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enfance, fut entouré presque entièrement par un serpent que l'on ne put jamais tuer. Ce que voyant, la mère avait défendu qu'on y touchât: c'était, dit-elle, un génie familier. Autre circonstance : l'empereur d'alors ayant offert au Soleil un petit manteau de pourpre, la prêtresse, dit-on, en fit un hochet pour son fils. Chose plus surprenante encore un aigle enleva de son berceau l'enfant enveloppé de ses langes, et le porta, sans lui faire de mal, près du temple sur un autel, où par bonheur il n'y avait point de feu allumé. Enfin, il raconte que dans son étable il était né un veau d'une grandeur prodigieuse, blanc, mais marqué de taches pourprées, figurant d'un côté un oiseau, et de l'autre une couronne.

v. Ces détails ne sont pas les seuls que je me rappelle avoir lus dans le même historien: il dit, par exemple, qu'après la naissance d'Aurélien, il poussa dans la cour de sa mère un rosier rouge, ayant le parfum de la rose et des pétales d'or. Plus tard, pendant ses campagnes, Aurélien lui-même eut plusieurs présages de l'empire qui l'attendait, ainsi que l'événement l'a fait voir. Comme il entrait dans Antioche, porté sur un char, à cause d'une blessure qui l'empêchait de monter à cheval, un manteau de pourpre, tendu pour lui faire honneur, se détacha et vint justement lui tomber sur les épaules. Il voulut pourtant monter à cheval, parce qu'on n'aimait pas alors à voir faire usage de chars dans les villes; et, dans sa précipitation, il sauta sur le cheval de l'empereur, qui se trouva là par hasard; puis, s'apercevant de sa méprise, il monta sur le sien. Quand il se rendit en ambassade chez les Perses, on lui offrit une coupe, comme les rois de Perse en donnent ordinairement aux empereurs elle représentait le Soleil avec les attributs

:

quo colebatur in eo templo, in quo mater ejus fuerat sacerdos. Donatus eidem etiam elephantus præcipuus, quem ille imperatori obtulit: solusque omnium privatus, Aurelianus elephanti dominus fuit.

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VI. Sed ut hæc et talia omittamus, fuit decorus, et gratia viriliter speciosus statura procerior, nervis validissimis, vini et cibi paulo cupidior, libidinis raræ, severitatis immensæ, disciplinæ singularis, gladii exserendi cupidus. Nam quum essent in exercitu duo Aureliani tribuni, hic, et alius qui cum Valeriano captus est, huic signum exercitus apposuerat, Manu ad ferrum; ut si forte quæreretur, quis Aurelianus aliquid vel fecisset, vel gessisset, suggereretur, «< Aurelianus Manu ad ferrum,» atque cognosceretur. Privati hujus multa exstant egregia facinora; nam erumpentes Sarmatas in Illyrico, cum trecentis præsidiariis solus attrivit. Refert Theoclius, Cæsarianorum temporum scriptor, Aurelianum manu sua, bello Sarmatico, uno die, quadraginta et octo interfecisse, plurimis autem et diversis diebus ultra nongentos quinquaginta; adeo ut etiam ballistea pueri et saltatiunculas in Aurelianum tales componerent, quibus diebus festis militariter saltitarent :

Mille, mille, mille, mille, mille, mille decollavimus.
Unus homo mille, mille, mille, mille, decollavimus.
Mille, mille, mille vivat, qui mille, mille occidit.
Tantum vini habet nemo, quantum fudit sanguinis.

Hæc video esse perfrivola; sed quia suprascriptus auc

mêmes sous lesquels on l'adorait dans le temple où sa mère était prêtresse. Il reçut en même temps un éléphant superbe qu'il offrit à l'empereur, et fut ainsi le seul particulier qui eut possédé un de ces animaux.

VI. Passons à d'autres détails. Aurélien était un homme de bonne mine; il avait un air mâle et imposant, une taille élevée, une constitution puissante. Il recherchait un peu trop les jouissances de la table; mais, presque étranger à d'autres plaisirs, il était extrêmement sévère, surtout grand observateur de la discipline, et sabreur par tempérament. Il y avait dans l'armée deux tribuns du même nom : lui, et un autre qui dans la suite fut fait prisonnier avec Valérien. Celui qui nous occupe, avait reçu des soldats le surnom de Bonne lame; aussi, quand on demandait lequel de ces deux officiers avait fait telle ou telle chose, si l'on répondait : « C'est Aurélien la bonne lame,» tout le monde comprenait. On rapporte de lui, avant qu'il fût empereur, des exploits remarquables. En Illyrie, avec trois cents garnisaires seulement, il dissipa une invasion de Sarmates. Theoclius, auteur d'annales impériales, rapporte que, dans la guerre contre les Sarmates, il en tua quarantehuit en un jour, et qu'en plusieurs fois, dans un certain espace de temps, il en tua plus de neuf cent cinquante. C'est au point que, les jours de fête, on entendait les enfants chanter, en dansant des pas militaires, ce refrain bien connu :

<< Mille, mille, mille, nous en avons tué mille.
Mille, mille, mille, un seul en a tué mille.

Mille ans, qu'il vive mille ans, celui qui en a tué mille!
Personne n'a autant de vin, qu'il a versé de sang. »

Ce sont là de frivoles détails, je le sais; mais, comme

tor ita eadem, ut sunt, Latine suis scriptis inseruit, tacenda esse non credidi.

VII. Idem, apud Maguntiacum, tribunus legionis sextæ Gallicanæ, Francos irruentes, quum vagarentur per totam Galliam, sic afflixit, ut trecentos ex his captos, septingentis interemptis, sub corona vendiderit 8. Unde iterum de eo facta est cantilena :

Mille Francos, mille Sarmatas semel et semel occidimus :
Mille, mille, mille, mille, mille Persas quærimus.

Hic autem, ut supradiximus, militibus ita timori fuit, ut sub eo, posteaquam semel cum ingenti severitate castrensia peccata correxit, nemo peccaverit. Solus denique omnium, militem qui adulterium cum hospitis uxore commiserat, ita punivit, ut duarum arborum capita inflecteret, ad pedes militis deligaret, easdemque subito dimitteret, ut scissus ille utrinque penderet : quæ res ingentem timorem omnibus fecit. Hujus epistola militaris est ad vicarium suum, data hujusmodi :

«Si vis tribunus esse, imo, si vis vivere, manus militum contine. Nemo pullum alienum rapiat, ovem nemo contigat; uvam nullus auferat, segetem nemo deterat ; oleum, sal, lignum, nemo exigat: annona sua contentus sit. De præda hostis, non de lacrymis provincialium, habeat. Arma tersa sint, ferramenta samiata, calceamenta fortia. Vestis nova vestem veterem excludat. Stipendium in balteo, non in popina habeat. Torquem brachialem et annulum apponat: equum sagmarium

liance par trop naïve, que nous avons peine à concevoir. Du reste, si Vopiscus est exact et consciencieux, il est absolument dépourvu de ce sens critique, si désirable et si nécessaire même, qu'on pourrait dire avec Bacon que, « sans lui, l'histoire est comme une statue de Polyphème privé de son œil unique. »

En résumé, il ne mérite ni tout le bien, ni tout le mal qu'on en a voulu dire. Comme écrivain, il est à peu près nul: cela est incontestable; comme historien', il vaut la peine qu'on l'étudie sérieusement car, sans lui, on ne saurait guère que les noms de plusieurs empereurs. Or, en histoire, rien de positif n'est à dédaigner; et quelques lignes mal écrites sur un fait inédit qui menaçait de rester ignoré, sont préférables mille fois aux récits les plus éloquents d'un fait bien connu.

Le texte que nous donnons ici est, à quelques variantes près, conforme à l'édition de Deux-Ponts. Il existe de l'ouvrage que nous publions aujourd'hui trois traductions françaises celle de Marolles, celle de Moulines, et celle que vient de donner M. Baudement, qui nous est tout à fait inconnue. Notre version nouvelle, malgré le temps que nous y avons consacré, présentera sans doute des imperfections; mais, si nous avons quelquefois erré, nous trouverons notre excuse dans les doctes commentaires de Casaubon, de Saumaise et de Gruter. On ne saurait, ce nous semble, se fier à des guides plus sûrs et dont la perspicacité soit plus généralement appréciée.

E. TAILLEFERT.

Nous ne pouvons mieux faire que de renvoyer le lecteur au savant mémoire de M. J. Vict. Le Clerc, intitulé: Des Journaux chez les Romains. Dans ce livre remarquable, et qui fait autorité en ces matières, on trouvera une appréciation aussi judicieuse qu'originale de la valeur historique de Vopiscus.

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