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En disant ces mots il retira la tête, la porte se referma, et l'enfant resta comme cloué à la place en continuant effectivement comme le vieillard le lui avait dit.

La nuit était déjà avancée, et le petit ne revenant pas à la maison, le seigneur commença à concevoir des craintes sérieuses. Il envoya des serviteurs par toute la ville pour savoir ce que son fils était devenu, mais ce ne fut que le lendemain matin que ses petits camarades lui en apportèrent des nouvelles. Il courut aussitôt à la demeure de l'ermite, où il trouva l'enfant toujours occupé à suivre les ordres du vieillard. Plein de joie de le revoir, le père l'embrassa et le baisa tendrement. Mais l'enfant ne répondit pas à ces transports de joie, et il resta en place sans prononcer une seule parole.

Le malheureux seigneur joignant les mains avec désespoir, tomba à genoux et implora la clémence de Dieu pour qu'il fit cesser la punition de son fils; mais au même instant l'ermité poussant la tête par la porte entr'ouverte, lui dit avec sévérité:

,,Souviens-toi des paroles de Ste. Gudule. Il n'y a point de grâce pour ton fils, il fera de toute éternité ce qu'il fait actuellement. Prends - le avec toi, et mets-le dans une cabane afin qu'il soit à l'abri des intempéries des saisons. Quant à toi, persévère dans ton repentir, peut-être est-il encore temps de te sauver."

Le seigneur se jeta à terre et fit entendre des plaintes qui eussent ému un rocher, mais le vieillard retira la tête et ferma la porte.

Il ne restait à ce père inconsolable, qu'à transporter son fils à Bruxelles. Comment d'écrire le désespoir de sa malheureuse mère. Elle dut se résigner, elle qui avait toujours vécu dans la prospérité. Le temps seul parvint petit-à-petit à la consoler de ce malheur.

Le père voulut toujours avoir son enfant devant les yeux, d'abord parce qu'il l'aimait encore beaucoup, ensuite pour ne pas oublier son crime, et pour ne point retomber dans de nouvelles fautes. Il fit, comme le lui avait dit l'ermite, bâtir une petite niche devant sa fenêtre de sorte que tous les enfants pouvaient le voir.

Les chairs de l'enfant se durcirent de jour en jour et il finit par être entièrement changé en pierre.

Le seigneur et sa femme moururent après avoir parcouru une longue carrière. Bruxelles s'agrandit et s'embellit de jour en jour; on y fit de nombreux changements, mais persoune n'osa toucher au Manneken-pis; il resta toujours dans sa petite maison que l'on convertit en une espèce de niche et donna de l'eau, comme le lui avait ordonné le religieux.

Le Manneken - pis acquit une telle célébrité, que l'on accourait de tous les points du pays pour le voir. Aussi les autres villes enviaient-elles ce trésor. C'est pourquoi les Anversois le volèrent un jour, et l'établirent dans leur ville à côté du chef-d'oeuvre de Quintin Metsys ce célèbre forgeron que l'amour rendit peintre; ils ne jouirent pas longtemps de leur capture, car peu de temps après, quelques Bruxellois passant

par là reconnurent leur compatriote, et le reprirent

avec eux.

Le temps qui ravage tout n'ayant pas non plus respecté Manneken pis; la ville décida en 1648 qu'il serait remplacé par une petite figure semblable. On confia ce travail au célèbre Duquesnoy qui coula en bronze une statuette exactement comme la primitive. La ville fit aussi présent à son plus ancien bourgeois rajeuni, d'un magnifique costume entièrement à la mode du jour. En 1698 l'empereur Maximilien lui donna un autre habit beaucoup plus beau, et ce qui plus est, il le créa chevalier de tous ses ordres.

Le Manneken-pis peut encore se glorifier d'une autre visite impériale. Pierre-le-grand quittant son chantier dit: ,,Puisque Manneken-pis ne me fait pas l'honneur de venir me voir, je veux lui faire ma visite."

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De même que les Anversois, les Anglais tentèreut aussi de s'approprier le Manneken-pis; mais ils ne purent le transporter que jusqu'à Grammont. Il y fut retrouvé dans une charrette-à-pain; on le prit et on le cacha jusqu'à ce que les Anglais fussent partis; alors on lui bâtit un petit monument au milieu de la place. Les Bruxellois ne tardèrent pourtant pas à venir le rechercher en triomphe et permirent seulement aux habitants de Grammont de faire fondre une statuette semblable qu'on peut encore voir dans cette ville.

En 1747 il faillit encore d'être enlevé par deux gardes de Louis XV., mais cette fois il ne sortit point de la

ville. Le roi pour réparer cette faute, lui envoya, avec un superbe uniforme, la croix de l'ordre de St. Louis. Maintenant pendant les jours de Kermesse on entoure sa niche de fleurs et de guirlandes et on le pare d'un uniforme de garde civique bruxelloise.

C'est le plus bel exemple d'un bourgeois calme et honnête. Remplissant toujours ses devoirs avec exactitude, utile à ses voisins, il regarde de son piédestal Wallons ou vrais Flamands avec le même amour et la même bonté. Ses habits somptueux et ses décorations, ne l'enorgueillissent point, ses occupations ne furent jamais interrompues, et malgré les changements de gouvernement que subit la Belgique qui appartint successivement à l'Espagne, à l'Autriche, à la France et à la Hollande, Manneken-pis ne quitta jamais son pays, mais lui resta toujours fidèle.

LE MESSAGE DES ANGES.

(Bruxelles.)

Le duc d'Albe était un homme sanguinaire et eruel. Son meilleur ami était le bourreau, son seul plaisir, le meurtre. Tout le monde connait de quelle affreuse manière il traita les infortunés comtes d'Egmont et de Horn. Le bûcher étalt réservé aux partisans de la nouvelle doctrine; on leur attachait un sac de poudre sur la poitrine et lorsque la flamme la faisait détonner, le duc et son conseil sanguinaire s'écriaient: „Voilà, le diable qui enlève l'âme

de l'hérétique!" De prétendus sorciers et sorcières périrent dans les plus affreux tourments, les uns furent brûlés ou pendus, les autres enterrés tout vifs, sciés on écartelés.

Quelques temps après le martyre d'Egmont, un seigneur bruxellois fut arrêté et emprisonné parce qu'il passait pour l'ami du comte, pour le confident de Horn et pour un partisan secret du prince d'Orange. Entre temps sa malheureuse épouse versant des larmes brûlantes, priait Dieu jour et nuit, avec ses petits enfants, pour qu'il lui rendit son époux.

Un soir la pauvre mère priait agenouillée avec ses enfants devant l'image de la sainte Vierge et les enfants répondaient: Sainte mère de Dieu - priez pour nous → consolatrice des affligés - priez pour nous.

nous rende notre père

--

priez pour nous

de Dieu qui effacez les péchés du monde

de nous! Jésus-christ

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Que Dieu Agneau ayez pitié

ayez pitié de nous!

Tout-à-coup les yeux de la soeur cadette brillèrent d'un éclat divin Regarde donc, maman, s'écria-t-elle; les petits anges qui jouent toujours avec moi pendant mon sommeil, descendent là bas sur cette grande maison, et entrent par la fenêtre ouverte!" La mère regardant de ce côté: „Ce ne sont pas les anges, mon enfant, ce sont les étoiles qui tombent du ciel sur cette terre arrosée du sang de tant de victimes. -" Non, maman, ce sont les petits anges, je les connais trop bien, s'écria l'enfant

et tous les autres répétèrent: Oui, oui, ce sont les petits anges, avec leurs cheveux blonds et leurs ailes

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