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accompagné du sénat, de l'ordre des chevaliers et de tout le peuple, où se voyaient pêle-mêle les femmes et les enfants, mais surtout les femmes des soldats, il monta à pied à son palais, suivi du char triomphal traîné par quatre éléphants. Élevé sur les bras de la multitude, à peine pendant quatre heures lui fut-il permis de toucher la terre; et de tous côtés l'on n'entendait que ce cri : « Rome est sauvée, nous avons encore notre Alexandre. » Le lendemain eurent lieu les jeux du Cirque et les représentations du théâtre; puis il donna le congiaire au peuple de Rome. Enfin, à l'exemple d'Antonin, qui avait institué des Faustiniennes, il enrôla, lui, de jeunes filles et de jeunes garçons, et institua ainsi non-seulement des Mamméennes, mais encore des Mamméens.

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LVIII. Il fut également heureux par ses lieutenants, Furius Celsus dans la Mauritanie Tingitane, Varius Macrin, son parent, dans l'Illyrie, et Junius Palmatus en Arménie de toutes parts on lui apportait des lettres ornées de laurier, et après leur lecture au sénat et devant le peuple, il fut décoré des noms les plus glorieux. On décerna les ornements consulaires à ceux qui avaient bien géré les affaires de la république; on y ajouta des sacerdoces et des possessions de terres pour ceux qui étaient pauvres et déjà avancés en âge. Il donna à ses amis des captifs de diverses nations, qui par leur enfance ou leur jeunesse promettaient quelque avantage. Si pourtant dans le nombre il s'en trouvait de famille noble ou même de sang royal, il leur donnait un rang dans l'armée, mais un rang peu élevé. Il donna à ceux des généraux et des soldats qui habitaient les frontières les terres prises sur l'ennemi; de manière qu'elles devaient leur appartenir en propre, si leurs héritiers servaient dans l'armée, et ne jamais tomber entre les mains de simples particuliers. Il disait qu'ils veilleraient plus attentive

sua rura defenderent. Addidit sane his et animalia et servos, ut possent colere quod acceperant; ne, per inopiam hominum, vel per senectutem possidentium, descrerentur rura vicina barbariæ, quod turpissimum ille ducebat.

LIX. Post hæc, quum ingenti amore apud populum et senatum viveret, et sperantibus victoriam cunctis, et invitis eum dimittentibus, ad Germanicum bellum profectus est, deducentibus cunctis per centum et quinquaginta millia. Erat autem gravissimum reipublicæ, atque ipsi, quod Germanorum vastationibus Gallia diripiebatur; pudoremque augebat, quod, victis jam Parthis, ea natio imminebat reipublicæ cervicibus, quæ semper etiam minusculis imperatoribus subjecta videbatur. Magnis igitur itineribus, lætis militibus, contendit. Sed quum ibi quoque seditiosas legiones comperisset, abjici eas præcepit. Verum Gallicanæ mentes, ut sese habent, duræ ac retrograda, et sæpe imperatoribus graves, severitatem hominis uimiam, et longe majorem post Heliogabalum, non tulerunt. Denique agentem eum cum paucis in Britannia, ut alii volunt, in Gallia, in vico cui Sicila nomen est22, non ex omnium sententia, sed latrocinantium modo, quidam milites, et hi præcipue qui Heliogabali præmiis effloruerant, quum severum principem pati non possent, occiderunt. Multi dicunt a Maximino immissos tirones, qui ei ad exercendum dati fuerant, cum occidisse: multi aliter a

ment à la défense de champs qui seraient les leurs. Et afin qu'ils pussent cultiver ce qu'ils avaient reçu, et pour éviter que le besoin ou la vieillesse fissent abandonner des terres si voisines des barbares, ce qu'il eût regardé comme une chose honteuse, il y ajouta les esclaves et les animaux nécessaires.

LIX. Après avoir ainsi tout disposé, Alexandre, aimé jusqu'à l'adoration du peuple et du sénat, partit pour la guerre de Germanie; tous espéraient qu'il remporterait la victoire, et tous pourtant le laissaient partir à regret : aussi Rome entière l'accompagna l'espace de cent cinquante milles. Ce qui blessait la république et l'empereur lui-même, c'était que la Gaule fût en proie aux dévastations des Germains; ils rougissaient surtout de voir les Parthes, cette nation qui toujours était restée soumise aux empereurs, même les plus faibles, les Parthes, tout vaincus qu'ils étaient, menacer encore l'empire romain. Il marcha donc à grandes journées, et les soldats ne pouvaient contenir leur joie. Arrivé dans la Gaule, il trouva des légions séditieuses, qu'il ordonna de licencier. Mais les Gaulois, ces esprits toujours intraitables, et qui causèrent souvent de graves soucis aux empereurs, regrettant le passé, ne purent supporter dans Alexandre une sévérité que leur faisait paraître d'autant plus excessive la lâche condescendance d'Héliogabale. Il se trouvait donc avec un petit nombre des siens, dans un bourg des Gaules, d'autres disent de Bretagne, appelé Sicila, quand il fut assassiné, non par suite d'une conspiration générale, mais dans un guet-apens de quelques soldats, de ceux qu'autrefois Héliogabale avait gratifiés de ses libéralités, et pour qui la sévérité était chose intolérable dans un prince. Beaucoup d'auteurs discnt qu'il fut tué par des recrues envoyées par Maximin, à qui elles avaient été confiées pour les exercer au métier des armes. D'autres pensent différemment. Le fait est qu'il

militibus tamen constat, quum injuriose quasi in puerum eumdem, et matrem ejus avaram et cupidam 23, multa dixissent.

LX. Imperavit annis tredecim, diebus novem. Vixit. annis viginti novem, mensibus tribus, diebus septem. Egit omnia ex consilio matris, cum qua occisus est. Omina mortis hæc fuerunt. Quum natalem diem commendaret, hostia cruenta effugit, et, ut se civiliter gerebat, ac permixtus populo erat, albam ejus vestem, cum qua constiterat, cruentavit. Laurus in palatio cujusdam civitatis a qua proficiscebatur ad bellum, ingens et antiqua, tota subito decidit. Arbores fici tres, quæ ficus eas ferrent quibus Alexandrinarum nomen est, subito ante illius tentorium deciderunt, quum tentoria imperatoria his annexa essent. Mulier dryas 24 eunti exclamavit Gallico sermone : « Vadas, nec victoriam speres, nec te militi tuo credas. » Tribunal ascendit ut concionaretur, et faustum aliquid diceret ita cœpit : « Occiso imperatore Heliogabalo. » Hoc tamen omini fuit, quod, iturus ad bellum, milites alloqui minus fausta oratione cœptaverat. Sed hæc omnia vehementissime contempsit : profectusque ad bellum, in loco supra dicto ita occisus est.

LXI. Pranderat forte publico, ut solebat, convivio, id est apertis papilionibus, cibo militari accepto (neque enim aliud a discutientibus militibus in tentoriis est repertum), et quum quiesceret post convivium, hora diei fere septima, unus ex Germanis, qui scurrarum

fut tué par des soldats qui l'outragèrent lui, comme un enfant, et sa mère comme une femme avare et cupide.

LX. Alexandre régna treize ans neuf jours. Il vécut vingt-neuf ans trois mois sept jours. Il agit toujours d'après l'avis de sa mère, et fut tué avec elle. Voici les présages de sa mort. Comme il célébrait par un sacrifice le jour de sa naissance, la victime blessée s'enfuit, et comme il n'assistait qu'en simple citoyen et mêlé parmi le peuple, elle ensanglanta la robe blanche dont il était vêtu. Un laurier énorme et antique, qui était dans le palais d'une ville d'où il partait pour aller à la guerre, tomba subitement tout entier. Trois figuiers, de ceux qui produisent les figues dites alexandrines, et après lesquels on avait fixé les tentes impériales, tombèrent subitement en avant de la sienne. Pendant qu'il était en marche, une dryade lui cria en langage gaulois : « Va, n'attends pas la victoire, méfie-toi de tes soldats. » Monté sur son tribunal pour haranguer les troupes, au lieu de dire des paroles de bon augure, il commença par celles-ci : « Le massacre de l'empereur Héliogabale. » On regarda comme un présage que, sur le point de partir pour la guerre, il eût employé des termes funestes dans une allocution aux soldats. Mais il méprisa souverainement toutes ces observations; il partit, et, arrivé à l'endroit que nous avons dit, il périt de la manière suivante.

LXI. Il avait déjeuné ce jour-là en public, c'est-à-dire sous pavillons découverts, comme de coutume; après s'être nourri des mêmes aliments que les soldats (car les soldats qui visitèrent la tente ne trouvèrent rien autre chose), il prenait quelque repos, vers la septième heure du jour, quand un des Germains, qui faisait l'office de bouffon, entra; tout le monde dormait. Alexandre seul,

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