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bien se noyer le lendemain, s'il jugeait encore la chose nécessaire, et tout en rèvant à l'avenir, il arriva à la maison.

Le lendemain il se rendit à la même heure, près de la montagne aux nains, et ne voyant aucune trace du cobold: J'attendrai un instant, se dit-il et se laissant tomber sur l'herbe, il se releva presqu'en même temps en criant aïe! aïe! Il était tombé sur quelque chose de si dur, qu'il croyait quetoutes ses côtes en étaient brisées. Tout en colère il rechercha la cause du mal; ò bonheur, un sac qu'il put à peine soulever était couché dans l'herbe! Il l'ouvrit et de beaux florins d'or nouvellement battus roulèrent dans sa main. Les ayant comptés aussitôt, il y trouva les dix mille florins.

Quel être était maintenant plus heureux que notre villageois? Il eût désiré remercier le bon cobold pour ce riche présent, mais il cut beau l'appeler, il ne le revit plus. Voyant que ses cris ne servaient à rien, il courut en toute hate à la ferme et compta à son maître les dixmille florins, et épousa la fille. Après la mort du père il hérita de tous ses biens et continua la ferme où on peut le visiter encore aujourd'hui, s'il n'est pas mort.

LES DEUX PÊCHEURS.
(Ostende.)

Il y avait une fois un pêcheur on ne peut pas plus diligent; il pêchait du matin au soir cependant la fortune semblait le fuir, il restait pauvre; et pour comble de

malheur, il perdit, en un an de temps, sa femme et son unique enfant; seul au monde désormais, il pensait mourir de désespoir. Toutefois plein de confiance en Dieu il se consola.

Tout ce que Dieu fait, dit-il, est bien fait. II supportait tout avec courage et résignation. Un soir c'était la vieille de la fète de St. André, patron de notre pêcheur -il se promenait tout seul sur la plage n'ayant rien de mieux à faire, et réfléchissant à son malheureux sort. Le chagrin le dominait tellement que des larmes coulèrent de ses yeux et de gros soupirs sortaient de sa poitrine. Dans sa rêverie il ne se doutait point que la nuit était déjà assez avancée. Ce ne fut qu'assez tard que, s'apercevant de l'obscurité, il résolut de retourner dans sa cabane. Mais tout-à-coup il vit une sorte de feu follet s'agiter au dessus de la mer, gagner ensuite la plage et se perdre dans les débris d'une ancienne hutte de pècheur.

Notre pêcheur avait souvent entendu dire que de semblables feux-follets désignaient des trésors ensevelis dans les ondes. Mais il était trop craintif pour en rechercher les causes. C'est pourquoi tournant le dos à cette petite lumière, il prit le chemin de sa cabane.

Lorsque tout-à-coup il s'entendit appeler par son nom et se retournant aussitôt, il aperçut sur les débris de la cabane un petit vieillard fort pâle et vêtu d'une manière singulière, qui le regardait d'un air compâtissant: "M'avez-vous appelé, Monsieur ?" demanda le pêcheur.

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,,Dites-moi, je vous prie, en quoi je puis vous être utile." „André, répondit le vieillard, tu es si à plaindre que je m'intéresse à ton sort, je veux te rendre riche." Ces paroles effrayèrent le pêcheur qui crut avoir à faire au diable en personne, il se signa aussitôt et dit: „Non, je n'ai pas besoin de ton secours; j'aime mieux être pauvre toute ma vie que de recevoir de l'argent de ta main." ,,Tu penses que je suis le démon," dit le vieillard en souriant,,,tu te trompes pourtant; aie confiance en moi et tu verras que tout ira bien. Tiens, prends cet anneau et reviens ici dans trois jours; vers mimuit entre dans la mer et avance jusqu'à une portée de fusil de la plage. Tu trouveras trois pots retournés, tu soulèveras celui du milieu, et l'âme d'un pauvre noyé qui y était renfermée sera sauvée; reviens ensuite le plus vite que tu peux, et ne t'embarasse pas de ce que tu verras ou entendras; je te récompenserai largement de cette action, et tu deviendras l'homme le plus heureux de la terre."

Après ce discours, le petit vieillard disparut, et un vieil anneau rouillé tomba aux pieds du pêcheur. Malheureusement il n'avait pas assez de courage pour tenter l'entreprise. Que me fait à moi l'âme d'un noyé, pensaitil, si elle a été assez sotte pour se laisser prendre sous un pot, elle n'a qu'à y rester. Pensant cela il retourna à sa cabane et ne songea plus à son aventure. Il eut tort et il eut bientôt sujet de s'en repentir; car quelques jours après il perdit le peu d'argent qu'il avait eu tant de peine à épargner depuis plusieurs années; en même

temps il tomba malade et languit pendant neuf mois à l'hôpital; lorsqu'il en sortit il était plus pauvre que Job et n'avait rien de mieux à faire qu'à mendier.

Il se retrouva sans trop savoir comment, la veille de la St. André, sur le bord de la mer à la même place que l'année précédente. La mer était loin d'être aussi calme; de grosses vagues s'élevaient et s'entre - choquaient. I ne put s'empècher de se rappeler l'apparition de l'année précédente et de regretter d'avoir ainsi jeté aux pieds son bonheur. Il ne resta pas longtemps là sans apercevoir de nouveau la petite flamme et bientôt il entendit prononcer son nom; s'étant retourné, il vit le petit vieillard qu'il connaissait déjà. Celui-ci lui renouvela la proposition qu'il lui avait déjà faite et disparut en laissant tomber l'anneau rouillé aux pieds du pècheur qui le ramassa et et le mit en poche en promettant hien cette fois de ne pas manquer d'aller dans la mer. Trois jours après il se rendit à minuit auprès des débris de la cabane et entra courageusement dans la mer; il croyait s'y enfoncer toujours de plus en plus, mais chose étrange, le contraire arriva; l'eau décrut à mesure qu'il avançait, et il finit par se trouver dans une plaine riante; plus de cent jeunes gens en fauchaient l'herbe et la rassemblaient en bottes en accompagnant leurs travaux de gais refrains. Le pécheur en reconnut plusieurs qu'il avait connus autrefois et qui s'étaient noyés. Il ne s'arrêta pourtant pas, mais continuant tranquillement sa route, il arriva devant une jolie maison d'où il vit sortir une femme charmante qui

lui dit d'une voix douce: "Ah! enfin tu viens m'épouser; voilà bien longtemps que je t'attends!" Ces paroles étaient de nature à faire perdre l'esprit à notre homme, cependant il tint bon et n'oublia pas les avertissements du vieillard qui lui recommandait de faire comme s'il n'entendait, ni ne voyait. Il courut jusqu'au trois pots renversés qui se trouvaient à une vingtaine de pas de la maison; ayant saisi celui du milieu, il le retourna au même instant la belle dame poussa un cri épouvantable et tous les jeunes gens de la plaine se précipitèrent sur le pêcheur, mais aussitôt une main puissante le saisit et l'entraîna avec tant de promptitude qu'il en perdit l'usage des ses sens.

Lorsqu'il revint à lui, il se trouvait étendu sur la plage, et ressentait une si grande lassitude dans les membres qu'il lui semblait que tous ses os étaient brisés. Ce qui le consola de ses fatigues, fut un gros sac rempli d'or et de pierres précieuses qu'il trouva à côté de lui. Il retourna tout joyeux à sa hutte qu'il ne tarda pas à faire démolir et à remplacer par une jolie maison. Peu de temps après il prit une autre femme avec laquelle il vécut heureux comme un poisson dans l'eau; tout ce qu'il entreprenait lui réussissait, et en moins de cinq ans devenu immensement riche, il alla s'établir en ville où il vécut de ses rentes.

Dans le voisinage d'André demeurait un autre pêcheur qui était aussi paresseux qu'André était actif; sa physionomie dénotait bien son caractère. Son visage était ratatiné comme une vieille prune, ses yeux étaient ceux d'un chat,

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