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Laiflez l'Etat, & n'en dites plus mot;
Il eft pourvu d'un très-bon matelot ;
Car, s'il vous faut parler avec franchise,
Quoique fur tout votre efprit fubtilife,
On vous connoît, & vous n'êtes qu'un fot,
En bon françois.

Le Rondeau redoublé confifte en cinq quatrains, à la fin de chacun defquels on répete un vers du premier quatrain. Ces fortes de piéces ne font plus guères d'ufage, & d'ailleurs nous ne nous propofons pas d'expliquer les régles de leur méchanisme. Il ne faut pour les apprendre que le tems de les lire; & les exemples de ces morceaux, rares dans les Poëtes de nos jours, font extrêmement communs dans ceux qui écri- . voient il y a un fiécle. Cependant nous en donnerons un exemple :

Si l'on en trouve, on n'en trouvera guère
De ces Rondeaux qu'on nomme redoublés,
Beaux & tournés d'une fine manière;
Si qu'à bon droit la plupart font fiflés.

A fix quatrains les vers en font réglés,
Sur double rime, & d'efpece contraire,
Rimes où foient douze mots accouplés;
Si l'on en trouve, on n'en trouvera guère.

Doit au furplus fermer fon quartenaire
Chacun des vers au premier affemblés,
Pour varier toujours l'intercalaire
De ces Rondeaux qu'on nomme redoublés.

Le P Mour

gues,.

, Jé

Suite.

Puis par un tour, tour des plus endiablés,
Vont à pieds joints, fautant la piéce entiere
Les premiers mots qu'au bout vous enfilez
Beaux & tournés d'une fine maniere.

Dame Pareffe, à parler fans mystère,
Tient nos Rimeurs de fa cape affùblés :
Tout ce qui gêne eft sûr de leur déplaire;
Si qu'à bon droit la plupart font fifles.

Ceux qui de gloire étoient jadis comblés,
Par beau labeur en gagnoient le falaire,
Ces forts efprits, aujourd'hui cherchez-les ;
Signe de croix on aura lieu de faire
Si l'on en trouve.

2

On voit par cet exemple que le refrain du Rondeau redoublé fe met au bout de la derniere ftance. Ce Rondeau, qu'on cite. prefque par-tout avec éloge, & qui doit avoir beaucoup coûté au Poëte, eft.déteftable, & fuffiroit pour dégoûter de ce genre. Celui que Voiture a fait fur le Rondeau fimple:

Ma foi, c'est fait, &c.

eft bien meilleur que celui-là.

Le Rondeau fimple eft toujours en ufage, & la mesure de vers qui lui eft affectée eft celle de dix fyllabes, quoiqu'on en trouve quelques-uns en vers de huit; mais cela eft plus rare. Nos maîtres en ce genre, Marot & Rouffeau, ont toujours préféré la premiere efpece de vers, non pas exclufivement à toute autre, mais parce qu'ils l'ont

crue plus fimple, plus naïve, & en quelque maniere moins éloignée de la profe. En effet, par fes deux hémiftiches inégaux, elle tient dans notre langue la place que le vers ïambe occupoit chez les Anciens, & regagne par l'harmonie, fur le vers Alexan drin, ce qu'elle femble perdre du côté de la majefté. D'ailleurs ce vers permet des repos, des enjambemens, des inverfions qui deviennent fautes dans tous nos autres vers. Cependant, le Rondeau ne devant point avoir de plus grand mérite que la naïveté, fa perfection dépend beaucoup moins de la ftructure du vers, que d'un génie aifé, facile & naïf qui fçait affortir la diction à la fimplicité des pensées. Gacon a raffemblé dans une miférable Satyre cent Rondeaux & plus, qui ne péchent point contre le méchanifme: on y cherche en vain le naturel; c'eft une de ces productions forcées dont Rouffeau, contre qui il se déchaîne, avoit fi bien dit :

Le jeu d'échecs reffemble au jeu des vers;
Sçavoir la marche est chofe très-unie,
Jouer le jeu, c'est le fruit du génie ;
Je dis le fruit du génie achevé
Par longue étude & travail cultivé.

Cette facilité apparente de ftyle cache un grand artifice & des fineffes que l'on ne connoît jamais mieux qu'en effayant d'écrire dans ce genre où les difficultés femblent naître & s'accroître à chaque pas que l'on fait; enforte qu'à moins de fentir un

Epit. à Clément Marot

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penchant décidé pour dire les chofes les plus communes avec grace, il eft comme impoffible qu'on ne fe faffe une habitude de rimer groffiérement & fans art, des penfées triviales; ce qui forme, pour m'exprimer avec un fatyrique Anglois, l'art de remper en poëfie.

SAR

(SAR)

ARCASME, en terme de rhétorique, fignifie une ironie piquante & cruelle, par laquelle l'Orateur raille ou infulte fon adverfaire. Telle eft, par exemple, l'ironie des Juifs, parlant à Jefus-Chrift attaché en croix: «Toi qui détruis le temple & » le rebâtis en trois jours, fauve-toi toi» même, &c.... Il a fauvé les autres; il ne » peut fe fauver lui-même. Qu'il defcende » maintenant de la croix, & nous croirons » en lui. » Telle eft encore celle de Turnus aux Troyens, dans l'Enéïde, lorfque, dans un combat, il a remporté fur eux quelques avantages.

En agros & quam bello, Trojane, petifli
Hefperiam metire jacens : hæc præmia, qui me
Ferro aufi tentare, ferunt: fic mania condunt.

Cette efpece de figure eft aujourd'hui bannie du barreau. La politeffe du fiécle ne pardonneroit pas à un avocat une raillerie trop piquante contre fa partie adverse.

On doit, en général, ufer fobrement des figures, à plus forte raifon de celles qui tendent à l'injure, telles que l'invective, le farcafme, l'ironie. Quoique nous nous foyons affez étendus fur cette derniere, nous croyons devoir y ajoûter cette réflexion de M. de Voltaire, qui peut être utile à ceux qui ont du goût pour le théatre. « L'ironie, dit-il,

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