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nous venons de faire répond suffisamment à cette imputation. D'une part, il maintient, sous tous les rapports, la supériorité de l'Ancien Testament sur la philosophie. Quant à la portée surnaturelle qu'il attribue à cette dernière, il se fonde principalement sur ce fait qu'elle n'est point uniquement le fruit de la raison, mais tient de la révélation primitive et hébraïque ce qu'elle a de plus pur, de plus élevé, de plus grand, sa dogmatique. Enfin, même dans ces conditions, Clément refuse à la philosophie la vertu de sauver l'homme par sa propre puissance. Elle n'entre dans l'économie du salut qu'en tant qu'elle y prépare et qu'elle peut, comme cause coopérante (uvaitiov), aider à la formation du gnostique ou du fidèle parfait. C'est à quoi Clément borne son importance.

Seule et sans le secours de la foi, la philosophie est, dans l'état présent de l'humanité, insuffisante pour l'élever jusqu'à la connaissance et à l'amour nécessaires de son Créateur, pour l'établir par la connaissance, la piété et le culte, dans cette ressemblance et cette union avec Dieu, laquelle est, par le fait de la volonté divine, son salut et sa fin dernière.

Sur ce nouveau terrain, Clément rencontrait d'autres adversaires. Après avoir défendu les lettres et les sciences humaines contre les préjugés et les terreurs d'un certain nombre de chrétiens, il avait à convaincre les philosophes païens de l'insuffisance de la philosophie comme source de connaissance et comme règle de conduite, et par conséquent de la nécessité de la foi. Il avait, de plus, à déterminer et à définir contre les Gnostiques, la nature et l'excellence de cette foi défigurée par leurs systèmes. Suivons-le dans l'examen de cette grave et importante question.

LIVRE III

DE LA FOI.

CHAPITRE I

La Révélation.-Ba nature.-Sa divinité.

On a dit que la pensée de Clément sur la foi était obscure et incertaine1. Ce jugement, auquel nous ne saurions souscrire, repose sans doute sur les diverses significations que notre saint docteur donne au mot foi (níσtıs), suivant les erreurs différentes et même contradictoires des adversaires qu'il avait à combattre. Sa théorie pour être bien comprise a besoin d'être interprétée en vue des systèmes auxquels il l'a opposée.

Le mot foi est pris assez fréquemment dans le langage des Pères et de Clément lui-même pour l'objet de la foi. Dans ce sens il est synonyme de révélation, de christianisme. La foi est l'ensemble des vérités, des préceptes et des grâces, fruits de l'enseignement, de la vie et de la mort du Verbe incarné. Elle participe de la nature de son auteur, dont elle est l'expression théorique et pratique. Elle

Sur ce point, dit M. Vacherot, la pensée de saint Clément, bien qu'obscure et incertaine, est très remarquable. » Hist. critique de l'école d'Alexandrie, t. I, p. 251.)

en a tous les caractères. Pour en connaître la nature il faut donc connaître celui qui en est le principe.

Or, quel est son auteur? Apprenez-le en peu de mots, dit Clément :

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« Le Christ, c'est le Verbe de la vérité, le Verbe de « l'indéfectibilité qui régénère l'homme et l'élève jusqu'à la vérité; le centre du salut qui écarte la corruption, qui chasse la mort et construit dans l'homme un temple afin qu'il élève en lui un trône à Dieu. Le Christ « est pour nous non-seulement la cause de notre existence, << mais encore il nous a conservés pour que nous fussions bienheureux. Lui, le Verbe même, parut parmi les ⚫ hommes; lui seul, en même temps Dieu et homme 2, est << devenu pour nous la source de tout bien. C'est là le « nouveau chant l'apparition du Verbe, qui était au « commencement et avant tous les temps. Après nous avoir

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donné la vie comme créateur, il nous est apparu comme « docteur pour nous enseigner à bien vivre, afin que plus « tard comme Dieu il puisse nous accorder la vie éternelle 3. Notre docteur est semblable à Dieu son père dont il est le Fils; il est élevé au-dessus de tout péché, au-dessus de tout reproche, de tout trouble de l'âme; Dieu pur et sans tache, sous forme humaine, obéissant « à la volonté du Père, le Verbe de Dieu est dans le Père; a il est assis à la droite du Père, et il est Dieu nonobstant « sa forme d'homme *. »

«

Clément réduit la notion des perfections divines du Verbe révélateur et sauveur à sa plus simple expression en

1 Cohort., II, p. 90.

* Ο μόνος ἀμφὼ Θέος τὲ καὶ ἄνθρωπος.

3 Cohort. I, p. 6 sq.
Pædag. I, 2, p. 99.
-V, 1, p. 646, etc.

p. 635;

Cf. sur la divinité du Verbe: Strom. IV, 25.

disant « Il est le Verbe divin incontestablement vrai

"

Dieu, égal au Maître souverain de toutes choses 1. »

Ainsi le Verbe de Dieu, la vérité absolue, la puissance du Père ayant paru en personne, s'étant incarné, s'étant fait homme pour instruire et sauver les hommes, la doctrine du salut, le christianisme dont il est l'auteur peut être facilement défini. La révélation chrétienne est, d'une part, comme le Verbe, la vérité absolue, infaillible, indéfectible et toute-puissante; elle est, d'autre part, nécessaire, indispensable au salut, comme le médiateur, Homme-Dieu, comme le Rédempteur incarné, mort et ressuscité pour les hommes 2.

Divinité et nécessité, tels sont donc ses deux caractères essentiels.

Quant à la divinité du christianisme, c'est une question de fait qui se prouve, comme la divinité de son Auteur, par le miracle, par la prophétie, par sa force de propagation, de résistance et de durée.

Clément invoque toutes ces preuves. « Il ne faut pas, dit-il, mépriser témérairement la foi des chrétiens. « comme une chose commune, vulgaire et sans prix. Si « elle était d'invention humaine, comme les Grecs le prétendent, elle aurait déjà disparu. Mais puisque au contraire, dans ses accroissements journaliers, il n'est pas de lieu où elle ne s'établisse, elle est évidemment quelque chose de divin 3.

La sagesse qui est propre aux chrétiens, dit-il encore. est la seule enseignée de Dieu; et c'est de cette sagesse

Cohort., X, p. 86.

2 Strom. VI, 7, p. 770 et 771.

3 Non est merito temere reprehendenda, ut et facilis et vulgaris et quæ fit quorumlibet. Si humanum enim esset inventum, ut existimabant Græci, etiam extinctum esset. Sin autem augetur, non est ubi non est. Dico ergo fidem... esse divinum aliquid. (Strom. II, 6, p. 445.)

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