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que nous devons toujours, en louant Dieu, élever nos cœurs vers lui. Cependant, si le cœur ne s'accordait pas avec la voix, il est certain que les cris les plus retentissants ne plairaient pas au Seigneur.

XXV. Or, il existe une différence entre le psaume, l'hymne et le cantique; car le psaume représente les œuvres, l'hymne les louanges, et le cantique les transports de l'ame, ce dont nous parlerons au chapitre de Laudes et Matines. L'Apôtre parle de ces trois choses aux Colossiens (c. ), lorsqu'il leur dit : << Chantez des psaumes, des hymnes et des cantiques spirituels; chantez du fond de votre cœur les louanges du Seigneur. » De ces trois variétés, on peut faire découler toute la musique sacrée du Nouveau-Testament, comme on le dira bientôt. Saint Hilaire, évêque de Poitiers, est le premier qui s'illustra par la composition des hymnes. Après lui florit saint Ambroise. On appelle les hymnes du nom d'ambrosiennes, parce que c'est surtout de son temps qu'on commença à en chanter dans l'église de Milan. Dans la suite, dans les églises d'Occident on appela hymnes toutes les poésies chantées à la louange de Dieu. Saint Augustin, dans le livre des Confessions, rapporte que dans le temps que saint Ambroise était persécuté par l'impératrice Justine, condamnée comme arienne, et qu'il était comme assiégé dans son église avec le peuple catholique, il fit chanter des hymnes et des psaumes, suivant la coutume orientale, pour empêcher le peuple de sécher d'ennui et de chagrin, ce qui ensuite fut adopté par toutes les autres églises. Et remarque que dans certaines églises l'hymne de Noël et celles des fêtes de cette semaine sont chantées sur le même air. La raison en est que les membres sont à la tête comme les saints sont à Jésus-Christ, et participent, comme les membres à l'égard de la tête, à l'influence de l'éternelle béatitude; parce que ce qui a été commencé à la naissance du Christ a été consommé à sa résurrection, parce qu'alors le sceau de la damnation a été brisé, et le ciel, qui depuis tant d'années était

resté fermé, a été ouvert. C'est pour cela que dans ce temps, principalement, on célèbre, et avec raison, les solennités des saints, en se servant du même chant que pour les fêtes du Christ. Mais cela n'arrive point pour le chant des hymnes du temps pascal, qui signifie que la gloire des saints n'est pas encore entièrement consommée en eux, à cause du désir qu'ils éprouvent de la résurrection de leurs corps; ce qui fait qu'ils ne sont pas encore entièrement conformes au Christ.

XXVI. On chante aussi des antiennes à chaque heure, d'après l'institution du bienheureux. Ambroise, parce que le bienheureux Ignace, troisième évêque d'Antioche depuis saint ́Pierre, entendit, lit-on dans l'Histoire tripartite, les chœurs des anges chantant des antiennes sur une certaine montagne. C'est pour cela que les Grecs les premiers ont composé des antiennes, et ont décidé qu'on les chanterait en chœur avec les psaumes, comme dans les chœurs de danse. Cette coutume de chanter les antiennes passa à toutes les églises et s'étendit partout. Or, on dit les antiennes eu égard à la psalmodie à laquelle elles correspondent, comme on dit les répons par rapport à l'histoire. Antienne signifie paroles que l'on dit avant le psaume.

XXVII. Car on commence l'antienne avant le psaume, qui désigne les œuvres, comme l'antienne désigne l'union de la charité ou l'amour mutuel, sans lequel les œuvres ne servent de rien et par où les œuvres commencent à être méritoires. C'est donc avec raison que l'on forme la mélodie du psaume d'après le ton de l'antienne, parce que l'amour forme nos œuvres. D'après cela, antienne 'vient de av (vis-à-vis), et de povos (son, voix), parce que l'intonation du psaume est fondée sur la mélodie de l'antienne, et que la main agit suivant qu'elle est excitée par l'étincelle de la charité. Chaque psaume se trouve entremêlé d'une antienne, parce que la foi opère par l'amour. Mais l'antienne se dit d'une manière imparfaite avant, et d'une manière parfaite après le psaume, parce que la charité, dans

cette vie, est imparfaite; ou ne fait que commencer; mais dans la patrie céleste elle sera perfectionnée par les bonnes œuvres qui se font ici-bas par la charité, d'après ces paroles d'Isaïe : « Il vit le Seigneur, dont le feu est dans Sion, et le foyer dans Jérusalem. » Cependant, dans les principales solennités on dit très-justement l'antienne avant le psaume, pour marquer que nous devons nous montrer plus parfaits dans la pratique des bonnes œuvres.

XXVIII. On commence aussi par une voix prise dans un chœur, et on termine par plusieurs voix choisies dans un autre chœur, d'abord parce que la charité a son principe dans un seul, c'est-à-dire dans le Christ, et est consommée dans ses membres par lui-même, comme il le dit dans l'évangile de saint Jean: « Je vous donne un commandement nouveau, etc. » Or, Dieu nous ayant aimés le premier, nous devons également correspondre à son amour. En second lieu, pour marquer que la voix des prédicateurs, qui tend toujours à l'unité, avertit chacun de nous qu'il doit donner à son prochain par la charité ce qu'il a acquis par ses œuvres particulières, de telle sorte que si l'un étudie dans les écoles et l'autre ensemence les champs, dans le temps de la moisson le docteur donne la science à l'agriculteur, et ce dernier le pain au docteur.

XXIX. Au reste, l'antienne après les psaumes est chantée communément par tout le peuple, parce que la charité procure à tous une joie commune. De plus, les deux chœurs chantent alternativement, pour désigner l'amour ou la charité mutuelle qui ne peut subsister dans un nombre de personnes moindre que deux. L'antienne réunit les deux chœurs, afin que la charité réunisse deux frères par les bonnes œuvres. XXX. Saint Isidore dit (lib. vi, Etymol.) que le mot grec As signifie en latin voix alternative, parce que les deux chœurs, en se répondant l'un à l'autre, alternent le chant des mélodies, semblables aux deux Séraphins et aux deux Testaments qui se répondent l'un à l'autre. De là vient que les

clercs, en chantant les antiennes, ne se tournent pas vers l'autel, mais sont placés face à face, manière de chanter qui, dit-on, nous vient des Grecs.

XXXI. Ainsi, l'antienne est un chant inséré dans l'office divin pour nous récréer, car rien ne récrée mieux l'esprit que la charité. Or, le chant de l'antienne signifie le plaisir de l'esprit, d'après ces paroles du Psalmiste: «< Chantez avec goût, car le plaisir a de la saveur quand il vient de Dieu.»-« Alors aussi les mains sont sous les ailes » (Ezech., 1). Et on lit dans les Proverbes : « Heureux l'homme qui a trouvé la sagesse, et dont la prudence est consommée; » parce que celui qui a la joie du cœur au sujet des biens éternels, est facilement consommé en prudence, c'est-à-dire en bonnes œuvres, par lesquelles il assure son avenir. Ou bien encore, d'après Moïse, l'antienne est la voix des anges conversant ensemble. Il y a six antiennes qui se disent avant les nocturnes aux jours fériés; elles sont tirées des psaumes, et indiquent la perfection des bonnes œuvres ou les six œuvres de miséricorde, parce que le nombre six est parfait. Celles que l'on dit aux laudes à Benedictus, et à Magnificat aux vêpres, sont tirées des évangiles du jour auquel on les lit, excepté celles du jeudi, comme on le dira dans la sixième partie, au Jeudi de la seconde semaine de Carême.

XXXII. Dans certaines églises, à la fin de l'antienne on chante un neume ou chant de joie, parce que c'est le peuple bienheureux qui connaît les jubilations. Or, le neume est un chant d'allégresse, une joie ineffable ou une jouissance de l'ame à l'occasion des biens éternels; c'est pourquoi on ne doit pas en chanter dans les jours de jeûne ou d'affliction, de même qu'on n'a pas coutume de jouer de la harpe dans les jours de deuil. Le neume se produit sur une seule et dernière lettre de l'antienne, pour marquer que la louange de Dieu est ineffable et incompréhensible; car une joie ineffable est exprimée par Vμa (souffle, respiration ou aspiration), parce qu'en cet endroit

cette joie n'est que goûtée d'avance, et ne peut être ni entièrement exprimée, ni entièrement passée sous silence. C'est pourquoi l'Eglise, avec raison, laisse de côté les paroles et passe au neume, tombant pour ainsi dire en admiration; car, si elle prononçait des paroles, quelle voix, quelle parole pourrait rendre ce qu'elle éprouve? Car les paroles ne suffisent pas, l'intelligence ne saisit pas, l'amour même ne peut exprimer ce sentiment. Qui pourrait raconter dans sa plénitude ce que l'œil n'a pas vu, ce que l'oreille n'a pas entendu, ce qui n'a pas pénétré dans le cœur de l'homme? On rend donc par le neume, plus expressément que par des paroles, l'immensité de cette joie céleste où les paroles cesseront et où les hommes connaîtront tout. Mais, comme la jubilation dans les grandes solennités n'est le partage que de ceux qui sont parfaits, et que les plus âgés ne se réjouissent pas autant que les plus jeunes, c'est pourquoi, dans certaines églises où le neume ne se dit pas, la voix non significative est remplacée par la voix significative; car, au lieu de la jubilation et du neume, on chante des tropes et des séquences, où tous, petits et grands, sont admis; et voilà pourquoi elles sont chantées par tous. En quelles antiennes dit-on le neume ou la jubilation, et pourquoi de préférence dans le temps pascal? C'est ce que nous verrons au chapitre de Laudes et de Matines. Or, la jubilation a diverses significations et se pratique souvent en divers endroits dans le même répons, comme nous le verrons dans la sixième partie, en parlant de Noël. Nous avons déjà parlé du neume qui se fait à l'Alleluia, dans la quatrième partie, au chapitre de l'Alleluia. Nous dirons de même dans quelles antiennes on dit Alleluia, dans la partie suivante, en traitant de la fête de Noël.

XXXIII. Et remarque que neuma, neuma, sans p, et au genre féminin, c'est le jubilus dont nous avons parlé. Mais μ en grec, écrit par un , et au genre neutre, signifie le Saint-Esprit; cependant l'un et l'autre, dans les Ecritures, est souvent pris au féminin. Les neumes qui ont lieu à la messe

πνευμα

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