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Ah bah? lune, répondit le m'aitre d'école. Régarde la lune reparait et cependant le disque est parti.

Voyons, voyons, reprit le vérétinaire et ils jetèrent les yeux sur la rivière, le disque avait reparu.

Ah oui, c'est bien la lune, dit le maître d'école. Oui, oui, c'est la lune. Et bras dessus bras dessous ils s'en retournèrent à la maison.

II. Combien les nuits sont longues
à Namur.

Dinant envoya un jour à Namur une députation composée du bourgmestre, échevins et secrétaire, par conséquent les plus sages et les plus instruits de la cité.

Comme ils devaient y assister à une fête brillante, ils avaient emporté avec eux leurs plus beaux costumes, afin d'y représenter dignement la ville de Dinant.

Arrivés à Namur la veille de la fête ils furent installés dans un hôtel, mais tous les logements étant pris, ils durent se contenter d'une grande chambre à coucher pour eux tous. C'était des gens fort accommodants, ils acceptèrent sans se plaindre.

Après avoir dormi un temps notable, l'un d'entr'eux se dresse et dit:

Ah, voyez, comme il fait encore obscur; les nuits sont longues ici.

Comment et toi aussi tu es éveillé? répondirent les autres. Lève-toi, et va voir à la fenêtre quel temps il fera demain.

L'individu se leva aussitôt, ouvrit une fenêtre et dit: Je ne vois pas la moindre étoile dans le ciel, le temps est à la pluie.

Puisqu'il fait nuit encore, dit le bourgmestre, continuons à dormir un peu. Et il se retourna sur l'autre oreille. Environ une heure après, le bourgmestre dit:

Monsieur le secrétaire, en vertu de mon pouvoir, je vous ordonne d'ouvrir la porte et d'aller parmi toute la maison à la recherche d'un bout de chandelle, vous me l'apporterez ici allumée; j'ai encore six lignes de mon discours à apprendre par coeur.

Le secrétaire longea les murs en tâtonnant et trouvant une porte il l'ouvrit, mais il fesait encore plus noir à la porte qu'à la fenêtre.

Il n'y a pas de lumière dans la maison, dit alors le secrétaire.

J'en conclus, répond le magistrat que les gens de l'hôtel sont encore plongés dans le sommeil, faites comme eux par mon autorité, je vous l'ordonne.

Chacun essaya de se rendormir, mais la chose fut impossible.

Ah que les nuits sont longues ici, dit de nouveau un échevin.

Et moi je meurs de faim, répondit un autre.

La soif me dévore, dit un troisième.

Ah, que je voudrais être hors d'ici, dit un quatrième. Si sela dure encore longtemps, dit un cinquième je vais éveiller les gens de la maison. Mais le bourg

mestre intervenant dans cette conversation, dit d'un ton sévère:

Par mon autorité je vous ordonne de vous tenir tranquilles comme il convient à de bons bourgeois qui aiment l'ordre. Si vous ne vous rendormez de suite, vous serez punis à notre retour dans notre chère ville natale.

Ces messieurs firent leur possible pour obéir et dormirent encore pendant quelque temps. Lorsqu'ils s'éveillèrent, le bourgmestre alla lui-même regarder par la fenêtre et par la porte, mais l'obscurité était profonde. Ah! que les nuits sont longues ici! dit il en poussant un profond soupir. La faim me ronge!

Moi aussi, moi aussi, répondirent tous les échos; et tous sautèrent à bas du lit, mirent leurs bottes et parcoururent la chambre.

Je veux sortir d'ici, dit le secrétaire en ouvrant-la porte, son pied heurte quelque chose, il veut se retenir à la porte, mais il tombe en arrière entraînant sur lui une grande armoire.

La maison croule! La maison croule! s'écrient les autres en se culbutant.

Au même instant le bruit d'une clef tournant dans une serrure se fait entendre de l'autre côté de la chambre, la porte s'ouvre et un jour éclatant pénétre dans l'interieur.

Cette maison est un refuge de sorcières, s'écrie le bourgmestre et tous les autres se cachent; cependant au lieu d'une sorcière, c'est l'hôtelier qui parait sur le seuil de la porte et leur dit d'une air étonné:

Eh quoi! messieurs, vous êtes encore ici? Pourquoi ce vacarme épouvantable, que signifie cette armoire renversée?

Le bourgmestre et toute sa suite se frottent les yeux et d'une voix demandent:

Quelle heure est-il, et la fête va-t-elle commencer bientôt ?

La fête? Eh bon Dieu, il y a deux jours qu'elle a eu lieu! répond l'hôte étonné.

Elle a eu lieu! s'écrie le bourgmestre. Alors jetant les yeux sur la fenêtre ouverte, ils s'aperçoivent à leur grande confusion que les volets étaient fermés et qu'ils avaient pris la porte d'une armoire pour la porte de la chambre.

Nos personnages désappointés conjurent l'hôte de ne point divulguer leur sommeil de trois nuits et après s'être bien restaurés ils reprennent honteux et confus le chemin de leur chère ville natale. Cependant l'hôte n'était pas ennemi du commérage, bientôt toute cette histoire fut attachée à la grosse cloche, et encore aujourd'hui les Dinantais ont à souffrir mille quolibets à cause de cette malheureuse expédition.

LES TROIS DAMES DE CRÈVECOEUR.
(Bouvignes. Vallée de la Meuse.)

Une belle route longeant la Meuse nous conduit à Bouvignes où les regards sont attristés par les ruines

sombres et mélancoliques qui apparaissent encore sur le sommet de la colline.

Ce château fut assiégé en 1554 par le duc de Nevers et les Français serrèrent les assiégés de si près, que ceux-ci furent contraints de se refugier dans une des tours portant le nom de Crèvecoeur.

Parmi les assiégés se trouvaient trois femmes qui avaient juré de mourir plutôt que d'abandonner leurs époux. Elles se montrèrent aussi courageuses et aussi vaillantes que les plus valeureux chevaliers; tantôt empressées à prodiguer des soins aux blessés, tantôt lançant du haut de l'escalier des pierres aux ennemis pour leur faire abandonner leur projet de prendre le château.

Enfin elles firent des prodiges de valeurs pour défendre vaillamment la place.

Mais les Français revenaient toujours à la charge, quoiqu'à chaque assaut ils perdissent des centaines de soldats. Les assiégés furent bientôt privés de leurs plus vaillants défenseurs, de sorte qu'à la fin il ne resta plus que les trois dames et leurs époux.

Les Français s'aperçurent bien à la mollesse de la défense que les assiégés n'étaient plus très-nombreux, ils se préparèrent donc à une dernière attaque.

Ils furent longtemps avant de pouvoir s'approcher de la porte d'entrée, car pendant que les trois héroïnes fesaient pleuvoir sur eux une grêle de pierres, les chevaliers lançaient des flèches qui toutes étaient funestes à l'ennemi. Tout-à-coup un grand bruit retentit de l'autre côté

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