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„Je veux voir ce qu'il y a“, murmura la femme en ôtant ses souliers et en montant. Cela n'alla cependant pas mieux qu'avec le perruquier, car elle ne fut pas plustôt en haut qu'elle redescendit tout effarée.

Les ouvriers entendant le bruit accoururent auprès d'eux et leur demandèrent ce qui leur était arrivé, cependant ils ne purent tirer des époux effrayés que ces mots entrecoupés:,,L'ouvrier en haut allez voir."

,,Je dois cependant voir ce qui en est" dit le maître ouvrier et il monta aussi doucement que le lui permettaient ses souliers, mais il revint comme le maître et la maîtresse et les cinq autres ainsi que la servante firent tous de même.

Ils avaient vu leur compagnon endormi paisiblement pendant qu'un millier de petits hommes étaient occupés autour du métier - à - perruque, les uns à arranger les cheveux les autres à les friser et à les poudrer. Voilà la cause de leur effroi.

Ils demeurèrent encore longtemps à la même place avant de pouvoir revenir de leur terreur. Enfin le maître se releva, remit ses souliers et dit:

„Dieu me préserve de garder plus longtemps un Je cours chercher deux agents de police et un curé pour mettre fin à ces sortilèges."

tel démon dans ma maison.

„Ne faites pas cela" s'écria la femme,,,nous signalerions la chose à toute la ville, et cela aurait des suites fâcheuses pour nous. Notre maison aurait mauvais nom et Dieu sait quoi encore."

Le maître se calma, mais il résolut de renvoyer l'ouvrier le lendemain même et il sut inébranlable dans cette résolution. Personne ne sut fermer l'oeil pendant la nuit, car chacun s'attendait à voir devant lui un diable à cornes de bouc et à queue de cheval; cependant tout se passa bien trauquillement dans la maison.

Le matin, lorsque les compagnons étaient réunis pour déjeuner, la porte du cabinet s'ouvrit et l'ouvrier parut tenant la perruque à la main. Il souhaita le bonjour à tout le monde, mais au lieu de lui rendre son salut on fit le signe de la croix en évitant de le regarder.

„Voilà la perruque, maitre,“ dit-il,,,c'est, sans me flatter un chef-d'oeuvre, n'est-ce pas ?"

,,Je crois bien!" dit le maître en se signant de nouveau. "Cours seulement vite la porter, qu'elle soit hors de ma maison, le monsieur la veut le plus tôt possible.“

„Bien, je vais la lui porter" dit l'ouvrier en riant. Dieu merci, cet ouvrage de satan est hors de chez moi" dit le maître qui commençait à respirer plus librement depuis que l'ouvrier était parti avec sa perruque. Tout-à l'heure je lui donnerai son paquet."

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Il alla aussitôt à son comptoir et fit la note de ce qu'il devait à l'ouvrier. A peine l'eut-il terminée que la porte s'ouvrit et l'ouvrier rentra et dit:

,,Tenez, maître, je vous apporte le double de la valeur de ma perruque et j'ai reçu une belle couronne pour moi. Voilà ce que j'appelle mériter un salaire, hein!"

„Oui, oui, c'est bien" répondit le maître, „mets l'argent dans ta poche, je n'en veux pas.'

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„Pst,-pst, pour l'amour de Dieu!" murmura la femme. „Oui, empoche-le. Tu travailles bien, mais je n'ai plus assez d'ouvrage pour t'employer, c'est pourquoi je te donne ton congé. Tu as déjà une partie de ce que je te dois, voici le reste. Va-t-en et que le dia „Au nom de Dieu, tais-toi," dit tout bas la femme en poussant son mari.

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„Oui, oui va-t-en, et que le ciel soit avec toi!" continua le maître.

"C'est bien," dit l'ouvrier en souriant,,, mais je crains que vous ne le payicz cher plus tard." En disant ces mots il s'enfonça le bonnet sur la tête et sortit.

Entretemps les cloches de mort se fesaient entendre, le monsieur ayant sa perruque prit son chapeau et sa canne et se rendit à l'église.

Lorsqu'il s'approcha du bénitier et qu'il porta l'eau bénite à son front, tous les cheveux de sa perruque tombèrent un à un, et plus il cherchait à les retenir, plus ils tombaient, de sorte qu'il ne lui restait plus sur la tête, que le cannevas gris de la perruque ressemblant à un bonnet de nuit. Il fut accueilli par les risées de ceux qui étaient dans l'église et dans la rue, tous les gamins de la ville s'attroupèrent derrière lui pour le huer. Le pauvre négociant arriva plus mort que vif à son domicile. Il envoya aussitôt une plainte à la justice, accusa le perruquier de sorcellerie et demanda qu'on punit d'une

manière exemplaire le maître et l'ouvrier. Le perruquier se disculpa facilement en rejetant le crime sur l'ouvrier; néanmoins il perdit tout son crédit, et toutes ses pratiques l'abandonnèrent, au point qu'il se vit réduit à mendier son pain. Il pensa alors à la menace de son ouvrier, et fit des recherches pour le retrouver, afin de lui demander pardon et de le prier de le remettre en pratiques par son influence, mais tout fut inutile, il n'en entendit plus jamais parler, et le perruquier et sa femme moururent dans la plus affreuse misère.

LE COMTE BAUDOIN.

(Wynendael.) (Bruges - Ostende.)

Le comte Baudoin, le neuvième de son nom dans le comté de Flandre, aimait particulièrement le plaisir de la chasse, aussi y passait-il souvent des semaines entières.

Un jour qu'il chassait avec sa meute, n'ayant en main qu'un épieu, un énorme sanglier sortit des broussailles. Il le poursuivit longtemps, lança sur lui les chiens, mais le sanglier en éventra cinq, et il fut impossible au comte de lui donner le coup mortel.

Enfin ce seigneur sauta de son cheval et barra le passage au sanglier qui bondit avec rage vers le comte; celui-ci tint sa pique en avant, et le sanglier s'enferra par la gueule.

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Le comte s'assit plein de joie sur la bête pour se reposer, lorsqu'il entendit murmurer une source, ce qui lui

fit d'autant plus de plaisir, que le soleil donnait avec force sur sa tète; s'étant levé, il alla droit au lieu d'où partait le bruit, et il aperçut auprès du ruisseau une femme d'une si grande beauté, que son égale n'eut pas été à trouver. Le comte la salua poliment, et elle lui rendit son salut. Il dit alors:

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M'est-il permis de boire à cette source, charmante damoiselle; il fait chaud et j'ai eu une rude lutte à soutenir avec un noir sanglier."

La jeune fille lui tendit aussitôt un gobelet en or qui était suspendu à son cou par une chaînette de même métal. Le comte la remplit et la vida avec délice.

"Ce gobelet a sans doute une vertu magique," dit le comte après avoir bu,,,cette eau me semble être un vin délicieux; c'est un véritable nectar."

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,,Je vous crois" répondit la jeune fille,,,ce gobelet est un ouvrage de grand prix confectionné par d'habiles nains qui en firent présent à mon père. Celui-ci me le donna et lorsque je quittai la maison, je le pris avec moi." ‚Excusez ma curiosité, ma belle, mais dites-moi qui Vous êtes et qui est votre père," dit le comte qui se sentait pris dans les lacs de cette belle dame; il y avait quelque chose de si noble et de si distingué dans ses manières, qu'il en conclut de suite que c'était la femme qui lui couvenait et qu'il ne pouvait vivre sans elle; tant était puissante l'impression que cette apparition produisit sur lui.

,,Il ne m'est pas permis de vous dire le nom de mon père," répondit la jeune fille,,,mais sachez que c'est un

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