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le conduisit à la salle d'armes ou se trouvaient les objets demandés, le grand filet en fer, le chaperon, et le poignard des nains. Après avoir adressé au ciel une ardente prière, Wolfram alla prendre du repos et le matin sa première action fut encore d'invoquer le secours du ciel.

Après avoir assisté au saint office dans la chapelle du château, il reçut la bénédiction du prêtre, puis ayant tout disposé pour sa périlleuse entreprise, il se mit à gravir le rocher.

Il était près de midi lorsqu'il atteignit le sommet de la montagne. Le géant se jeta par terre avec grand fracas pour faire sa méridienne. La jeune dame cherchait des yeux son libérateur. Quelle fut sa joie en l'apercevant! elle lui fit signe de s'approcher, il obéit et elle lui prit promptement le filet en l'invitant à se couvrir du chaperon ce qu'il fit et au même instant il devint invisible pour elle.

Elle étendit alors le filet et cria au géant :

Viens de ce côté - ci, mon ami, je te prépare une couche très-molle.

Transporté de joie à ces paroles, le géant crut que la damoiselle voulait enfin céder à sa tendresse, il courut tout-content de l'autre côté de la montagne et se coupa un sifflet. Pendant ce temps, la jeune fille étendit le filet, et le recouvrit de mousse et de fleurs.

Le géant reparut bientôt en sifflant, et se coucha sur ce matelas improvisé. Il ne tarda point à s'endormir profondement. Alors la dame fit signe à Wolfram qui

sauta de l'autre côté et tira le filet, de sorte que le géant

se trouva pris.

Maintenant il s'agit de le lier, dit la dame, mais Wolfram leva le poignard et lui fit de profondes blessures. Le monstre interrompu dans son sommeil voulut se lever, il en fut empêché par le filet; il fit tous ses efforts pour se dégager, en poussant d'horribles hurlements.

Wolfram frappait toujours de sorte que le géant nageait dans son sang. Wolfram voyant les forces du monstre épuisées, se glissa derrière lui, le roula jusqu'au bord de l'escarpement, et le précipita dans la Semoi, au fond de laquelle son corps, déchiré par les pointes de rochers, n'arriva qu'en lambeaux. Ivres de joie, ils se jettent dans les bras l'un de l'autre. Tous deux rendirent grâce à Dieu et Wolfram ayant détaché la chaine de la belle, la conduisit au village de Bouillon, où tout était déjà préparé pour leur réception. Trois jours après les fiançailles, on célébrales noces et les époux partirent pour les Ardennes, où ils séjournèrent pendant quelque temps. De retour à Bouillon, ils firent bâtir à l'endroit où la jeune dame fut si longtemps captive, le magnifique château, dont on voit encore les restes, et ils y passèrent des jours pleins de charmes et y moururent pieusement et paisiblement, entourés de leurs nombreux enfants et petits-enfants.

Godefroid de Bouillon dont la gloire vit dans les chansons et les légendes, est un de leurs descendants.

(La vallée de la Meuse.)

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La ville de Dinant dans le pays de Namur jouit d'une réputation analogue à celle de Kraehwinkel et de Schoeppenstadt en Allemagne: Les Dinantais passent, à ce que l'on dit, (car je n'oserais le garantir) pour de véritables béotiens ou des Souabes, comme on veut.

La célèbre inscription du pont de Dinant:

"Ce pont fut construit ici."

en est une preuve suffisante. Si vous ne l'admettez point les Namurois vous raconteront une foule d'anecdotes attestant le génie étonnant des Dinantais, et vous serez forcés de convenir que ces braves gens pourraient bien avoir reçu un coup d'aile.

Nous racontons fidèlement quelques unes de ces petites farces, sans toutefois en garantir la réalité, car elles n'ont d'autre fondement que la voix populaire.

I. Comment un cheval de Dinant avala

un disque en or.

Un maître d'école de Dinant retournait un soir assez tard à la maison. Arrivé au milieu du fameux pont déjà cité il vit tout-à-coup dans la rivière un grand disque d'un beau jaune d'or; détournant aussitôt son cheval, il descendit dans l'eau, car il ne voulait pas laisser là ce beau disque en or.

Lorsqu'il en fut tout près, le cheval poussa la tête

dans l'eau pour boire, et lui étendant la main voulut prendre le disque, mais il avait disparu.

Irrité au dernier dégré il frappa si violemment son cheval derrière les oreilles, que le pauvre animal en perdit la vue et l'ouïe. Sa mauvaise humeur éclata par un jurement énergique.

Sotte bête, dit-il, je t'apprendrai moi à m'avaler un tel trésor. Mais attends, je te le ferai bien rendre ce diable de disque.

En disant ces mots il fit remonter son cheval et retourna à la maison fermement convainçu que l'animal avait avalé le disque en or.

Le lendemain il fit venir un vétérinaire auquel il confia son aventure; celui-ci donna au cheval des laxatifs tellement violents qu'en moins de huit jours on eut pu faire des études anatomiques sur le corps de la pauvre bête sans devoir le disséquer; et cependant le disque en or ne voulait pas sortir.

Enfin, dit le vétérinaire, êtes-vous bien sûr que le cheval ait avalé le disque.

Je le jurerais cent fois, répondit le maître d'école. Eh bien, il ne nous réste donc qu'un seul moyen de l'avoir.

Et lequel?

C'est de tuer l'animal.

Soit, dit le maître, faites- cela. La pauvre bête fut tuée, disséquée, mais ô malheur, le disque en or ne s'y trouva point.

Le malheureux pédant était inconsolable; il se trouvait encore le soir à la même place avec son vétérinaire. Rendous-nous, au pont, dit enfin celui-ci, et montrezmoi la place où se trouvait ce disque en or.

Cela peut se faire, dit le maître d'école, les larmes aux yeux; et tous deux allèrent au pont.

Il fesait déjà nuit lorsqu'ils y arrivèrent. Le maitre d'école conduisit le vétérinaire au milieu du pont pour lui indiquer l'endroit, mais tout-à-coup il s'écria:

En vérité c'est de la diablerie, tiens le voilà encore. Le vétérinaire regarda, et vit effectivement le disque dans l'eau.

Pendant que le maître d'école appuyé sur le parapet du pont regardait fixement le disque. Le vérétinaire se grattait l'oreille, puis le menton dans une main et le coude dans l'autre il porta les yeux en l'air. La lune brillait dans tout son éclat, mais un petit nuage le seul qui fut dans le ciel, s'appochait insensiblement de l'astre de la nuit et finit par le couvrir entièrement.

Il a encore une fois disparu, s'écria aussitôt le magister, je vous l'avais bien dit que c'etait de la diablerie.

Un trait de lumière traversa soudain le crâne épais du vétérinaire.

Ecoute, compère, dit-il en fronçant le sourcil, veux tu savoir une chose. Te voilà bien trompé avec ton disque en or. J'ai la conviction que ce n'est autre chose que le reflet de la lune dans l'eau.

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