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un si bon prince, etc. »> Ici, après la longue énumération des personnages illustres dont le prince s'était entouré, il finit par dire (je traduis ici en adoptant Syrum): « Voilà les hommes qui d'un Syrien ont fait un bon prince, tandis que des amis pervers ont infecté de leurs vices tant d'autres empereurs romains de naissance, et les ont livrés au mépris de la postérité. » Mais comme ce n'est qu'une conjecture, qui ne s'autorise d'aucun manuscrit, tout en rendant hommage à sa justesse et même à sa probabilité, je n'ai pas cru devoir l'introduire dans le texte.

FLAVIUS VOPISCUS.

NOTICE

SUR FLAVIUS VOPISCUS.

CET historien, qui passe généralement pour le plus habile des six écrivains de l'Histoire Auguste, vivait à la fin du me siècle, et dans les premières années du ive; mais on ne sait d'ailleurs, d'une manière précise et formelle, ni la date de sa naissance, ni la date de sa mort. Il paraît que son aïeul et son père auraient vécu dans l'intimité de Dioclétien, avant son élévation à l'empire. C'est du moins ce que l'auteur donne clairement à entendre dans un assez grand nombre de passages, et notamment dans cette explication toute confidentielle sur le meurtre d'Aper : « Diocletianum avus meus sibi dixisse dicebat, nullam aliam fuisse sibi causam occidendi manu sua Aprum, nisi ut impleret Druidis dictum, et suum firmaret imperium; non enim tam crudelem se innotescere cuperet, primis maxime diebus imperii, nisi illum necessitas ad hanc atrocitatem occisionis attraheret. >>

Vopiscus, qui appartenait à une famille distinguée de la Sicile, quitta Syracuse, son pays natal, pour aller s'établir à Rome, où le fixa, dès sa jeunesse, un goût prononcé pour les lettres. Rien ne dit qu'il profita des avantages de sa naissance et des puissantes amitiés de sa famille, pour aspirer aux emplois publics; mais il est démontré que, comme homme et comme écrivain, il jouissait d'une grande considération.

Cédant, s'il faut l'en croire, aux vives instances d'un personnage éminent, Julius Tiberianus, préfet de Rome, Vopiscus écrivit d'abord la vie de l'empereur Aurélien, puis celle de l'empereur Tacite, dont le règne fut si court, puis encore celle de Florien, frère du précédent, dont la fin fut si tragique. Plus tard il composa une Vie de Probus, qu'il annonce déjà dans celle

de Florien, « ne voulant pas mourir, dit-il, sans avoir payé un juste tribut à la mémoire de ce grand homme : ne, fatali necessitate absumptus, Probo indicto, deperirem1. »

En effet, Probus mérite une mention toute particulière dans l'histoire si dramatique de cette époque tourmentée. Né à Sirmium, d'une famille obscure, bien qu'on ait voulu l'illustrer après coup, il avait passé par tous les grades, avant d'arriver au rang suprême. Longtemps il refusa l'empire; et, revêtu malgré lui de la pourpre impériale : « Vous ne savez pas ce que vous faites, disait-il aux légions; vous vous donnez un maître qui ne saura point vous flatter. » Et il tint parole. Dans un temps où les soldats étaient seuls souverains, soldat parvenu, on ne le vit jamais fléchir, ni leur faire grâce de la moindre faute. Sévère pour lui-même, il avait droit de l'être pour tout le monde. En Gaule, en Illyrie, à Rome, en Asie, en Afrique, partout, il donna l'exemple des vertus qu'il exigeait des autres. Mais le plus grand mérite de Probus, ce n'est pas la gloire militaire il y avait autre chose, il y avait plus et mieux qu'un guerrier dans l'homme qui disait : « Bientôt nous n'aurons plus besoin de soldats, brevi milites necessarios non habebimus. » Parole remarquable, mais imprudente, et qui le perdit.

A peine il reste aujourd'hui quelques vagues souvenirs de tous ces empereurs, créatures et victimes du despotisme militaire. Il semble que la fortune ne les éleva si haut, de ses mains capricieuses, que pour jeter sur l'obscurité de leur naissance et de leur règne le funeste éclat d'une mort tragique. Mais un grand nombre de villes bâties et peuplées, d'immenses travaux accomplis par la main des soldats, la vigne plantée dans presque toute l'Europe par ses légions victorieuses, enfin ce sentiment profond des arts et de la paix, et surtout, ce noble dédain de la guerre qu'il a cependant si bien faite tout cela montre qu'il y eut dans Probus un génie extraordinaire. En parcourant cette longue période, qui commence avec Pertinax, en l'année 193, jusqu'à l'époque où Constantin rétablit l'unité impériale, on trouverait difficilement un nom plus respectable que celui de Probus. Étonnée de cette série non interrompue de victoires remportées par les legions, Rome put encore une fois se croire la reine du monde, A l'exemple d'Aurélien, Probus sut maintenir

:

La Vie de Probus est dédiée à Celse, ami intime de l'auteur, et que la conformité du nom a fait confondre quelquefois, mais à tort, avec le fameux Inédecin.

le respect de la discipline militaire, sans dépasser, comme lui, à l'exception d'une seule fois, les bornes de la justice et de l'humanité. Administrateur et guerrier, ce qui s'est rarement vu dans les empereurs de la décadence, il habitue les soldats à vaincre pendant la guerre, à travailler pendant la paix. Vainqueur des Germains, des Franks, des Lygiens, des Burgondes et des Wandales, il incorpore seize mille otages qu'il disperse avec soin dans les légions romaines, disant qu'un secours emprunté aux barbares devait se sentir, et non se voir. Il transporte ses nombreux prisonniers en Bretagne, et là, leur donnant des terres à cultiver, il les lie en même temps à la cause de l'empire. Partout, sur son passage, il rétablit l'ordre et la sécurité; à Rome, il extermine des gladiateurs, qui avaient commencé le pillage de la ville; en Illyrie, il refoule bien loin les Sarmates et les Gètes, dont les hordes farouches envahissaient les frontières; en Asie, il purge les monts Isauriens des brigands qui les infestaient; et il va jusqu'au fond de l'Egypte dompter la féroce tribu des Blemmyes. Enfin, il est permis de croire que, si Probus avait eu devant lui les dix-huit ans de règne de Septime Sévère, ou même seulement les treize années d'Alexandre, il aurait su mener à bonne fin des réformes efficaces et fondamentales. Ce danger menaçant des barbares, qui se pressaient chaque jour plus nombreux sur les frontières de l'empire, avait été conjuré par des victoires décisives : il fallait maintenant relever un gouvernement sans force morale, réformer des mœurs déplorables; il fallait surtout, par des mesures énergiques, réveiller l'esprit national, secouer cette indifférence mortelle pour tout ce qui tenait à la chose publique. Eh bien, il est hors de doute que Probus aurait employé les loisirs d'une paix glorieuse à la répression du désordre intérieur, cause première de la décadence. Il n'aurait pas réussi; car, pour cela, il eût fallu changer le monde : et quel homme aurait pu le faire? mais, secondée par le temps, son administration vigoureuse devait certainement ajourner à une date plus lointaine encore le moment fatal d'une catastrophe inévitable.

Malheureusement il ne régna que six ans, de 276 à 282 : assiégé par ses troupes dans une tour, du haut de laquelle il inspectait leurs travaux, il expia ce mot imprudent qui avait effrayé les légions. Mais la justice, sinon l'affection du soldat," éclata, dès le lendemain, par un hommage mérité que lui rendit l'armée tout entière. Elle lui éleva un tombeau magni

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