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Ils se font une espèce de gloire de dédaigner le mérite du style, et Trebellius Pollion nous assure qu'il n'écrit pas, mais qu'il dicte, et encore avec une telle rapidité, qu'il n'a pas même le temps de respirer.

En un mot, l'incorrection du style, le manque de goût et l'absence totale de critique, sont des défauts communs aux écrivains de l'Histoire Auguste, excepté cependant Vopiscus, qui a un peu plus de méthode que les autres.

Mais cette époque, si féconde en événements et même en princes dignes d'être connus, est tellement stérile en monuments historiques, que, tels qu'ils sont, ces écrivains ne manquent point d'une certaine importance. Ils représentent à eux seuls les historiens latins contemporains des événements; ils leur empruntent un certain degré d'autorité, et, à ce titre, ils peuvent servir de contrôle ou d'appui aux historiens grecs Dion Cassius et Hérodien, qui ont traité les mêmes époques. Ils comblent à peu près la lacune que nous laissait la perte si regrettable des treize premiers livres d'Ammien Marcellin. Enfin, nous leur devons la connaissance d'un grand nombre de faits et même d'institutions dont, sans eux, les traces auraient été entièrement perdues pour nous. Ils contiennent des documents précieux pour le jurisconsulte, pour l'historien, pour le philologue; en un mot, ils sont un anneau nécessaire dans la chaîne des temps, et plus nous sentons leur insuffisance, plus nous sommes obligés de reconnaître qu'ils nous sont indispensables.

Quoique les vies dont se compose l'Histoire Auguste soient attribuées à différents auteurs, nous ne les trouvons nulle part séparées. Aucun renseignement d'aucune espèce ne nous permet de fixer à quelle époque, ni par qui s'est faite leur réunion. Dans le petit nombre de manuscrits qui nous restent de cet ouvrage, nous trouvons partout le même désordre dans le classement de ces diverses biographies, partout aussi les mêmes lacunes et les mêmes altérations ce qui nous force de conjecturer, avec Saumaise, que ce petit nombre de manuscrits qui nous restent, ne sont que les copies d'un seul et unique manuscrit, gravement altéré lui-même. Comment nous expliquer autrement l'absence des vies de Nerva et de Trajan, lorsque nous savons, par le témoignage de Spartianus lui-même, qu'il avait fait la biographie

de tous les princes depuis Jules César jusqu'à Adrien? Et d'ailleurs, la vie de Valérien, dont le commencement nous manque, et dont la portion même qui nous reste porte des traces visibles d'altérations, prouve irrésistiblement que la lacune qui la précède n'est le fait ni des auteurs, ni de celui qui a formé un ensemble de ces biographies séparées. Nous devons d'autant moins en douter, que Vopiscus déclare positivement que Trebellius avait écrit les vies des princes depuis les Philippe jusqu'à Claude II.

Les auteurs auxquels on attribue communément les vies contenues dans l'Histoire Auguste, sont au nombre de six : Ælius Spartianus, Julius Capitolinus, Vulcatius Gallicanus, Ælius Lampridius, Trebellius Pollio et Flavius Vopiscus.

Ælius Spartianus, qui se présente le premier dans ce recueil, vivait du temps de Dioclétien et de Constantin; car plusieurs de ses vies leur sont adressées. Nous n'avons sur lui aucun autre renseignement, et nous ne le voyons cité dans aucun auteur contemporain.

Spartianus avait conçu et exécuté en partie un plan d'une vaste étendue : il voulait écrire les vies, non-seulement de tous les empereurs depuis Jules César jusqu'à Dioclétien, mais même de tous ceux qui, de quelque manière que ce fût, s'étaient approchés du rang suprême. Il dit, au commencement de la Vie d'Elius Vevus: « In animo mihi est, Diocletiane Auguste, tot principum maxime, non solum eos, qui principum locum in hac statione, quam temperas, retentarunt, ut usque ad divum Hadrianum feci, sed illos etiam, qui vel Cæsarum nomine appellati sunt, nec principes aut augusti fuerunt, vel quolibet alio genere aut in famam, aut in spem principatus venerunt, cognitioni numinis tui sternere. » A la fin de cette même vie, il dit encore : « Mihi propositum fuit, omnes, qui post Cæsarem dictatorem, hoc est, divum Julium, vel cæsares, vel augusti, vel principes appellati sunt, quique in adoptionem venerunt, vel imperatorum filii, aut parentes, Cæsarum nomine consecrati sunt, singulis libris ex

ponere. »

Il est manifeste, d'après ces passages, qu'à l'époque où il adressait à Dioclétien cette biographie d'Elius Verus, il avait déjà écrit l'histoire des empereurs depuis Jules César jusqu'à Adrien. Mais il ne paraît point qu'il ait poussé son travail jus

qu'aux limites qu'il s'était fixées, et qui sont celles de l'histoire Auguste elle-même.

En effet, Flavius Vopiscus, qui a vécu un peu plus tard que lui, affirme que, de son temps, la vie d'Aurélien n'avait encore été traitée par personne. Il dit, de plus, que Trebellius Pollio avait écrit les vies des empereurs depuis Philippe jusqu'à Claude II. D'autre part, Saumaise cite un Excerpta appartenant à la bibliothèque Palatine, et dont il fait un très-grand cas, qui n'attribue à Spartianus que les vies depuis Adrien jusqu'aux Maximin inclusivement. Enfin, les autres manuscrits, suivis en cela par toutes les éditions, restreignent encore les prétentions de Spartianus, et ne lui assignent que sept vies celles d'Adrien, d'Elius Verus, de Didius Julianus, de Septime Sévère, de Pescennius Niger, de Caracalla et de Geta.

D'un autre côté, Fabricius (Biblioth. lat.), s'appuyant sur l'Excerpta manuscrit cité par Saumaise, et sur un passage de Vopiscus, revendique pour Spartianus la Vie d'Avidius Cassius, attribuée à Vulcatius Gallicanus; il enlève à Julius Capitolinus les Vies des Antonin, qui portent généralement son nom; enfin, il ne voit dans Ælius Spartianus et Ælius Lampridius qu'un seul et même écrivain, dont le nom entier serait Ælius Lampridius Spartianus. Il réduit ainsi à quatre les écrivains de l'Histoire Auguste. Quoique cette opinion ne manque point d'une certaine probabilité, et qu'il y ait dans les diverses biographies dont il est question une grande conformité de style, nous avons cru devoir, en l'absence d'une certitude absolue, respecter les manuscrits et les éditions, et conserver la répartition de ces vies telle que l'usage l'a consacrée1.

L'Histoire Auguste a excité l'attention d'un grand nombre de savants, et surtout de Casaubon et de Saumaise, dont les précieuses études nous ont été d'un grand secours au milieu des difficultés de tout genre que nous présentait à chaque pas un texte incorrect et souvent obscur.

1

FL. LEGAY.

Voir, pour plus de détails, les Notices sur Vulcatius Gallicanus, Capitolinus et Lampridius.

ÆLIUS SPARTIANUS.

[ A. U. 870-891 ]

HADRIANI IMPERATORIS VITA'

AD DIOCLETIANUM AUGUSTUM.

2

I. ORIGO imperatoris Hadriani vetustior a Picentibus, posterior ab Hispaniensibus manat: siquidem Hadria ortos 3 majores suos, apud Italicam, Scipionum temporibus, resedisse, in libris vitæ suæ Hadrianus ipse commemorat. Hadriano pater Ælius Hadrianus, cognomento Afer, fuit, consobrinus Trajani imperatoris 5; mater, Domitia Paulina, Gadibus orta 6; soror, Paulina, nupta Serviano 7; uxor, Sabina; atavus, Maryllinus, qui primus in sua familia senator populi Romani fuit 9. Natus est Romæ 10, 1x kalend. febr., Vespasiano septies et Tito quinquies consulibus. Ac decimo ætatis anno patre orbatus, Ulpium Trajanum, prætorium virum, consobrinum suum, qui postea imperium tenuit, et Celium Attianum, equitem Romanum, tutores habuit: imbutusque impensius Græcis studiis, ingenio ejus sic ad ea declinante, ut a nonnullis Græculus diceretur.

II. Quintodecimo anno ad patriam rediit 12: ac statim militiam iniit; venandi usque ad reprehensionem

ÆLIUS SPARTIANUS.

[De J.-C. 117

- 138 ]

VIE DE L'EMPEREUR ADRIEN

ADRESSÉE A DIOCLETIEN AUGUSTE.

1. L'EMPEREUR Adrien tire son origine de l'Espagne, et, si l'on remonte beaucoup plus haut, du Picentin; car lui-même, dans ses Mémoires, raconte que ses ancêtres, originaires d'Adria, s'établirent à Italica du temps des Scipion. Il eut pour père Ælius Adrien, surnommé Afer, cousin de l'empereur Trajan, et pour mère, Domitia Paulina, originaire de Gadès. Sa sœur Paulina fut mariée à Servien, et lui-même épousa Sabina. Son trisaïeul Maryllinus fut le premier de sa famille qui porta le titre de sénateur du peuple romain. Adrien naquit à Rome, le 24 de janvier, sous le septième consulat de Vespasien et le cinquième de Titus. A l'âge de dix ans, ayant perdu son père, il eut pour tuteurs Ulpius Trajan, son cousin, qui avait été préteur, et qui, plus tard, gouverna l'empire, et Célius Attianus, chevalier romain. On lui fit étudier avec soin les lettres grecques, et il y prit tant de goût, qu'on l'appelait quelquefois le petit Grec.

II. A quinze ans, revenu dans sa patrie, il entra au service militaire; et comme il se livrait avec trop de pas

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