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prospérité. Pour ce qui est de l'épître, elle nous met en expédition et nous fait faire les préparatifs de guerre. Le trait nous invite à faire des provisions d'armes; il nous apprend à servir dans la milice du triomphateur, de celui qui nous a créés, et non dans celle de celui à qui nous nous sommes vendus. Et remarque toute la logique de la série des évangiles. Dans la Septuagésime, nous cultivons la vigne; dans la Sexagésime, nous ensemençons le champ, ou nous confions la semence à la terre; dans la Quinquagésime, nous récoltons le fruit de la lumière dans la personne de l'aveugle rendu à la jouissance du jour.

CHAPITRE XXVIII.

DU MERCREDI DES CENDRES (11), OU MERCREDI EN TÊTE DES JEUNES (IN CAPITE JEJUNIORUM).

I. Après la Quinquagésime suit la Sainte-Quarantaine ou Carême, qui est le nombre de jours de la pénitence spirituelle dans laquelle l'Eglise jeûne et se repent de ses péchés. Car c'est en passant par la pénitence du Carême que l'on arrive à la Quinquagésime, c'est-à-dire à l'année jubilaire, savoir à la rémission des péchés, comme on l'a dit ci-dessus. Le Carême commence au dimanche suivant, où l'on chante Invocavit me; mais le jeûne commence au mercredi, comme on le verra bientôt.

II. Ce fut le bienheureux Pierre qui institua le jeûne de la quarantaine qui précède Pâques. Cette abstinence, que nous observons pendant quarante-six jours, depuis la tête des jeûnes jusqu'à Pâques, n'est pas sans raisons mystiques; car ce fut quarante-six ans après la captivité de Babylone que le temple du Seigneur fut rebâti. Et nous aussi, quarante-six jours

après la captivité de Babylone, c'est-à-dire de la confusion des vices, nous consacrons dans notre cœur un temple au Seigneur, par l'abstinence et les bonnes œuvres. Mais pourquoi jeûne-t-on pendant quarante jours, et d'où vient ce nom de Carême, Quadragesima (quarantaine)? C'est ce que nous verrons au chapitre du dimanche suivant. Or, le jeûne du Carême est recommandable ou recommandé par son institution, par les trois époques (avant la loi, sous la loi et après la loi) où il fut observé, et par les personnages qui jeûnèrent à ces trois époques.

III. Les jeûnes ont encore été institués, parce que dans la loi ancienne il était ordonné de donner à Dieu les dîmes et les prémices de tous les biens. Nous devons aussi en agir de même et payer à Dieu la dîme et les prémices de nos personnes, c'està-dire de notre corps, de notre ame et de notre temps. Nous avons parlé des autres jeûnes, au chapitre du Mercredi de la troisième semaine de l'Avent; or, nous offrons à Dieu les dîmes et les prémices de nos propres personnes, lorsque nous accomplissons de bonnes œuvres. Dans la sainte Quarantaine, on paie la dîme des jours, parce que, selon saint Grégoire (De cons., d. v, Quadragesima), depuis le premier dimanche de Carême jusqu'à Pâques, on compte six semaines, qui forment la somme de quarante-deux jours; si de ces quarante-deux jours on retranche six dimanches, il ne reste plus que trentesix jours, qui sont comme la dîme de l'année. Or, pour compléter le nombre de quarante jours, pendant lesquels jeûna le Christ, d'après l'institution du pape Grégoire (De cons., d., v, Quadragesima), on prend quatre jours de la semaine précédente, c'est-à-dire le mercredi, le jeudi, le vendredi et le samedi; et c'est d'après cela que l'on dit Carême (Quadrage— sima), comme si l'on disait : Quatre jours ajoutés à la dîme, quatuor cum decima, parce qu'aux trente-six jours, qui sont la dîme de l'année, on ajoute quatre jours, comme on l'a déjà dit. Le premier de ces jours ajoutés est un jour de sanctifica

TOME III.

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tion et de purification, parce qu'alors nous purifions tant notre ame que notre corps, en aspergeant nos têtes de cendre. Les trois autres jours appartiennent aux prémices des jours qui sont payés dans les quatre temps de l'année; mais comme les trente-six jours précités sont la dîme des trois cent soixante jours de l'année (ou la dixième partie), et comme l'année se compose de trois cent soixante-cinq jours et six heures, il est évident qu'en jeûnant pendant trente-six jours sous le rapport de la dime, il reste cinq jours et six heures qui ne sont pas dîmés. Le jeûne que nous observons pendant les quatre jours, depuis le mercredi des Cendres jusqu'au dimanche suivant, c'est-à-dire pendant quatre jours de la semaine précédente, comme nous l'avons dit précédemment, complètent le nombre sacré de la quarantaine. Il reste encore néanmoins trente heures qui ne sont pas dîmées, c'est-à-dire un jour, qui contient vingt-quatre heures, plus six heures; mais on peut dire que nous payons la dîme de ce temps en dînant plus tard qu'à l'ordinaire le Samedi saint; c'est peut-être aussi à cause de cela qu'en ce jour on célèbre la messe beaucoup plus tard, c'est-à-dire à la nuit, comme nous l'avons dit dans la préface de la quatrième partie.

IV. Nous autres Provençaux, nous commençons le jeûne du Carême dès le lundi avant les Cendres, et ainsi nous jeûnons deux jours de plus que les autres peuples; et nous agissons de la sorte, non-seulement par décence et par convenance, c'est-à-dire afin que nous commencions le saint jeûne le mercredi, après nous être purifiés ainsi pendant deux jours, mais encore parce que le Carême se termine le Jeudi saint, au grand jour de la Cène du Seigneur, comme nous l'avons dit au chapitre de la Septuagésime : nous jeûnons donc les deux derniers jours de la semaine sainte, non pas à cause du jeûne du Carême, mais pour la raison précitée, et à cause de la sainteté de ces jours. Les clercs sont tenus de commencer le jeûne le dimanche de la Quinquagésime, comme nous l'avons dit en

son lieu. Quelques-uns ont prétendu que les quatre jours qui précèdent le Carême y ont été ajoutés pour une autre raison. Ainsi, trois jours de jeûne seraient observés pour les trois jours des quatre-temps qui arrivent dans le Carême, et le quatrième se rapporterait à la vigile de Pâques, qui doit être vigile-jeûne. Mais la raison précitée est plus vraie.

V. Mais comme, dans le Carême, nous sommes invités à jeûner pour imiter le jeûne du Christ (12), comme nous l'avons dit précédemment, et que le Christ lui-même, aussitôt après son baptême, c'est-à-dire après l'Epiphanie ou manifestation, a commencé son jeûne, on demande pourquoi nous commençons à jeûner en ce temps jusqu'à Pâques, et pourquoi nous ne jeûnons point à la même époque que le Christ, dont les actions doivent être notre instruction (Duodecima quæstione, secunda, Exemplum). Nous en donnerons quatre raisons. La première, c'est que dans le Carême nous représentons le peuple d'Israël, qui fut quarante ans dans le désert, et qui, aussitôt après, célébra la Pâque. La seconde, c'est qu'à l'époque du printemps les hommes éprouvent naturellement en eux la fermentation des appétits déréglés, et c'est pour y mettre un frein que le jeûne a été institué en ce temps. La troisième, parce que la résurrection suit la passion du Christ; il était donc raisonnable que notre affliction coïncidât avec la passion du Sauveur: car, puisqu'il a souffert lui-même pour nous, nous devons aussi souffrir avec lui, pour régner enfin avec lui, de telle sorte que notre résurrection soit la suite de notre passion ou de notre pénitence, d'après ces paroles de l'Apôtre : « Si nous souffrons avec lui, nous régnerons avec lui ; » car le moment où le malade souffre le plus est celui de sa convalescence. La quatrième raison, c'est que, de même que les enfants d'Israël, avant de manger l'agneau pascal, se condamnaient à la souffrance et mangeaient des laitues sauvages, c'est-à-dire amères, de même nous devons nous condamner à la souffrance par l'amertume de la pénitence, afin qu'aussitôt après nous

puissions manger dignement l'agneau de vie, c'est-à-dire le corps du Christ, pour participer ainsi aux sacrements mystiques de la Pâque nouvelle.

VI. Or, dans les messes de Carême on répète fréquemment ces paroles: Humiliate capita vestra Deo, « Humiliez vos têtes devant Dieu,» parce que c'est surtout dans ce temps que le diable multiplie contre nous ses attaques. De là vient que nous devons prier Dieu avec humilité, et nous humilier ou nous abaisser devant lui; et, pour que nous nous abaissions sous la main du Dieu tout-puissant, on dit aussi : Flectamus genua, « Fléchissons les genoux,» dont nous avons parlé dans la quatrième partie, au chapitre du Salut.

VII. Il faut savoir que le Flectamus genua et l'Humiliate capita s'accompagnent, et que le dimanche on ne dit ni l'un ni l'autre; car, comme le dit saint Grégoire, celui qui fléchit les genoux le dimanche nie la résurrection de Dieu. Or, c'est pour beaucoup de motifs que nous nous prosternons à terre en priant, comme on l'a dit dans la cinquième partie, au chapitre de Prime. On dit encore l'oraison sur le peuple après l'Humiliate capita, etc., à cause de la sainteté du temps. Et pour marquer que dans cette vie nous avons besoin de prières, afin de mériter d'entendre un jour ces paroles de la bouche du Seigneur << Venez, les bénis de mon Père, » cette oraison tient lieu de la sainte communion. Car, autrefois, tous les fidèles communiaient, et quand ils s'approchaient de la sainte table le diacre les invitait à fléchir les genoux; maintenant, comme un grand nombre reçoivent indignement le corps du Seigneur, l'oraison remplace la communion. Le diacre, comme auparavant, s'acquitte de sa fonction, et dit : Humiliate capita vestra Deo, parce que quiconque s'humilie sera élevé, et quiconque alors sera béni pour ses bonnes œuvres, sera désigné dans la suite pour l'éternelle bénédiction. Dans cette oraison, le prêtre excite les soldats aux combats du Christ et contre l'ancien ennemi, et à éviter les embûches de leurs ennemis; et il

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