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qu'on en poursuive la lecture. On y verra ce savant prêtre ajouter immédiatement après, que le Verbe « est la souveraine excellence qui gouverne parfaitement l'univers,» et qui opère toutes choses « avec une indomptable et inépuisable puissance; » que « jamais il ne quitte la hau«teur d'où il contemple toutes choses, c'est-à-dire évidemment le sein de Dieu; « qu'il ne se divise ni ne se

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partage, ni ne passe d'un lieu à un autre ; qu'il est partout tout entier, sans être contenu nulle part; tout intelligence, tout lumière, tout œil, voyant tout, entendant tout, sachant tout et pénétrant par sa puissance toutes « les puissances. » On y verra « que toute la milice des anges et que tous les dieux sont ses sujets, » qu'il est « la Providence secrète, publique, universelle; » qu'il a soin de tout, parce qu'il le peut et « que personne ne sau«rait l'en empêcher, parce qu'il est le Seigneur de toutes choses, » parce qu'il le veut, « et qu'il n'est susceptible « d'aucune affection humaine, lui qui est engendré sans commencement et d'une manière impassible; » parce que, enfin, «l'ignorance ne peut l'atteindre, vu qu'il est « Dieu; et, en un mot, « qu'il est l'auteur et la cause de tous les biens et une puissance incompréhensible 1. » Devant un langage aussi plein d'élévation et de force, on ne s'explique pas les accusations portées contre Clément d'Alexandrie, relativement à la personne du Fils de Dieu, car on ne conçoit pas ce qu'il aurait pu dire de plus excellent de Dieu le Père ! Mais il y a ici quelque chose de plus frappant encore. Dans le cours de ses raisonnements, le savant alexandrin emploie, en parlant du Fils, des expressions qui indiquent, de la manière la plus claire, son

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unité parfaite avec le Père. Il dit donc que le Fils est « tout entier la lumière paternelle, » qu'il est « la vertu ⚫ou la force du Père et sa sagesse ; » et, comme si ce n'était pas assez, qu'il est la force paternelle, l'énergie pa«ternelle. Ce qu'on redoute en lisant ces choses, ce n'est pas que Clément d'Alexandrie sépare la substance du Fils de celle du Père, mais qu'il les confonde 2. »

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Nous n'insisterons pas davantage sur les caractères essentiels qui distinguent le Verbe de Clément de l'intelligence de Plotin et la Trinité chrétienne de la trinité néoplatonicienne. C'est là, du reste, un point de critique historique qui paraît définitivement arrêté. Depuis Souverain 3, Mosheim, Keil 5, la question du platonisme des Pères, relativement au dogme de la Trinité, s'est éclaircie à ce point, qu'aujourd'hui les critiques rationalistes euxmêmes avouent « que le dogme de la Trinité n'est pas « dans Platon, et que la trinité de Plotin n'a que des analogies purement verbales avec la Trinité chrétienne. » C'est aussi le sentiment de Laemmer, spécialement en ce qui concerne la doctrine de Clément d'Alexandrie, représenté par Mosheim comme le premier d'entre les Pères qui ait donné le funeste exemple d'altérer par des emprunts faits à la philosophie la pureté de la religion chrétienne. « Je ne partage, dit le critique allemand, ni le << sentiment de ceux qui prétendent que Clément a enseigné, comme appartenant à la doctrine chrétienne, des

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1 Strom. VII, 2, p. 831-833.

Hist. du dogme cath., t. Ier, liv. V, ch. xII, p. 425-426.

3 Le Platonisme dévoilé, ou Essai touchant le Verbe platonicien, (Cologne, 1700.)

De turbata per recent. Platon. eccles. Commentatio.

De doctoribus veteris Eccles. culpa corruptæ per Platon. sententias theolo

giæ liberandis Comment. XXII. (1793-1816.)

6 Jules Simon, Hist. de l'École d'Alex, t. Ier, ch. tv, p. 310.

opinions empruntées à Platon, et mêlé ainsi la vérité à « l'erreur, ni l'avis de ceux qui le supposent pur de platonisme, à ce point que, dans l'exposition et la démon«<stration scientifique du symbole chrétien, il n'ait jamais suivi les traces du disciple de Socrate et ne se soit jamais approprié ses pensées 1. »

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Nous pensons que ce jugement est le vrai. Sans altérer la pureté du dogme catholique, en y mêlant des doctrines contradictoires et hétérogènes, le docteur alexandrin n'a pas fait difficulté d'emprunter aux philosophes et particulièrement à Platon qu'il préférait à tous les autres, non-seulement leurs procédés scientifiques, mais encore, comme il le dit lui-même, les fragments de vérité que contenaient leurs écrits afin de les faire servir à la démonstration des vérités révélées. En un mot, Clément fut platonicien comme Bossuet et Fénelon ont été, parmi nous, cartésiens.

Quant aux analogies purement verbales qui se trouvent entre la doctrine de Clément et le système de Plotin, il faut remonter plus haut qu'Ammonius Saccas pour en chercher l'origine. Peut-être en trouverait-on la cause dans l'école juive d'Alexandrie et particulièrement dans les écrits de Philon et de Numénius cités fréquemment par Clément, à moins qu'on ne préfère dire que Plotin lui-même a pu emprunter, en les appropriant à son mysticisme, quelquesunes des idées de l'école chrétienne d'Alexandrie. Plotin, en effet, n'a pu ignorer ni l'existence ni l'enseignement de cette école. «Comment Plotin, dit M. Jules Simon, qui « dans Alexandrie avait cherché la science avec ardeur, « avait parcouru toutes les écoles jusqu'à ce qu'il eût « trouvé la philosophie dans celle d'Ammonius, qui se

1 Laemmer, Op. l., p. 53.

jetait dans l'armée de Gordien sur l'espoir d'aller apprendre aux confins de la Perse quelques lambeaux de la doctrine des Mages, qui connaissait toutes les sciences de son temps et l'histoire de toutes les sciences, qui écri<vit contre les Gnostiques, soi-disant chrétiens, un de ses meilleurs ouvrages, comment aurait-il ignoré une doctrine qui, des plus hautes questions de théodicée et de ⚫ cosmologie, descendait jusqu'aux dernières applications morales; doctrine exposée dans des livres éloquents, ⚫ enseignée dans une école à la porte de son maître, prêchée dans les chaumières et dans l'Aréopage, et qui déjà faisait trembler les empereurs 1.»

Du reste, la question de savoir si c'est l'école chrétienne d'Alexandrie qui a fait des emprunts au néoplatonisme, ou le néoplatonisme qui a puisé aux sources chrétiennes de l'enseignement du Didascalée n'a pas grande importance, puisqu'il est démontré que ces emprunts ne sont que des analogies verbales entre deux doctrines, non-seulement distinctes, mais diamétralement contraires.

1 Jules Simon, Op. l., t. I, p. 151.

CHAPITRE VI

Des erreurs attribuées à Clément d'Alexandrie.

au roi Jean V de Portugal.

Lettre de Benoît XIV

L'antiquité ecclésiastique nous a transmis de nombreux et glorieux témoignages sur la sainteté, le zèle et les travaux de Clément d'Alexandrie. Un disciple de ce grand docteur, saint Alexandre, évêque de Jérusalem, loue son zèle et sa sainteté dans une lettre aux fidèles d'Antioche, citée par Eusèbe et par saint Jérôme 1. Théodoret, qui fleurit au v° siècle, l'appelle « un homme saint et éminent en doctrine 2. » L'auteur de la Chronique pascale lui donne le même titre 3 aussi bien que saint Maxime, moine de Constantinople, et saint Jean Damascène dans son Traité des deux volontés du Christ 5.

Mais c'est surtout la science et la doctrine de Clément que se plaisent à exalter tous les anciens écrivains qui ont connu ses ouvrages. Pour Eusèbe, le prêtre d'Alexandrie est un excellent maître de philosophie chrétienne,» un homme « admirable et sans égal. » Selon saint Cyrille d'Alexandrie, Clément « suit en toutes choses les traces des

Nous avons cité, liv. Ier, ch. IV de cette étude, cette lettre de saint Alexandre. Benoit XIV la suppose adressée à Origène.

2 Virum sanctum et qui abundantia doctrinæ omnibus antecelluit. (Hæret. fab., lib. I, c. VI.)

3 Clemens sanctissimus Ecclesiæ presbyter. (Chron. pasc., p. 7.)

Sanctissimi Clementis presbyteri Alexandrini. (Ex libro de Providentia excerpto apud Pott., p. 1016.)

5 Beati Clementis sententia est. (Apud Potter, Initio.)

Ο Χριστος διδάσκαλος, θαυμάσιος.

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