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l'une des plus funestes est celle des mauvais discours et des mauvais livres. Il ne faut pas, dit Clément, prêter indifféremment l'oreille à tous les orateurs et à tous les écrivains. Les coupes que des mains nombreuses prennent ⚫ par les oreilles, c'est-à-dire par les anses, les perdent bientôt, tombent et se brisent. Ainsi en est-il de ceux qui • prostituent à mille bagatelles les chastes oreilles de la foi; ils finissent par devenir sourds à la voix de la vérité, stériles en œuvres et tombent dans la boue 1. »

La foi étant, d'après tout ce qui précède, l'unique moyen donné à l'homme d'entrer en participation de la vie surnaturelle dont le Rédempteur est la source, est par là même le fondement du salut. « Le seul fondement de la « connaissance de la vérité ainsi que d'une vie solidement ■ vertueuse conforme à cette vérité, c'est la foi, condition indispensable du salut 2, aussi indispensable que la res piration à la vie du corps 3. La philosophie ne sert, pa conséquent, de rien aux infidèles après cette vie, eussent «ils bien agi soit par hasard, soit avec intention. Je su «la porte des brebis, dit le Seigneur. Il est nécessaire pou

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être sauvé d'apprendre la vérité du Christ, fût-on pro « fondément instruit de la philosophie grecque 5. La L elle-même, plus parfaite que la philosophie, ne pouva «sauver les Juifs sans la foi. Voilà pourquoi en les gue «rissant le Seigneur leur disait : Votre foi vous a sauvés « Aussi c'est par sa foi et non par ses œuvres qu'Abraha « obtint sa justification 7. La foi est donc pour to

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les hommes la condition indispensable du salut 1. » Si les œuvres sans la foi ne servent de rien pour le salut, la foi à son tour ne peut rien sans les œuvres. « La foi n'est pas seulement une soumission libre de l'esprit, une

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simple confiance : elle est une vertu agissante et le principe d'une vie vertueuse 2. Quand le Seigneur dit à cette femme Votre foi vous a sauvée, il ne faut pas s'imaginer qu'il proclame sauvés tous ceux qui ont une foi quelconque, sans exiger la pratique de bonnes œuvres 3. »

En un mot, la foi est un principe d'action en même temps qu'un foyer de vérité divine; elle est la source d'une vie que l'homme ne peut trouver dans sa propre nature, parce qu'elle est une participation à la vie même de Dieu.

Cette vie, pleine dans son principe, ne le devient dans le fidèle qu'à proportion des efforts qu'il fait pour se l'approprier. La foi ainsi considérée est donc perfectible. Sous le rapport de l'intelligence, la foi parvient à son plus haut degré, ici-bas, dans la gnose; sous le rapport de la volonté, elle trouve sa perfection dans la charité qui unit le fidèle avec Dieu et le rend, par cette union, semblable

à lui.

Nous allons suivre ce développement parallèle dans le gnostique chrétien de Clément d'Alexandrie.

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LIVRE IV

DE LA GNOSE.

CHAPITRE I

Importance, dignité et nature de la Gnose.-De la Gnose spéculative.

La foi possède une vertu vraiment sanctifiante. Elle a sur la philosophie cet immense avantage, que par ellemême elle peut justifier l'homme et lui procurer le salut. Qu'un Grec, dit Clément, ayant négligé préalablement

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l'étude de la philosophie, embrasse la véritable foi; si

grossier qu'on le suppose, il laisse les autres à une immense distance derrière lui, car il trouve dans la foi l'abrégé du salut et de la perfection 1. C'est pourquoi l'Apôtre ne veut pas que notre foi se fonde sur la sagesse

des hommes qui font profession de persuader, mais sur la vertu de Dieu qui, scule et sans le secours d'aucune démonstration, nous sauve par la foi 2. »

La philosophie n'est donc nécessaire ni à l'acquisition de la foi, ni par conséquent au salut, ou plutôt, comme parle notre saint docteur, la foi et la vie de la foi « est une philo

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sophie qui n'a pas un besoin absolu du secours des let« tres et qui est accessible à tous, au Grec comme au barbare, à l'esclave comme au vieillard, à l'enfant comme à la femme 1. »

Ce n'est pas à dire cependant que le don divin de la foi dispense le fidèle de tout effort de l'intelligence et de la liberté. Non, nous l'avons dit, Clément n'admet pas une foi oisive2. Il veut que par le concours énergique, persévérant de sa raison et de sa volonté, le fidèle s'approprie la vérité révélée, qu'il entre de jour en jour plus avant dans l'intelligence et dans la pratique de cette vérité, en un mot, qu'il travaille, avec le secours divin, à étendre et à perfectionner sa foi autant qu'il en est capable 3. De là l'impor tance et l'excellence de la gnose ou de la foi scientifique.

Comme nous l'avons remarqué dans le premier livre de cette étude, Clément avait ici des préjugés à combattre. Plusieurs chrétiens se défiaient de la science. Les uns prétendaient que les chrétiens devaient s'en tenir aux choses de la foi et rejeter tout ce qui lui est étranger comme inutil ou nuisible au salut. D'autres se croyant dispensés, pa l'excellence de leur nature, de tout travail de l'intelligence ne voulaient entendre parler ni de philosophie, ni de dialectique, ni d'étude naturelle; ils n'admettaient que la foi pure et simple 5. Ainsi les uns rejetaient la science pa crainte, les autres par présomption.

Clément combattit d'autant plus vivement ces erreur qu'il les jugeait déshonorantes pour la foi et destructive de la liberté morale. « De même, dit-il, qu'il est naturel

1 Strom. IV, 8, p. 590.
2 Ibid. V, 1, p. 650.
3 Ibid. VII, 10, p. 864.
Ibid. I, 1, p. 326.
5 Ibid. 1, 9, p. 341.

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