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que le sénat eût proclamé un prince. C'est ainsi qu'ils avaient fait empereurs Pescennius Niger, Clodius Albinus, Avidius Cassius, et précédemment Lucius Vindex et Lucius Antoine, et Sévère lui-même, tandis que le sénat avait investi Julianus du titre de prince. De là des guerres, où le soldat, combattant contre un ennemi bien supérieur en forces, périssait nécessairement par un parricide.

II. On se hâta d'accumuler sur Alexandre toutes les dignités à la fois, comme sur un empereur élu depuis longtemps. Ajoutons à cela qu'après ce monstre qui nonseulement ternit la gloire du nom des Antonins, mais encore déshonora l'empire romain, le sénat et le peuple étaient portés d'une inclination toute particulière pour Alexandre. C'est donc à l'envi que lui furent décernés tous ces titres et prérogatives. Le premier il reçut en même temps et les insignes de la puissance, et tous les lui conciliait le nom de César, d'honneurs que qu'il avait mérité quelques années auparavant, et que lui conciliaient plus encore sa vie et ses mœurs, qui l'avaient mis en grande faveur, et les efforts d'Héliogabale pour le faire périr, efforts que rendirent impuissants le refus des soldats et la résistance du sénat. Mais ce qui le rendit bien autrement recommandable, c'est de s'être montré digne de la protection du sénat, des vœux de l'armée, et de l'assentiment de tous les gens de bien.

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III. Alexandre donc, qui eut pour mère Mammée (c'est ainsi qu'on la trouve nommée dans plusieurs historiens), élevé dès sa plus tendre enfance dans l'étude des arts civils et militaires, ne passa pas un seul jour volontairement sans s'exercer à la pratique des belles-lettres et à la science des armes. Il eut pour maîtres de littérature Valerius Cordus, Titus Veturius, et Aurelius Philippus,

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Veturium, et Aurelium Philippum, libertum patris, qui vitam ejus postea in litteras misit. Grammaticum in patria Græcum Nebonem, rhetorem Serapionem, philosophum Stilionem : Romæ grammaticos, Scaurinum, Scaurini filium, doctorem celeberrimum rhetores, Julium Frontinum, et Babium Macrinum, et Julium Granianum, cujus hodieque orationes declamatæ feruntur. Sed in Latinis non multum profecit, ut ex ejusdem orationibus apparet quas in senatu habuit, vel in concionibus quas apud milites vel apud populum : nec valde amavit Latinam facundiam, sed amavit litteratos homines, vehementer eos etiam reformidans, ne quid de se asperum scriberent. Denique eos dignos adesse jubebat singula quæque, quæ publice privatimque agebat, se ipso docente, volebat addiscere, si forte ipsi non affuissent, eaque petebat, ut, si vera essent, in litteras mitterent.

IV. Dominum se appellari vetuit. Epistolas ad se quasi ad privatum scribi jussit, servato tantum nomine imperatoris. Gemmas de calceamentis et vestibus tulit, quibus usus fuerat Heliogabalus; veste, ut et pingitur, alba usus est, nec aurata; pænulis togisque communibus. Cum amicis tam familiariter vixit, ut communis esset ei sæpe consessus, iret et ad convivia eorum; aliquos autem haberet quotidianos etiam non vocatos; salutaretur vero quasi unus de senatoribus, patente velo, admissionalibus remotis, aut solis iis, qui ministri ad fores fuerant: quum antea salutare principem non

affranchi de son père, qui depuis écrivit l'histoire de sa vie; pour maître de grammaire dans sa patrie, le Grec Nébon; pour rhéteur, Sérapion; pour maître de philosophie, Stilion à Rome il eut pour grammairien le célèbre docteur Scaurinus, fils de Scaurinus; pour rhéteurs Jules Frontin, Bébius Macrin, et Julius Granianus, dont les discours sont encore déclamés de nos jours. Mais il ne profita pas beaucoup dans les lettres latines, comme on peut s'en convaincre d'après ses allocutions au sénat, et ses harangues aux soldats ou au peuple et en effet, il n'aima guère la faconde latine; mais il affectionna les gens de lettres, et craignait surtout qu'ils n'écrivissent sur lui quelque chose de mordant. Enfin il daignait les admettre auprès de lui, et voulait qu'ils sussent tout ce qu'il faisait, soit en public, soit en particulier, les en instruisant lui-même s'ils n'en avaient pas été témoins, et demandait ensuite à voir leurs écrits, afin qu'ils ne reçussent la publicité qu'après qu'il eût vérifié l'exactitude des faits.

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IV. Il défendit qu'on l'appelât seigneur. Il ordonna qu'on lui écrivit comme à un simple particulier, ne se réservant que le titre d'empereur. Il ne voulut de pierres précieuses ni sur ses chaussures, ni sur ses vêtements, comme l'avait fait Héliogabale; il porta habituellement des vêtements blancs, sans broderies d'or, comme ceux sous lesquels on le représente; manteau et toge comme le reste des citoyens. Il vécut avec ses amis dans une telle familiarité, que souvent il s'asseyait sur un même siége avec eux, qu'il allait partager leurs repas, et qu'il en avait toujours quelques-uns autour de lui qui n'avaient pas besoin d'invitation pour y être admis. On le saluait sans plus de cérémonial que s'il eût été simple sénateur : son palais était ouvert à tous; point d'huissiers intro

Hist. Auguste. II.

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liceret, quod eos videre non poterat. Et erat corporis venustate decorus, ut hodieque in picturis et in statuis videmus. Fuit et staturæ militaris2: robur militis, valetudo ejus qui vim sui corporis sciret, ac semper curaret. Erat præterea cunctis hominibus amabilis et ab aliis pius appellabatur, ab omnibus certe sanctus, et utilis reipublicæ. Huic sors in templo Prænestinæ talis exstitit, quum illi Heliogabalus insidiaretur :

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v. Alexandri nomen accepit, quod in templo dicato, apud Arcenam urbem, Alexandro Magno, natus esset, quum casu illuc, die festo Alexandri, pater cum uxore patriæ solemnitatis implendæ causa venisset; cui rei argumentum est, quod eadem die natalem habet hic Mammææ Alexander, qua ille Magnus excessit e vita. Delatum sibi Antonini nomen a senatu recusavit, quum hic magis affinitate Caracalli jungeretur, quam ille subditivus. Siquidem, ut Marius Maximus dixit in Vita Severi, nobilem Orientis mulierem Severus, cujus hanc genituram esse compererat, ut uxor imperatoris esset, adhuc privatus et non magni satis loci, duxit uxorem ex qua affinitate hic Alexander fuit, cui vere per matrem suam consobrinus Varius Heliogabalus fuit. Recusavit et Magni nomen, quod ei, quasi Alexandro, est oblatum senatus judicio.

ducteurs, seulement quelques serviteurs à la porte: tandis qu'auparavant il n'était pas permis de saluer le prince, pas même de le voir. Il était d'une beauté remarquable, comme on en peut juger encore aujourd'hui par ses portraits et ses statues. Il avait la taille militaire, la vigueur d'un soldat, et la santé d'un homme qui connaît sa force et qui sait l'entretenir. Il était affable envers tout le monde quelques-uns l'appelaient le pieux Alexandre; mais tous reconnaissaient en lui un homme divin, le sauveur de la république. Dans le même temps qu'Héliogabale lui tendait des piéges, voici la réponse qu'il obtint du sort dans le temple de Préneste:

Si tu peux du destin vaincre un jour le courroux,
Tu seras Marcellus.

(Eneide, liv. VI, trad. de DELILLE.)

V. Le nom d'Alexandre lui fut donné, parce qu'il naquit dans un temple consacré à Alexandre le Grand, auprès de la ville d'Arka, où par hasard, le jour de la fête d'Alexandre, son père et sa mère s'étaient rendus pour en célébrer la solennité. Il s'ensuit que le jour où Alexandre Mammée entra dans la vie est justement le même où Alexandre le Grand en sortit. Le nom d'Antonin lui avait été déféré par le sénat ; il le refusa, quoiqu'il fût plus proche parent de Caracallus que cet autre Antonin supposé. Car, comme le dit Marius Maximus dans sa Vie de Sévère, ce prince, n'étant encore que simple particulier, et d'assez basse naissance, épousa une femme noble d'Orient, dont l'oracle lui avait annoncé que fille serait un jour femme d'empereur. Tel est le titre d'Alexandre à la parenté des Antonins, et ainsi Varius Héliogabale était réellement son cousin par sa mère. Il refusa aussi le nom de Grand, qu'un décret du sénat lui avait offert comme à un autre Alexandre.

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