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Le tilleul est encore très-honoré à Assche, et en commémoration de ce miracle, une fête y a lieu encore tous les ans, et la sainte hostie exposée y attire de nombreux pélerins.

LA REINE PAÏENNE.

(Tilly près de Bruxelles)

Non loin de Waterloo, près du village de Borsy qui vit naître Godefroid de Bouillon, est situé le petit village de Tilly.

A ce nom qui ne se rappelle le cruel destructeur de Magdebourg? c'est là qu'il vit le jour.

Il n'y a que peu d'années qu'on voyait encore à Tilly les ruines d'un beau château dont il ne reste plus de traces aujourd'hui; ces magnifiques ruines offusquaient le propriétaire qui de sa maison moderne n'en pouvait soutenir l'aspect.

Ce château appartenait aux seigneurs de Moorebeke, une des plus anciennes familles de la Belgique. Un d'entre eux nommé Godefroid, accompagna le héros de Bouillon en Palestine, où il se distingua tellement que sa rénommée s'étendit au loin.

L'armée des croisés était encore campée dévant Jé– rusalem, quand une troupe de Sarrazins fondit sur eux à l'improviste, pour détrôner le roi qui commandait dans la ville. L'attaque principale fut dirigée sur le camp de Godefroid de Moorseele. Celui-ci, aussi ferme dans sa

cuirasse que l'escargot dans sa coquille, s'élança un des premiers au combat et attaqua un jeune Sarazin d'une beauté merveilleuse. La jeunesse et les charmes séduisants de cet adversaire lui inspirant de la pitié, il fit ce qu'il put pour gagner de temps. Ses gens s'en aperçurent et enveloppèrent le jeune guerrier qui fut fait prisonnier. Entretemps les Sarazins furent dispersés, et Godefroid fit conduire son captif dans sa tente.

Arrivé là, le jeune homme s'évanouit et une paleur mortelle couvrit ses traits.

Aussitôt deux serviteurs coururent à une citerne voisine pour chercher de l'eau, pendant que le seigneur de Moorbeeke désarmait le jeune homme ou plutôt la jeune femme, car au grand étonnement de Godefroid, de longues nattes de cheveux tombèrent sur ses épaules lorsqu'on lui ôta son casque.

L'eau fraiche ne tarda pas à rappeler la prisonnière à la vie. Tout le monde lui témoigna les plus grands égards. Les meilleurs médecins de l'armée furent appelés pour panser une blessure qu'elle avait reçue au bras gauche et en peu de temps elle fut entièrement rétablie.

Laissez-moi retourner vers mon peuple, dit-elle un jour au chevalier, je vous en supplie. Je ne prétends point partir sans rançon; je vous en promets une forte, car l'Egypte honore trop sa reine pour la racheter avec une petite somme. Demandez ce que vous voulez, on vous le donnera.

Noble reine, répondit Godefroid, vous me donneriez

le ciel et la terre p our rançon que je ne vous laisserais point aller; je mourrais plutôt que de me séparer de vous. Avant même de vous connaître, lorsque vous parutes devant moi pour me combattre, une voix intérieure m'ordonnait de vous épargner, et lorsque je découvris que vous étiez femme, l'amour le plus violent s'empara de mon coeur. Depuis ce temps, il me semble être le bassin d'une source d'où se précipite mon amour, comme un torrent de cristal pour inonder votre tête si chère, et je m'écrie à chaque instant: Ah plongez vous dans cette source profonde, et que ses ondes se referment pour toujours sur votre tète.

Non, répondit la reine en secouant tristement la tète, je ne pourrais vous aimer, car mon coeur appartient déjà à un autre homme auquel je veux rester fidèle.

Le seigneur Godefroid la quitta désolé, mais l'avenir lui apparaissant tout en rose, il continua à avoir pour elle les plus tendres attentions et à lui témoigner tous les égards dùs à son rang. La conquête de Jérusalem achevée, il emmena cette malheureuse princesse à son chateau de Tilly et lui ayant donné le plus bel appartement pour demeure, il lui témoigna toujours beaucoup d'amour, mais sourde à ses prières elle n'y répondit jamais que par ces mots:

Ah! laissez-moi retourner chez mon peuple.

Cette éternelle résistance finit par vexer le seigneur, Godefroid qui lui fit un jour entendre des menaces assez dures. Elle n'en tint aucun compte, et lorsque Godefroid fut párti, elle s'enferma dans son appartement.

Le lendemain rien ne s'y fit entendre, midi approchait déjà et malgré les coups redoublés de ses femmes, la porte restait fermée. Alors Godefroid la fit enfoncer. Quel spectacle se présente à ses yeux! La reiné étendue morte sur son lit! Elle s'était décidée à se priver de la vie au moyen d'un poison subtil qu'elle portait dans une bague.

La douleur de Godefroid fut inexprimable. Il fit embaumer la princesse comme on le fait dans son pays, et afin de l'avoir toujours devant les yeux, il l'enferma dans un cercueil de verre. Il båtit ensuite une belle chapelle et y déposa le cercueil sous le maître-autel.

La malheureuse reine y reposa jusqu'à l'époque de la révolution française. Alors les mains sacrilèges de l'impiété étrangère l'arrachèrent à sa fragile demeure.

L'EMPEREUR CHARLES.

(Bruxelles-Mons.)

Trois personnages dans les annales de la Belgique ont le privilège d'intéresser à un très-haut degré le peuple, qui vit pour ainsi dire avec leur souvenir et qui ne peut faire un seul pas sans rappeler quelque trait de leur vie. Ce sont: Jules César, Charles V., et Marie-Thérèse.

Demandez à un bon villageois qu'il vous raconte un ancien événement: Quand cela a-t-il eu lieu? Il est certain qu'il vous répondra: Du temps de Jules César, ou de l'empereur Charles ou lorsque Marie Thérèse vivait.

De telles réponses prouvent combien ces êtres ont frappé l'imigination du peuple.

César, héros puissant qui vit encore dans nos légendes et dans un grand nombre de nos ruines; Marie-Thérèse douce et excellente femme, véritable mère de son peuple dont les vieillards ne parlent qu'en versant des larmes. A ses côtés apparait l'empereur Charles. Le peuple regarde l'une avec un saint respect comme une madonne; il révère dans l'autre le bon père de famille qui réunit à la fois les qualités d'un héros, d'un prince, et d'un homme véritablement populaire. Il ne méprisait point la société des paysans et des bourgeois, et se mêlait souvent à eux; quelquefois même il donnait sujet à des incidents si comiques qu'on aurait peine à les croire, s'ils n'étaient consacrés par la naïve tradition populaire, tradition qui nous a fait connaître également l'histoire de ce célèbre et ancien bourgeois de Bruxelles dont nous avons déjà fait mention.

Nous avons sur la vie de Charles V. un recueil de traits curieux et amusants, qui est devenu un véritable livre du peuple; il n'est point de paysan qui n'en possède un exemplaire. Outre cela il existe encore une foule de légendes sur Charles et chaque ville, chaque village a les siennes.

L'empereur habitait depuis longtemps Bruxelles; il se promenait souvent dans les rues et sur la place, il causait familièrement avec chacun et avait une bonne parole pour tout le monde.

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