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que jaillissent comme d'une source intarissable tous les ruisseaux qui vont se jeter dans l'océan de la vérité. L'avénement du Seigneur venu pour nous instruire fut prophétisé de mille manières : messagers, héraults, introducteurs, précurseurs se succèdent dès le berceau du monde afin de prédire par leurs discours, par leurs œuvres la venue du Sauveur, les circonstances, l'époque ⚫ de cet avénement et les prodiges qui devaient l'accompagner. La loi et les prophètes le signalent et le préparent de loin. Le précurseur le montre déjà présent, et après lui les apôtres en publient ouvertement la vertu. « Les philosophes n'ont plu qu'aux Grecs et seulement • à quelques disciples: Socrate à Platon, Platon à Xéno«crate, Aristote à Théophraste et Zénon à Cléanthe. Mais « la parole du Maître des chrétiens n'est point restée captive dans les limites de la Judée, comme l'enseignement ⚫ des philosophes dans l'enceinte de la Grèce. Propagée dans l'univers entier, elle a persuadé en même temps « Grecs et Barbares, nations, cités, bourgades, maisons, « individus ; elle a conduit à la vérité tous ceux qui l'ont écoutée, elle a même gagné bon nombre de philoso⚫ phes.

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Que la philosophie grecque soit interdite par l'autorité des magistrats, la voilà qui s'évanouit soudain. «Notre doctrine à nous, dès le premier instant de sa prédication, n'a cessé de voir s'élever contre elle rois, tyrans, gouverneurs, magistrats, qui, secondés par une armée de satellites et des multitudes innombrables, nous font une guerre acharnée et cherchent à nous anéantir. << Eh bien! cette doctrine n'en est que plus florissante,

car elle ne peut succomber à la manière des inventions humaines, ni languir comme un don sans vigueur. Tous

les dons de Dieu sont marqués de sa force. Elle demeure t donc invincible contre toutes les entraves, quoiqu'il lui ait été prédit qu'elle souffrira toujours la persécution 1.

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La preuve 2 que nous avons pour sauveur le Fils de Dieu lui-même, ce sont les prophéties qui ont précédé et annoncé son avénement, les témoignages qui ont accompagné sa naissance temporelle, les prodiges qui, depuis son ascension, sont annoncés et éclatent de toutes parts. Ce qui montre que nous avons la vérité, c'est que le Fils de Dieu est notre maître. En effet, si toute investigation roule toujours sur deux choses, à savoir le sujet et l'objet, il est évident que nous sommes [ ⚫ seuls en possession de la vérité vraie, car le sujet de la « vérité que nous démontrons est le Fils de Dieu; l'objet, « c'est la vertu de la foi, plus puissante que tous les obstacles qu'on lui oppose, plus forte que le monde entier conjuré contre elle 3. »

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Ainsi le christianisme est divin parce que son auteur est Dieu; il est vrai, parce que son auteur est la vérité même. Clément part de là pour établir que le christianisme est à l'égard de toute science humaine ce que le jour est à la nuit. Depuis que Jésus-Christ est venu nous instruire, dit-il, nous n'avons plus besoin d'écoles humaines : ce docteur nous enseigne tout; par lui la terre entière est « devenue Athènes et la Grèce. De même que quand le « soleil ne luit pas, tous les autres astres n'empêchent pas

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1 Strom. VI, 18, p. 826, 827.

2. Clément emploie ce mot dans le sens d'Aristote, qui le définit ainsi (Analyt. prior., liv. II, c. xxvi) : Signum autem nihil aliud esse videtur quam propositio demonstrativa, aut necessaria, aut probabilis. Nam quo exstante res exstat: vel quo facto prius aut posterius, res facta est: hoc est signum indicans rem factam esse aut exstare. Le mot τεκμήριον employe quelques lignes après dans le même texte par Clément, est défini par Aristote, loc. cit. Indicium aiunt esse, quod scire facit.

Strom. VI, 15, p. 801.

que la terre ne soit ensevelie dans les ténèbres; de • même si nous n'avions pas connu le Verbe, si nous ⚫ n'avions pas été éclairés par lui, nous serions semblables « à des poulets que l'on engraisse dans l'obscurité pour les faire mourir 1.

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Croyez donc, s'écrie-t-il plein d'enthousiasme, croyez • à l'Homme-Dieu; hommes, croyez au Dieu vivant qui a souffert, qui est adoré; croyez, esclaves, à celui qui est « mort; croyez, tous les hommes, à celui qui est le seul «Dieu de tous les hommes; croyez, et recevez en récompense le salut 2. »

La révélation divine, l'enseignement du Verbe incarné était donc nécessaire au genre humain.

Cette nécessité d'où provenait-elle aux yeux de Clément? La concevait-il comme une nécessité relative ou comme une nécessité absolue? La regardait-il comme une suite de la chute originelle ou bien comme une conséquence de la nature même de Dieu et de l'homme, en d'autres termes comme une nécessité résultant de l'incapacité essentielle où est un être fini de se mettre en rapport avec l'infini par lui-même et par ses forces naturelles?

En outre, supposé qu'elle soit absolue, cette nécessité de la révélation proprement dite existe-t-elle seulement pour la connaissance et pour la conscience dans l'ordre surnaturel, ou bien s'étend-elle à toute connaissance, à toute conscience dans l'ordre naturel, de sorte que sans révélation il n'y ait pour l'homme ni exercice de la raison, ni moyen de sortir de l'ignorance, ni formation de la conscience morale?

La question revient, on le voit, à déterminer en dehors

1 Cohort., II, p. 86 sq.

2 Ibid., X, p. 84.

de l'enseignement divin les forces de la raison pour le vrai, la puissance de la volonté pour le bien dans l'état présent de l'humanité. Elle touche donc de très-près aux débats qui s'agitent encore aujourd'hui soit entre les catholiques et les rationalistes, soit entre les catholiques eux-mêmes. A ce titre elle mérite une attention particulière.

CHAPITRE II

Nécessité de la révélation.-De la connaissance de Dieu.

La question de la nécessité de la révélation, nœud de toutes les controverses religieuses, se peut ramener à cet unique problème : la connaissance de Dieu.

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« Le principe immuable et le fondement principal de la « vie de l'âme, dit Clément d'Alexandrie, est la science du Dieu qui est véritablement et qui dispense aussi les choses qui sont véritablement, c'est-à-dire les biens impérissables. L'ignorer, c'est la mort. S'efforcer de « connaître ce qu'il est, qu'il est éternel, qu'il est le principe de tous les biens, qu'il est le premier et élevé au⚫ dessus de tout, qu'il est unique, et ainsi se l'approprier « par la connaissance et par la démonstration, c'est le plus grand, c'est le principal des enseignements utiles à la vie, celui qui tout d'abord doit être inculqué à l'âme1.» En plaçant si haut la question de la connaissance de Dieu, Clément ne faisait que commenter l'enseignement du Maître 2; et non-seulement tous les docteurs chrétiens ont pensé comme l'illustre chef de l'école d'Alexandrie, mais tous les vrais philosophes n'ont jamais eu, à cet égard, d'autre sentiment. Dans tous les temps et chez toutes les nations, la question de l'existence et de la nature

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1 Quis dives salvetur, VII, p. 939

2 Hæc est vita æterna, ut cognoscant te Deum solum verum... Joan. XVII, 13.

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