où elle rencontra une religieuse qui lui parut d'un abord facile, et qu'elle connaissait bien, mais dont elle ne fut pas reconnue. L'arrêtant elle lui dit: Comment se porte soeur Béatrix, la portière? Je l'ai vue ici, passé quinze ans.

66

[ocr errors]

La nonne lui répondit à son grand étonnement: „Je la connais très-bien, mon amie: elle est toujours bien portante et aimable, et tient encore les clés."

,,Comment? La soeur Béatrix? demanda la repentante comme frappée de la foudre. La même qui passé quinze ans, était portière ici?“

"Oui, certes, répartit la nonne. Je fus toujours sa

meilleure amie depuis l'âge de vingt-six ans. Comment cela peut il vous étonner à ce point?"

"Mais je la croyais morte depuis longtemps," murmura l'autre.

,,Morte? Non, Dieu merci, elle vient encore d'ouvrir la porte de l'église," répondit la nonne en la saluant pieusement d'un: Jésus christ soit loue!

Béatrix sortit du temple profondément émue. Elle était trop frappée de ce que la nonne lui avait appris pour se livrer à la prière. La préocupation que lui causait cette nouvelle ne lui permit de s'endormir que fort tard dans la nuit.

A peine eut-elle fermé l'oeil, que Marie lui apparut en songe et lui parla ainsi :

,,Béatrix, je savais que tu serais revenue repentante au couvent; c'est pourquoi j'ai pris ton habit et ton voile et j'ai pris ta place. Pour t'en convaincre, tu te rendras demain matin de bonne heure à l'église que tu trouveras ouverte et tu verras encore les habits de ton ordre, ainsi que tes clés suspendues à mon autel. Reprendsles, et rentre dans tes fonctions."

Ayant dit cela, la Ste Vierge disparut, et Béatrix s'éveilla; elle comprit alors le sens des paroles de la nonne et pleine de reconnaissance, elle se jeta à genoux pour remercier Marie, qu'elle avait tant offensée, et qui l'avait cependant comblée de tant de bienfaits. Elle demanda pardon à Dieu de toutes les fautes qu'elle avait commises depuis quinze ans.

« PoprzedniaDalej »