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oisive qui ne se manifesterait pas par des actes de bienfaisance 1? Il est des questions que l'on ne peut soulever sans se rendre coupable et mériter le châtiment. Telle est celle qui mettrait en doute l'existence d'une Providence. La Providence brille d'un si vif éclat dans l'ordre et l'harmonie de l'univers, que c'est presque lui faire injure que de la démontrer. Aussi Épicure, qui rejette le dogme de la Providence, ne peut être compté au nombre des philosophes 2.

Ainsi la Providence est une suite nécessaire de la création, l'une ne va pas sans l'autre. La Providence est de même nature que la création. Elle a le même caractère d'universalité: Dieu prend soin de tout ce qu'il a créé. Ces deux opérations divines, bien que diverses, ont un principe commun, la bonté de Dieu, et une même fin, le salut du genre humain. Pierre dit dans les Actes des apôtres : « Je crois fermement que le Seigneur ne fait acception de personne, mais qu'en toute nation quiconque le craint et pratique la justice lui est agréable. Ce n'est pas dans un temps restreint que Dieu ne fait acception de personne, c'est de toute éternité, puisque sa bienfaisance, éternelle comme lui, n'est soumise ni aux conditions de temps et de lieu, ni aux distinctions de personnes; elle n'est ni partielle, ni exclusive 3. »

C'est par l'intermédiaire du Verbe que Dieu crée, gouverne et sauve le genre humain. Le Verbe est la sagesse créatrice du Père, le Dieu qui n'a point de commencement, le parfait commencement de toutes choses, celui qui est le commencement sans temps et sans commencement et le

– Cf. Fragm. du livre De la Provid., apud Potter

Strom. VI, 12, p. 792.
Ibid. V, 1, p 646.
p. 1016 sq.

Ibid. VI, 8, p. 772.
Ibid. IV, 25, p. 638.

premier des ètres 1. C'est par lui que tout a été fait, et rien de ce qui a été fait ne l'a été sans lui 2.

C'est à lui aussi qu'appartient le gouvernement du monde. Le Verbe du Père qui a créé l'homme prend soin de toute créature, et dès l'origine des choses il a eu pitié de notre égarement 3.

Ce fils, le plus sublime de tous par sa nature, règle toutes choses d'après la volonté de son Père, et gouverne l'univers avec une sagesse égale à sa puissance, parce qu'il voit les pensées mystérieuses et cachées de Dieu. Car le fils ne sort jamais de la présence du Père. Présent partout et toujours, sans séparation, sans éloignement, sans changement de lieu, ne pouvant être contenu dans rien; tout esprit, toute lumière du Père, tout œil; voyant, entendant, sachant toutes choses, pénétrant toutes les forces par sa force. Toute la milice des anges lui est soumise. Les hommes lui sont soumis également, parce qu'il s'est chargé de leur rédemption. Comme il est la vertu du Père, il exécute sans peine tout ce qu'il a résolu, présent aux plus minces détails de son gouvernement, sans qu'un seul puisse échapper à sa vigilance. De plus, il est le Sauveur et le Médecin des hommes, et non pas de ceux-ci à l'exception de ceux-là. Pour accomplir notre rédemption, il n'a pas dédaigné la faiblesse de notre chair, et s'en est revêtu afin de sauver tous les hommes sans distinction 5. En un mot, le Verbe est le Fils de Dieu, notre Créateur, notre Précepteur et notre Sauveur. En lui et par lui s'accomplissent la Création, la Providence et la Rédemption.

1

Strom. VII, 1, p. 829.-Cf. V, 3, p. 654.

2 Ibid. V, 6, p. 669.-Cf. VI, 16, p. 812. 3 Cohort. ad Gent. I, 7.

Strom. VII, 2. p. 831 sq.

Ibid. VII, 2, p. 832 sq.

Joann. I, 3.

Il y a donc unité de cause, unité d'action, unité de fin dans la création, le gouvernement du monde et le salut du genre humain. Ces trois œuvres d'un seul et même Dieu ont entre elles des rapports qu'on ne peut méconnaître sans briser l'unité du plan divin. Le Verbe qui a tout créé et qui gouverne toutes les existences n'est pas différent du Verbe rédempteur; et ses opérations, quelque diverses, quelque multipliées qu'elles paraissent dans leur mode et dans le temps, partent d'une même cause, la bonté, et se coordonnent à une même fin, le salut universel1.

Tels sont les principes généraux qui dominent et expliquent la doctrine de Clément d'Alexandrie sur les rapports du divin et de l'humain, de la grâce et de la nature, et par suite du christianisme et de la civilisation païenne. Il rejette et combat avec saint Paul et saint Jean le dualisme juif et gnostique qui divisait la nature et le genre humain en divisant son principe.

Le salut du genre humain est le terme de la pensée et de l'opération du Verbe, aussi bien que la loi suprême de sa providence dans le gouvernement du monde, et ce principe qui doit dominer toutes les législations humaines : Salus populi suprema lex esto, est à la tête du code divin qui régit les opérations du fils de Dieu. On doit donc rapporter au Verbe créateur, maître, rédempteur, tout ce qui se trouve de bien et de vrai tant chez les Grecs que chez les barbares, c'est-à-dire tout ce qui de près ou de loin prépare et conduit l'homme au salut.

Le salut s'accomplit par l'union de l'homme avec Dieu, et la condition de cette union est la ressemblance 2 qui

1 Cohort. ad Græc. 1, 6, 7.

2 Strom. II, 19, p. 480.

s'opère par la connaissance et la sainteté. La sainteté dépend de la connaissance, et la connaissance qui suffit au salut ne peut s'obtenir que par la grâce et l'enseignement du Verbe, c'est-à-dire par la foi surnaturelle 1.

La foi surnaturelle est donc la seule voie directe, la voie royale et nécessaire qui mène à la vérité, à la sainteté, au salut. Mais si la vérité n'a qu'une voie directe, d'autres ruisseaux lui arrivent de divers côtés et se jettent dans son lit comme dans un fleuve éternel 2. Le cercle des études humaines les sciences, les arts et la philosophie sont au nombre de ces affluents divins. Ils viennent de Dieu et y ramènent l'homme par des circuits plus ou moins longs, pourvu qu'une force étrangère et perverse ne vienne en détourner la direction.

1 Strom. II, 2, p. 430, 432.-Cf. Ibid., 6, p. 443.

2 Ibid. 1, 5, p. 331.

CHAPITRE II

Nature des arts et des sciences humaines. Qu'ils sont tout à fait conformes à la nature de l'homme, à ses destinées et aux desseins de Dieu.

Que sont en eux-mêmes les arts et les sciences humaines? C'est d'abord une sorte de gymnastique intellectuelle et morale qui développe les facultés de l'àme, qui donne à l'esprit plus de force et de pénétration pour connaître et comprendre, qui lui fournit des procédés, des moyens pour atteindre plus vite et plus sûrement la vérité. C'est encore un ensemble de connaissances spéculatives et pratiques. Envisagés sous ce double point de vue, les arts, sciences et la philosophie, loin d'être un mal, sont tout à fait conformes à la nature de l'homme et à ses destinées.

les

Connaître Dieu d'une connaissance complète, inébranlable et pratique, est la fin dernière de l'homme, et tout, dans sa nature, est conforme à cette haute destinée. Il se compose d'un corps (uz), d'un principe animique (πνεῦμα ἄλογον, σαρκικόν, σωματική ψυχή), et d'un principe supérieur et dirigeant, l'esprit (uxh hoyizh, vous, tò riyepovzdy 1). Le corps a été formé de la terre, comme nous l'apprend Moïse, et après lui Platon, qui l'appelle une tente terrestre 2. Le principe animique, créé de Dieu, est

1 Strom. V, 14, p. 703; VI, 8, p. 774; VI, 16, p. 808.

2 Ibid. p. 703.- Cf. II, 11, p. 455.

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