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on lui trouve trop d'ardeur. Sachez qu'en me déférant l'empire, vous prononcez contre moi un arrêt de mort. Mais, ce qui me console, c'est que je ne puis pas mourir seul. » Marcus Salvidienus assure que ce discours fut, tel que je le rapporte, prononcé par Saturnin, qui, du reste, était très-versé dans les lettres, car il avait étudié la rhétorique en Afrique, et avait suivi à Rome les leçons des grands maîtres.

XI. Je ne veux point dépasser les limites que je me suis assignées, mon seul but étant de faire connaître les traits principaux de sa vie. Des écrivains, je le sais, ont cru que le Saturnin dont il est ici question est le même que celui qui prit la pourpre sous Gallien; mais c'est une grande erreur, car ce dernier fut tué presque contre le gré de Probus. On dit même que ce prince lui adressa plusieurs lettres pleines de bonté, dans lesquelles il lui promettait sa grâce; mais que les soldats qui avaient été ses complices ne voulurent pas y ajouter foi. Enfin, il fut assiégé dans un château par des troupes qu'avait envoyées Probus, et y fut égorgé sans que celui-ci en eût donné l'ordre. Il serait aussi long que fastidieux de consigner ici mille frivolités sur la taille, l'embonpoint et la mine de Saturnin; sur ce qu'il buvait, sur ce qu'il mangeait nous laissons à d'autres le soin d'entrer dans ces détails, dont l'utilité nous paraît au moins contestable. Revenons maintenant à ce qui nous reste à dire.

PROCULUS.

De J.-C. 280]

XII. PROCULUS naquit à Albingaunum, dans les Alpes maritimes; il était de bonne maison, quoique ses ancêtres eussent autrefois exercé le brigandage, et lui

quas

abduxerat, satis dives. Fertur denique eo tempore quo sumpsit imperium, duo millia servorum suorum armasse. Huic uxor virago, quæ illum in hanc præcipitavit dementiam, nomine Sampso, quod ei postea inditum est: nam antea Viturgia nominata est. Filius Herennianus, quem et ipsum, quinquennium si implesset. ita enim loquebatur, dicasset imperio. Homo, quod negari non potest, optimus, idemque fortissimus; ipse quoque latrociniis assuetus, qui tamen armatam semper egerit vitam: nam et multis legionibus tribunus præfuit, et fortia edidit facta. Et quoniam minima quæque jucunda sunt, atque habent aliquid gratiæ, quum leguntur, tacendum non est, quod et ipse gloriatur in quadam sua epistola quam ipsam melius est ponere, quam de ea plurimum dicere.

« Proculus Metiano affini salutem dicit. Centum ex Sarmatia virgines cepi. Ex his una nocte decem inivi; omnes tamen, quod in me erat, mulieres intra dies quindecim reddidi. »

Gloriatur, ut vides, rem ineptam, et satis libidinosam; atque inter fortes se haberi credit, si criminum densitate coalescat.

XIII. Hic tamen, quum etiam post honores militares se improbe et libidinose, tamen fortiter ageret, hortantibus Lugdunensibus, qui et ab Aureliano graviter contusi videbantur, et Probum vehementissime pertimescebant, in imperium vocitatus est, ludo pæne et joco, ut Onesimus dicit: quod quidem apud nullum alium

même, par le bétail, les esclaves et les nombreux objets qu'il s'était appropriés, s'était fait une fortune assez considérable. On rapporte qu'il arma deux mille de ses esclaves au temps où il prit la pourpre. Cet acte de témérité lui fut conseillé par son épouse, femme d'un caractère viril, qui avait été surnommée Sampso, et dont le nom était Viturgia. Il eut un fils nommé Herennianus, qu'il voulait, disait-il, s'associer à l'empire dès qu'il aurait cinq ans accomplis. Proculus était, sans contredit, un homme excellent et fort brave. Quoiqu'il eût été accoutumé au brigandage, il consacra sa vie aux armes : il fut tribun de plusieurs légions et s'illustra par des actes de courage. Comme les moindres particularités sont agréables et ont une sorte d'attrait quand on les lit, nous croyons ne devoir pas omettre ce dont il se glorifiait dans une lettre que nous transcrirons ici, plutôt que d'entrer sur elle dans de plus longs détails :

J'ai

<<< Proculus à Metianus, son parent, salut. pris cent jeunes filles en Sarmatie: dix, dans une seule nuit, ont partagé ma couche; et j'ai si bien mis le temps à profit, que, dans l'espace de quinze jours, je les ai toutes rendues femmes. >>

Comme vous le voyez, il tirait vanité d'un action brutale et licencieuse, et il croyait fonder sa réputation de grand homme sur un amas de crimes.

XIII. Parvenu aux honneurs militaires, Proculus continua à vivre dans le vice et dans le déréglement; toutefois, comme il était plein de courage, d'après les conseils qu'en donnèrent les Lyonnais, qui étaient fatigués de l'oppression que faisait peser sur eux Aurélien, et de la crainte que leur inspirait Probus, il fut appelé à l'empire, en jouant et comme par plaisanterie, s'il faut en

reperisse me scio. Nam quum in quodam convivio ad latrunculos luderetur 9, atque ipse decies imperator exisset, quidam non ignobilis scurra, «Ave, inquit, auguste,» allataque lana purpurea, humeris ejus ingessit, eumque adoravit : timor inde consciorum, atque inde jam exercitus tentatio et imperii. Nonnihilum tamen Gallis profuit nam Alemannos, qui tunc adhuc Germani dicebantur, non sine gloriæ splendore contrivit, nunquam aliter, quam latrocinandi pugnans modo. Hunc tamen Probus fugatum usque ad ultimas terras, et cupientem in Francorum auxilium venire, a quibus originem se trahere ipse dicebat, ipsis prodentibus Francis, quibus familiare est ridendo fidem frangere, vicit et interemit. Posteri ejus etiam nunc apud Albingaunos agunt, qui joco solent dicere, sibi non placere, se esse vel principes, vel latrones.

Hæc digna memoratu de Proculo didicisse memini. Veniamus ad Borosum, de quo multo minora condidi.

BONOSUS.
[A. U. 1033 |

XIV. BONOSUS domo Hispaniensi fuit, origine Britannus, Galla tamen matre: ut ipse dicebat, rhetoris filius; ut ab aliis comperi, pædagogi litterarii. Parvulus patrem amisit, atque a matre fortissima educatus, lit

croire Onésime car je ne sache pas que cette relation existe dans aucun autre auteur. Un jour qu'à la suite d'un repas on jouait aux échecs, il arriva à Proculus de sortir dix fois empereur; alors un plaisant qui avait le talent de l'à-propos, lui dit : « Je vous salue, auguste; » et, ayant apporté une pièce de drap de pourpre, il la lui jeta sur les épaules et le proclama empereur. Les complices ne tardèrent pas à envisager leur position, et, pour s'y soustraire, tâchèrent de gagner l'armée et de lui faire confirmer le choix qu'ils avaient fait du nouveau prince. Celui-ci, toutefois, ne fut pas inutile aux Gaulois, car il défit complétement, et non sans gloire, les Alemans, qui alors portaient encore le nom de Germains, en ne leur faisant qu'une guerre d'escarmouche. Mais Probus le poursuivit jusqu'aux terres les plus reculées, et tandis que le fugitif offrait aux Franks, dont il tirait, disait-il, son origine, son bras pour les défendre, ceux-ci, pour qui la foi du serment n'est qu'un jeu, le trahirent de là sa défaite et son supplice. Il existe encore chez les Albingaunes des descendants de Proculus; ils disent, en riant, qu'ils ne désirent être ni princes ni brigands.

Voilà tout ce que j'ai recueilli sur Proculus qui soit digne d'être rapporté. Passons à Bonose, dont j'ai moins à dire encore.

BONOSE.

[De J.-C. 280]

XIV. BONOSE naquit dans la Grande-Bretagne; il descendait d'une famille espagnole, quoique sa mère fût Gauloise. Son père, qu'il se plaisait à qualifier du titre de rhéteur, n'était, selon d'autres, qu'un simple maître d'école. Il le perdit étant encore au berceau,

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