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sa doctrine sur quelques points particuliers, n'en reste pas moins, dans l'ensemble, l'un des plus grands docteurs et des plus habiles apologistes de la religion chrétienne. C'est la conviction que nous laisse l'étude attentive de ses ouvrages. Il nous reste à dire, en terminant, sur quoi se fonde principalement notre admiration pour ce savant et illustre prêtre.

CONCLUSION

Nous touchons au terme de cette longue étude, et il nous est permis maintenant de juger dans son ensemble la doctrine de Clément d'Alexandrie, de signaler les caractères qui distinguent sa polémique, les traces que son enseignement a laissées dans l'Église.

I

Clément d'Alexandrie est à nos yeux le père de la philosophie chrétienne. Parmi les docteurs chrétiens dont les écrits sont parvenus jusqu'à nous, nul avant lui n'a uni au même degré l'érudition philosophique et la spéculation rationnelle avec la soumission de la foi à l'enseignement révélé. De philosophe devenu chrétien, il ne pensa pas devoir sacrifier le premier titre au second, et il se persuada qu'entre la vraie philosophie et la vraie religion, qu'entre la raison et la foi, qu'entre l'honnêteté morale et la vertu

chrétienne, qu'entre la nature et la grâce, il n'y avait et il ne saurait y avoir ni répugnance, ni incompatibilité.

Non-seulement il se le persuada pour lui-même; mais, éclairé par sa propre expérience et par la connaissance profonde qu'il avait des besoins et des tendances de son temps, il crut que le vrai terrain sur lequel devait se placer l'apologie chrétienne n'était pas, comme le voulaient quelques-uns de ses contemporains, la séparation et l'antagonisme absolu, mais au contraire la conciliation et l'union possibles de l'ordre naturel avec l'ordre surnaturel, et, par suite, de la civilisation de la raison, dans ce qu'elle avait de bon et de légitime, avec le christianisme. C'est à démontrer la nécessité de cette union, à établir les principes qui lui servent de base et les conditions dans lesquelles elle peut et doit s'accomplir que se rapportent, en dernière analyse, tous les travaux de Clément. C'est à ce point de vue qu'il traite non-seulement la question générale des rapports de la foi avec la science, mais les questions particulières et les sujets pratiques, tels que le libre arbitre, le mariage, la viginité, le martyre.

Nous avons vu avec quelle puissance de raisonnement, avec quelle hauteur de vues, s'inspirant de saint Paul et de saint Jean, il combat l'opposition radicale que, pour diverses raisons, les Gnostiques et quelques catholiques mettaient, dans l'ordre de la connaissance, entre la raison et la foi. Nous ne saurions mieux résumer ses idées et son langage sur ce point que ne l'a fait naguère, par je ne sais quelle parenté de génie, de cœur et de doctrine, l'un des plus grands et, sans contredit, le plus éloquent de nos apologistes contemporains.

« Oui, dit le P. Lacordaire à son jeune disciple de Sor«rèze, la raison et l'Évangile descendent du même foyer,

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le même souffle les communique à l'homme, et vous « n'entendriez pas la parole de Jésus-Christ si vous n'en«tendiez pas celle du Verbe qui inspire votre intelligence ⚫ et lui donne en des idées primordiales le germe de toute ⚫ conception. C'est là ce que l'apôtre saint Jean nous révèle à l'ouverture de son texte. Il a vu le Verbe dans le sein de son Père; il l'a vu créant toutes choses parce « que la vie est en lui; il a reconnu que cette vie du Verbe est la lumière des hommes, qu'elle les éclaire tous à • leur avénement en ce monde, qu'elle est dans le monde « avec eux, mais qu'elle y luit dans les ténèbres, parce

que le monde ne sait pas d'où elle vient et qui elle est ; « et qu'enfin le Verbe s'est fait chair pour manifester le « lien qui l'unit à nous dès l'origine, et consommer ainsi « par une effusion plus parfaite de la grâce et de la vérité le mystère de notre prédestination à la vie même de « Dieu. Cette page si courte est le regard de l'aigle dans « l'infini...

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Là, Jésus-Christ nous apparaît tout entier, avant et après son épiphanie terrestre. Verbe de Dieu, coéternel « à son père, il a reçu de lui, parce qu'il est l'expression de sa pensée, le ministère de la création, et, en particulier, le ministère des intelligences dont il est le flambeau. Docteur universel, il parle intérieurement à tout esprit, il meut toute conscience, et nul, quelle que soit sa place dans la hiérarchie des êtres pensants, n'est dans « la vérité et la justice que par une conformité à ce qu'il « entend de lui. Il est le père de notre raison, et par la « raison le père de toutes les vertus morales et politiques qui font du genre humain une société. Le genre humain « est la première Église fondée par le Christ, Église qui ne « connaît pas son fondateur, mais qui vit sous ses lois et

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