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en détacher ses regards. Mais lorsque Jehan dit au sultan : Nous sommes forts et vigoureux, le travail et les fatigues ne nous effraient point, mais Marie, notre mère, mourra de chagrin, si nous ne retournons pas auprès d'elle." Gillion n'y tint plus, il courut aux deux étrangers et les embrassa avec effusion en s'écriant: ce sont mes fils, les enfants de ma tendre Marie!

"

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Oui

Une foule nombreuse de fidèles remplissait à Rome la vaste métropole de St. Pierre. On assistait à une cérémonie imposante. Une jeune femme musulmane abjurait devant les saints autels, sa croyance mahométane, et l'amour terrestre qu'elle avait ressenti pour un chevalier. C'était la fille du sultan. Cette âme ardente avait compris d'instinct, cette sainte doctrine toute de charité et d'amour. Sa conversion lui avait montré la bonne voie, elle se sentait forte depuis qu'elle était entrée, dans ce sentier qui mène au vrai bonheur, et qu'elle s'était abandonnée à l'amour céleste pour le bonheur de celui qu'elle avait tant aimé. Gillion la regarda comme une sainte, et lorsqu' agenouillée, devant l'autel, elle reçut les eaux du baptême, il crut voir dans le ciel son image resplendissante, et portant sur la tête la couronne du martyre.

Par une belle soirée de septembre, Marie était seule sur la plate-forme et se livrait à ses pensées, et d'un oeil humide de larmes, elle contemplait le coucher du soleil, lorsque soudain des acclamations retentirent dans la cour du château depuis si longtemps le théatre de la

tristesse. Un tremblement involontaire s'empara de la châtelaine et la rendit immobile. Les pressentiments, le désir et la joie se partagèrent son cœur, et ses idées l'abandonnèrent. Elle ne se réveilla que lorsqu'elle sentit battre contre son sein le cœur de celui qu'elle avait toujours aimé. Dans les premiers moments de ravissante certitude, les regards interrogateurs et pleins de doute qu'elle jetait autour d'elle, rencontrèrent les yeux noirs de Graciane inondés de larmes. Gillion prit aussitôt la main de la jeune fille et la mit dans celle de Marie. Ces deux femmes se comprirent, car toutes deux connaissaient l'amour, et dès ce moment leurs deux âmes s'unirent et devinrent inséparables.

La paix et le bonheur étaient revenus au château de Trazegnies. Les aventures de Gillion lui semblaient un rève brillant dont la plus belle apparition ne s'évanouissait pas, et voltigeait sans cesse autour de lui. La beauté de la jeune néophite, ainsi que son amour épuré par la douce lumière du christianisme, prenait de jour en jour un caractère plus céleste. Semblable à un esprit protecteur, elle vivait au milieu de cette famille pour le bonheur de laquelle elle eût volontiers donné sa propre existence. Elle s'attachait comme un ange gardien à Marie qui l'aimait d'un amour sentimental. Les liens qui la retenaient en ce monde, parurent se rompre en même temps que ceux de son amour terrestre; les hautes régions dans lesquelles s'était élevée l'àme ardente de cette fille de l'orient, étaient trop glacées pour elle ;

bientôt le sauveur parut, délivra cette âme de ses chaines et la transporta vers le céleste orient.

Marie s'étant incliné sur les restes inanimés de Graciane, y laissa tomber des larmes brûlantes, mais le prêtre l'entraîna doucement, car une vieille croyance populaire assure que les larmes répandues sur un cadavre emportent dans la tombe celui qui les a versées. Cette superstition sembla s'être changéc en certitude dans cette occasion, car à partir du jour où Graciane avait emporté avec elle au tombeau, les larmes de Marie, celle-ci languissait et avançait à grands pas vers la tombe. Quelques mois après, ces deux êtres aimants, dont la vie n'avait été qu'un tissu des sentiments les plus passionnés, reposaient ensemble, réunis par le sommeil de la mort. Gillion, après cette double perte, résolut de quitter le château, il se rendit aux prières du sultan qui désirait avoir main forte contre les attaques d'un ennemi. Il partit avec son fils aìné pour l'Afrique, où il succomba de la mort des héros. Il repose maintenant dans les sables brûlants de l'Orient, loin des deux êtres qu'il avait tant aimés.

LA DANSE DES CHATS.
(Louvain)

La nuit on n'était pas en sûreté au marché de Louvain. Vers minuit on entendait une grande rumeur dans l'air, des chats arrivaient de toutes parts, et se réunissaient

pour danser, chanter et boire. Ce sabbat durait une heure, et quelquefois même il se prolongeait jusqu'à l'aurore. Alors les chats se dispersaient et tous disparaissaient dans les airs.

Un habitant de la ville s'étant oublié au cabaret, assez tard dans la nuit, voulut traverser le marché pour retourner chez lui; la place était encombrée de chats qui se tenaient par les pattes de devant et dansaient autour d'un vaste buffet tout couvert de verres et de bouteilles de vin. Après la danse, tous ces animaux sautaient sur les tables, prenaient les verres et buvaient, puis retournaient à leur place. A ce spectacle, le malheureux louvaniste se crut perdu, il essaya de prendre la fuite, car il aurait voulu être à cent lieues de là. Mais il était trop tard; dans ce moment, il fut entouré de toute la bande, et un petit chat tenant un verre plein, s'avança vers lui et le lui présenta en disant: Tiens, bois un petit coup avec nous! . . Allons, bois."

Je vous laisse à penser dans quelle angoisse se trouva le pauvre homme. Une sueur froide lui couvrait le visage, à peine eut-il assez de force pour répondre: Non, je ne veux, je ne puis, je ne saurais boire!"

Les chats sans avoir égard à ce refus, firent comme s'ils n'eussent pas compris, ils s'approchèrent de plus en plus de lui et le petit lui criait toujours: „Tiens, bois un petit coup avec nous! . . . Allons, bois.

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Le malheureux ne savait plus où il en était. Il leva la jambe le plus haut qu'il put, et tàcha de marcher sur

la pointe des pieds, car il craignait de faire mal à quelqu'un de la bande; mais il avançait avec tant de peine, que bientôt le désespoir s'empara de lui. Une démangeaison le fit éternuer, ce fut son bonheur, car dans ce cas il avait l'habitude de dire, Dieu vous bénisse. A peine eut-il prononcé ces mots, que toute cette bande infernale disparut en poussant d'horribles hurlements.

On racconte beaucoup de choses semblables des chats. Aux environs de chaque village il y avait un endroit où les sorcières se réunissaient sous la forme de ces animaux, pour tenir sabbat. Le lendemain on voyait dans le gazon un grand cercle d'herbe brûlée. Souvent ils se hazardaient à s'introduire dans les maisons, mais ils en sortaient rarement la peau intacte.

De semblables scènes avaient lieu dans un vieux château des Flandres, de sorte que personne n'osait y rester et qu'il demeura longtemps vide. Un vieux soldat passa un jour par ce village, il avait flairé la poudre et ne craignait ni le diable ni l'enfer. Il éclata de rire, quand on lui racconta les histoires de ce château abandonné.

"Si personne n'ose y rester, dit-il, moi je m'y rendrai et je verrai, si je puis venir à bout de cette race. de démons."

Les paysans lui conseillèrent de ne pas faire le fanfaron, lui disant qu'il n'était pas sûr d'en revenir sain et sauf.

Mais le propriétaire du château lui dit :

"

Essaie mon ami, et si tu mets un terme à ces enchan

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