Obrazy na stronie
PDF
ePub

Baronius rapporte un autre exemple d'un semblable miracle. L'on conserve à Naples une fiole du sang de saint Etienne, qui se liquéfie tous les ans le jour de l'Invention des Reliques de ce saint martyr, le 3 août. Cependant, lorsque Grégoire XIII corrigea le calendrier et qu'il y ajouta dix jours, le miracle du sang de saint Etienne arriva le jour que l'Eglise célébrait la fête de l'Invention de ses Reliques, et non pas dix jours après, comme auparavant. Baronius dit que le cardinal François-Marie Taurisio avait été témoin oculaire de cette merveille.

<«< Cela marque, conclut Baronius, que Dieu approuve par des miracles ce que fait l'Eglise romaine et Je souverain Pontife » (1).

En terminant ces notions sur le miracle des noces de Cana et sur les traditions qui s'y rattachent, nous ne pouvons oublier de mentionner un souvenir dont plusieurs églises de France, d'Allemagne, d'Italie et autres pays se glorifient, et qu'elles vénèrent avec raison. Nous voulons parler des urnes de pierre, au nombre de six, dans lesquelles l'eau fut changée en vin par J.-C. Quelques-uns de ces vases se sont conservés jusqu'à présent. Avant 1789, on en montrait un dans le monastère de Port-Royal de Paris; il était exposé dans le chœur des religieuses. La tradition veut que saint Louis, en revenant de la Terre sainte, le transporta à Paris. Dans le milieu de cette urne, sous les anses, on lisait deux caractères hébreux; elle était en porphyre rouge, et contenait environ cinquante-deux pintes de Paris, mesure équivalente aux deux métrètes dont il est fait mention dans l'Evangile.

Dans ces dernières années (1851, 1852 et 1853), les Annales archéologiques ont accueilli d'intéressantes communications sur quelques-unes de ces urnes de Cana.

sylvis densissimis constituta, illicque perparva atque vili opere constructa est Ecclesia. In cujus baptisterio nocte sacrosancta Paschali baptizandi hóra, cum nullus canalis, nulla sit fistula, nec aqua omnino vicina, fons ex se repletur, paucisque qui fuerint, consecratis, cum deductorium nullum habeat, ut aqua venerat, ex sese discedit..... Cum ergo apud Occidentales error ortus fuisset, consuetis lectionibus nocte sancta discussis, cum presbyter, secundum morem baptizandi horam requireret, usque ad lucem aquam non venientem, non consecrati, qui baptizandi erant, recesserunt. Ut ergo breviter narrem, illa nocte quæ lucescebat in diem dominicam, decimo die calendas maii, fons sacer hora competenti repletus est. Evidenti ergo miraculo claruit occidentalium partium fuisse errorem (Paschas., apud S. Leonem, epist. 63). — Voyez un prodige de ce genre dans S. Grégoire de Tours, Miraculorum, lib. 1, chap. 24, 25 et 26.

(1) Ex hoc plane constat, divinis suffragiis, quæ in sancta romana Ecclesia ab ipso romano pontifice constituta sunt, probari atque firmari (in notis ad Martyrolog., 3 augusti).

Angers possède un de ces vases, en porphyre rouge, de 47 centimètres de hauteur sur 40 centimètres de diamètre de dedans en dedans. Avant la révolution de 1793, il était honorablement conservé dans le chœur de la cathédrale d'Angers, au sud, en une niche au bas de laquelle on lit encore cette inscription: Hydria de Cana Galileœ (urne de Cana en Galilée). Ce vase demeura en ce lieu de 1701 à 1793, l'espace de quatre-vingt-douze ans. Auparavant, il était dans le chœur de la même église, mais en une autre niche beaucoup mieux ornée, de l'époque du XVe siècle, style flamboyant avec pinacles. Le bon roi René avait été le donateur de cette urne, en 1450.

[ocr errors]

On trouve, dans un manuscrit qui date des premières années du XVIIIe siècle, ces quelques détails relatifs aux cérémonies instituées et composées par René à l'occasion de ce vase: « Les Nopces.-Second dimanche d'après l'Epiphanie. On fait l'office comme aux dimanches ou doubles ou semi-doubles. » Après la bénédiction de l'eau pour asperger le peuple, le « maire-chapelain.... va, précédé d'un porte-bénitier, de deux acolytes et du porte-croix commune, tous quatre en aubes, du côté de l'épître, dans le sanctuaire, au lieu où est la cruche de Cana, exposée sur une crédence parée d'une nappe par les soins du garde-reliques, qui l'expose pendant prime, et la laisse ainsi exposée aux yeux du public jusqu'après sexte. - Ledit maire-chapelain bénit le vin que le garde-reliques a mis dans ladite cruche, tenant son messel (missel) en main, dans lequel il prend la bénédiction qui estoit autrefois particulière, mais perdue par négligence.... Nota. On n'expose point cette cruche qu'il n'y ait un cierge ardent tant qu'elle est exposée. »

Après l'aspersion de l'eau-bénite, le maire-chapelain, revêtu « d'une chape blanche, se couvrant les épaules d'un voile aussi blanc, va au lieu où est la cruche de Cana, précédé de deux chapelains chapés de blanc, tenant en main chacun une torche blanche allumée, tous trois couronnés de couronnes de romarin par-dessus leurs camails, qu'ils n'ôtent point, ne se découvrant pas.... Le garde-reliques présente au maire-chapelain.... une burette de cristal ou une des plus belles burettes antiques d'argent, pleine de vin bénit dans ladite cruche. Laquelle burette il couvre des deux extrémités de son voile, en sorte qu'on ne voit que le devant de la burette. »

Suit la procession, où l'on porte en grande pompe la burette précitée, et à laquelle assistaient l'évêque, les chanoines, etc. Au commencement de la messe, on posait la burette sur le maître-autel, du côté de l'épître; on ne consacrait pas d'autre vin que celui de cette burette pour le saint sacrifice.

<< Enfin a lieu la distribution du vin bénit dans la cruche. Le gardereliques, en étole, distribue, tant que la cruche est exposée, à un chacun le vin bénit. Le peuple y est en grand nombre. »

Le monastère de Saint-Florent, près de Saumur, possédait jadis un autre vase de Cana, don de Charlemagne. On ne sait ce qu'il est devenu. Quant à celui d'Angers, il a été l'objet de l'attention sérieuse des antiquaires les plus distingués, qui n'ont pas émis le plus léger doute sur sa très-haute antiquité. Cette urne a été creusée au tour, procédé très en usage dans la Judée pour la fabrication des vases de cette sorte, qui servaient aux ablutions des personnes et au lavage des ustensiles de table.

Les mascarons fort remarquables qui ornent ce vase, par leur style semblent appartenir à l'art égyptien. Qui sait si ces vases ne sont pas provenus de ce pays quand les Israélites en sortirent sous la conduite de Moïse? Nous donnons cette conjecture pour ce qu'elle vaut, et non comme le résultat d'une étude particulière de ce curieux objet.

A la suite de cette notice, que nous abrégeons beaucoup, M. Didron a placé quelques aperçus ingénieux et vrais que nous engageons à lire et à méditer, comme tout ce qui sort de la plume de cet éminent archéologue. On doit le remercier, au nom de la tradition religieuse et de l'art, d'avoir donné le dessin fort exact de l'urne d'Angers.

Parler des autres vases que l'on conserve hors de la France nous mènerait trop loin on peut lire avec fruit, là-dessus, les Annales archéologiques.

Tout fait penser que l'urne de Port-Royal est dans un des dépôts publics de Paris: on a déjà constaté son existence ultérieure au musée des Petits-Augustins. Enfin, un fragment de celle du trésor de l'abbaye de St.-Denis est déposé au cabinet des antiques de la Bibliothèque impériale.

Si l'on retrouve l'urne de Port-Royal, il serait à désirer qu'elle allât prendre place, avec le fragment de la Bibliothèque impériale, dans le sanctuaire de la Sainte-Chapelle du Palais. Pourquoi le vase d'Angers ne retournerait-il pas aussi à la cathédrale, où sa place est toute marquée ?

NOTE 9.

OFFICE DES FUNÉRAILLES DE L'ALLELUIA.

Ce terme d'Alleluia nous paraît avoir été mis à presque toute sorte d'épreuves. Nous ne remonterons pas jusqu'à ces siècles reculés où, avant l'invention des cloches, il servait de signal pour appeler à la prière les

TOME III.

31

religieux et les religieuses; nous n'examinerons pas non plus si ce se rait de là que pourrait être venue la pensée qu'eut saint Germain, évê– que d'Auxerre au Ve siècle, d'en faire le cri de guerre des Angles (1). Notre dessein n'est pas aussi de faire remarquer ce que rapportent certains auteurs touchant des concerts extraordinaires entendus dans les airs, et dans lesquels on distinguait à merveille ce mot Alleluia. François Alvarez rapporte qu'en Afrique il y a eu un monastère appelé Alleluia, en mémoire d'un semblable événement.

Ce terme Alleluia (qu'on nous passe cette remarque grammaticale), quoique appartenant à une langue avec laquelle la latine n'a aucun rapport, n'a pas laissé d'en subir les inflexions; et quoique, en luimême, il signifie une sentence entière et complète, on en a fait un nom latin, à qui on a donné des cas; on l'a même réduit en verbe, que l'on a conjugué comme un verbe ordinaire (2). On a fait plus, on l'a personnifié; pour lui faire sentir le sort commun des choses de la terre, on l'a fait mourir, on l'a enterré, enfin on l'a ressuscité. C'est à ce dernier trait de personnification humaine, l'enterrement et la résurrection, que nous voulons nous arrêter dans cette note.

L'article xv des statuts de l'église cathédrale de Toul, rédigés au XVe siècle, a pour titre : Sepelitur Alleluia, « On ensevelit l'Alleluia. » Voici les propres termes de cette rubrique que nous transcrivons fidèlement: Sabbato Septuagesimæ in nona conveniant pueri chori feriati in magno vestiario, et ibi ordinent sepulturam Alleluia. Et expedito ultimo Benedicamus, procedant cum crucibus, torciis, aqua benedicta et encenso, portantesque glebam ad modum funeris, transeant per chorum, et vadant ad claustrum ululantes usque ad locum ubi sepelitur; ibique aspersa aqua et dato incenso ab eorum altero redeunt eodem itinere. Sic est ab antiquo consuetum.

« Le samedi veille du dimanche de la Septuagésime, à l'heure de none, que les enfants de chœur s'assemblent en habits de fête dans la grande sacristie, et qu'ils y procèdent à l'ensevelissement de l'Alleluia. Après avoir terminé le dernier Benedicamus de none, ils se mettront en marche avec les croix, des torches, de l'eau bénite et l'encens, portant

(1) Voyez la Vie de S. Germain d'Auxerre, par le prêtre Constance; Bolland., Acta SS., 31 juillet, et Bède, Hist. eccles. angl.

(2) Alleluiatici Psalmi, dans S. Jérôme, etc. Alleluiaticum, dans S. Grégoire de Tours: dans la Règle de S. Aurélien d'Arles, etc. — Alleluiarium, Eucologe des Grecs, p. 102, c'est-à-dire les versets des Psaumes précédés d'Alleluia.— Alleluiare: Responsoria Horarum alleluiantur. Cette expression est dans plusieurs anciens Bréviaires du XVIe, du XVe siècle et au-delà. — Alleluiatus, adjectif: Responsoria alleluiata, Microlog., cap. 59.

une figure de personnage mort; ils passeront par le chœur, et iront au cloître en poussant des cris de douleur jusqu'au lieu où l'on doit enterrer l'Alleluia. En cet endroit, un d'eux fera l'aspersion d'eau bénite sur la fosse et l'encensera, et puis tous reviendront par le même chemin qu'ils auront suivi en allant. C'est ainsi qu'on a coutume de pratiquer ces choses depuis longtemps. »

A quelle époque remonte l'origine de cette coutume? Nous croyons qu'elle est fort ancienne. Au IXe siècle, Amalaire Fortunat, diacre de l'église de Metz, un de nos plus célèbres liturgistes, nous apprend (1) que de son temps on faisait dans cette église un office de l'Alleluia, semblable à des obsèques joyeuses, ce qui était comme une espèce d'adieu solennel. On lui appliquait à cette occasion tous les passages qu'on pouvait de l'Ecriture sainte.

Amalaire Fortunat ne parle pas de la collecte qui servait de conclusion à cet office; mais l'abbé Lebeuf l'a trouvée, au XVIIIe siècle, dans un Missel du XIIe siècle, à l'usage du diocèse d'Auxerre, et dans un Antiphonier selon le même usage, écrit au XIIIe. Plus tard on ajouta à cet office une hymne, afin qu'il n'y manquât rien. Anciennement, c'està-dire du temps d'Amalaire au moins, c'était la coutume que le chant de l'Alleluia fût quitté avec plus de solennité qu'il n'était repris.

Ce fut dans le Xe et dans le XIe siècles qu'on s'avisa de représenter, à la lettre, la déposition ou la sépulture de l'Alleluia par quelques actions qui répondissent aux paroles de l'office même. Dès le IXe siècle, cette cérémonie avait lieu le dimanche de la Septuagésime. Dans saint Udalric, compilateur des usages de l'ordre de Cluny, on lit In Septuagesima adeps simul cum Alleluia sepelitur, « A la Septuagésime, on ensevelit l'usage du gras avec l'Alleluia. » On ajoutait même, selon l'Antiphonier du XIIe siècle précité : Et dum ortus fuerit dies, ambulabis vias tuas, « Et quand le jour se sera levé, tu te mettras en marche; » car on disait alors matines au plus tard à deux heures du matin dans les cathédrales. Dans un autre répons du même Antiphonier, l'assemblée souhaitait à l'Alleluia un bon voyage, par ces paroles du livre de Tobie : Angelus Domini bonus comitetur tecum, et bene disponat itinera tua, ut iterum cum gaudio revertaris ad nos; « Que le bon ange du Seigneur t'accompagne et qu'il règle bien ton voyage, afin que tu reviennes encore à nous avec joie. >>

Au reste, s'il est vrai que ce fut de l'église de Metz, réputée, au IXe siècle,

(1) De Ordine Antiphonarii liber, chap. 30. De Officio Septuagesima, dans le t. 14 de la Maxima Bibliotheca veterum Patrum, etc., édition de Lyon, p. 1047-1048.

« PoprzedniaDalej »