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sur les âmes. La connaissance surnaturelle, au contraire, celle que le Seigneur nous a enseignée par lui-même et par les prophètes, est la science du divin et de l'humain ; c'est une ferme et inébranlable compréhension du présent, du passé et de l'avenir. Elle embrasse toutes les vérités, et les vérités dont la nature porte le germe en elle-même, et celles qui ont l'essence de Dieu pour objet '. Elle repose sur un fondement inébranlable, la parole du Verbe, et par conséquent dépasse en certitude la démonstration scientifique 2. Elle est non-seulement certaine, mais universelle. Elle n'est pas, comme la philosophie, le partage exclusif de quelques esprits d'élite, mais elle s'adresse à tous, et elle est capable par sa nature de faire impression sur toutes les âmes et d'élever l'homme le plus grossier au-dessus du philosophe le plus éminent 3.

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En un mot, « la vérité grecque ou philosophique, dit Clément, bien qu'elle porte le même nom que la nôtre, « en diffère cependant par la perfection de la connaissance, par la solidité de la démonstration, par l'effica«cité divine et les autres caractères; car nous sommes les disciples de Dieu, nous qui avons reçu du Fils de Dieu ⚫les lettres vraiment sacrées. Voilà pourquoi les Grecs ne touchent pas les âmes comme nous, mais les enseignent ⚫par une méthode entièrement différente. »

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VIII. La connaissance surnaturelle a elle-même, selon Clément, trois degrés correspondants aux trois modes dont Dieu se révèle et se communique à l'homme, à savoir l'épignose, la gnose et la vision béatifique. La première, produite par la révélation primitive et hébraïque, était

Strom. VI, 7, p. 778. 2 Ibid. II. 2, p. 438. 3 Ibid. VII, 2, p. 834. 4 Ibid. 1, 20, p. 376.

propre aux fidèles de l'Ancien Testament. C'était, comme son nom l'indique, un acheminement vers la gnose ou la connaissance produite par la révélation chrétienne. Celle-ci. qui peut être plus ou moins parfaite dans le gnostique, trouve son achèvement définitif dans la vision béatifique ou la vue de Dieu face à face, terme suprême de la perfection et du bonheur de l'homme'. Toutefois, la vision béatifique n'égalera jamais la connaissance que Dieu a de lui-même. Car, dit Clément, à cause de sa grandeur, Dieu est absolument incompréhensible à notre nature.

IX. Nous trouvons donc marquées dans le docteur alexandrin ces quatre espèces de connaissance de Dieu: connaissance par la raison et par la nature, connaissance

par

la révélation positive, connaissance par la vision béatifique, réservée à l'autre vie, et connaissance absolue, adéquate, de compréhension, qui n'appartient à aucune nature créée. Or, il est facile, à l'aide de cette distinction, de déterminer jusqu'à quel point et en quel sens Clément proclame la nécessité de la révélation surnaturelle pour la connaissance de Dieu.

1° La révélation est nécessaire pour nous faire connaître sur la nature divine certaines vérités inaccessibles à la raison seule, telles que les mystères de la Trinité et du Fils de Dieu; 2' elle est nécessaire, dans la condition présente de l'humanité, pour prémunir la raison contre l'erreur et l'aider dans la recherche des vérités qui sont de son domaine, telles que l'existence et les principaux attributs de Dieu; 3° elle est nécessaire enfin pour la connaissance pratique de Dieu dans l'état actuel de notre nature déchue; car, comme le remarque Clément, la vérité grecque

1 Strom. 1, 19, p. 374: Μετὰ δὲ τὴν τῆς σαρκὸς ἀπόθεσιν πρόσωπον πρὸς πρόσωπον τότε ήδη οριστικώς καὶ καταληπτικῶς, ὅτ' ἂν καθαρὰ ἡ καρδία γένηται,

est une lumière qui, semblable sous quelques rapports à la lumière de la loi, montre le bien sans donner la force de le pratiquer. 4° Mais la révélation surnaturelle n'est pas nécessaire au point que, sans elle, l'homme demeure à jamais privé de la connaissance de son auteur, sans raison, sans conscience morale. La révélation suppose la raison et ne la crée pas. Ce qui constitue la raison humaine ce n'est ni la grâce, ni l'enseignement, ni la parole, c'est la participation naturelle à la lumière du Verbe, à la vérité, à la raison de Dieu même, à l'image de laquelle a été fait l'esprit de l'homme.

Sans doute Clément, non plus que toute l'antiquité ecclésiastique, n'admet pas que l'homme ait jamais végété dans cet état primitif où le représentaient certaines traditions païennes; qu'il ait jamais été sans l'usage de la raison, de la parole et du libre exercice de ses facultés; qu'il n'ait pas toujours été élevé et toujours vécu en société. Partout il enseigne que Dieu a dû se faire connaître à l'humanité dès son origine; qu'en fait il s'est dès lors révélé à elle, et qu'elle n'a pas perdu entièrement le souvenir des premiers enseignements divins. Mais partout aussi il suppose en même temps que la raison humaine subsiste par le fait même de sa création, en dehors et indépendamment de l'enseignement extérieur de Dieu et de la société ; que nous avons naturellement en nous l'idée de Dieu, et avec cette idée première et innée celle du vrai, du beau et du bien qui résident substantiellement en Dieu; en un mot, qu'avant de nous parler, Dieu nous a rendus capables de l'entendre.

Telle est la théorie de Clément sur la connaissance de Deu et la nécessité de la révélation. Elle favorise d'autant moins les systèmes de certains apologistes modernes du

christianisme qu'elle s'accorde mieux avec l'enseignement de tous nos plus grands théologiens.

La révélation proprement dite étant un enseignement immédiat et extérieur de Dieu, une parole divine, l'homme doit adhérer à cette parole s'il veut s'en approprier les bienfaits. Cette adhésion, fondée sur l'infaillibilité de Dieu, est la foi qui introduit l'homme dans le monde surnaturel. Comment la comprenait Clément d'Alexandrie?

CHAPITRE IV

De la Foi.-Sa nature. Foi naturelle.

Comme nous l'avons remarqué au livre premier de cette étude, la foi chrétienne avait, au second siècle, deux sortes d'adversaires : les philosophes et les Gnostiques.

Les premiers la réputant vaine et barbare, c'est-à-dire sans fondement rationnel, la condamnaient sans daigner l'examiner1. Par préjugé contre tout ce qui n'était pas d'origine grecque, et sans doute aussi, ajoute notre illustre docteur, par crainte de la mort dont les édits des Césars frappaient les chrétiens, les philosophes refusaient de reconnaître les harmonies de la raison et de la foi, et le lien providentiel qui rattachait la philosophie grecque à la foi chrétienne 2.

Par des raisonnements différents et même contraires, les Gnostiques aboutissaient à des conséquences à peu près identiques. Les Valentiniens professaient un souverain mépris pour la simple foi, qu'ils abandonnaient, comme les philosophes, aux pauvres d'esprit, et ils revendiquaient pour eux seuls la science absolue, la vraie gnose, inacces

'Strom. II, 2, p. 432.

2 Ibid. VI, 8, p. 773 : Ky of pilosopoŭvtes tù Elkvívov ¿shoxopõsɩ Tý) ἀληθείαν, ἐξεντελίζοντες τὴν φωνὴν τὴν βαρβάρων, ἢ καὶ ὑφορώμενοι τὸν ἐπηρτη μένον τῷ πιστῷ κατὰ τοὺς πολιτικους νόμους του θανάτου κίνδυνον.

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