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vres sont mauvaises.» (Joan. c. 1, v. 19) Lorsque les incrédules ont été obligés de s'expliquer sur l'opinion qu'ils avaient conçue de ce divin législateur, ils n'ont pas été peu embarrassés. Tant qu'ils ont professé le déisme, ils ont affecté d'en parler avec respect; ils ont rendu justice à la sainteté de sa doctrine et de sa conduite, à l'importance du service qu'il a rendu à l'humanité; quelques-uns en ont fait un éloge pompeux : s'ils ne l'ont pas reconnu comme Dieu, ils l'ont peint du moins comme le meilleur et le plus grand des hommes.

Mais comment concilier cette idée, avec la doctrine qu'il a prêchée ? Il s'est attribué constamment le titre et les honneurs de la divinité; il veut que l'on honore le Fils comme on honore le Père (Joan. c. vi, v. 23). Lorsque les Juifs ont voulu le lapider, parce qu'il se faisait Dieu, loin de dissiper le scandale, il l'a confirmé (C. x, v. 33). Il a mieux aimé se laisser condamner à la mort que de renoncer à cette prétention (Matth. c. xxvI, v. 63). Après sa résurrection, il a souffert qu'un de ses apôtres le nommât mon Seigneur et mon Dieu (Joan. c. xx, v. 28). Suivant l'expression de saint Paul, il n'a point regardé comme une usurpation de s'égaler à Dieu (Philip. c. II, v. 6).

Si Jésus-Christ n'est pas véritablement Dieu dans toute la rigueur du terme, voilà une conduite abominable, plus criminelle que celle de tous les imposteurs de l'univers. Non-seulement Jésus a usurpé les attributs de la divinité, mais il a voulu que ses disciples fussent comme lui victimes de ses blasphèmes; il n'a daigné prévenir ni l'erreur dans laquelle son Eglise est encore aujourd'hui, ni les disputes que ses discours devaient nécessairement causer. Il n'y a done pas de milieu: ou Jésus-Christ est Dieu, ou c'est un malfaiteur qui a mérité le supplice auquel il a été condamné par les

Dans le désespoir de sortir jamais de cet embarras, les incrédules, devenus athées, ont pris le parti extrême de blasphémer contre Jésus-Christ, de le peindre tout à la fois comme un imbécile fanatique et comme un imposteur ambitieux. Ils se sont appliqués à noircir sa doctrine, sa morale, sa conduite, les prédicateurs dont il s'est servi, et la religion qu'il a établie. Mais le fanatisme n'in sira jamais des vertus aussi douces, aussi patientes, aussi sages que celles de JésusChrist. Un ambitieux ne commande point l'humilité, le détachement de toutes choses, le seul désir des biens éternels, ne se résout joint à la mort pour soutenir une imposture. Aucun fanatique, aucun imposteur n'a ja mais ressemblé à Jésus-Christ. D'ailleurs, quiconque croit un Dieu et une providence ne se persuadera jamais que Dieu s'est servi d'un fourbe insensé pour établir la plus sainte religion qu'il y ait sur la terre, et la plus capable de faire le bonheur de l'humanité. Un fanatique en démence est incapable de former un plan de religion tout différent du judaïsme dans lequel il avait été élevé;

un plan dans lequel le dogme, la morale et le culte extérieur se trouvent indissolublement unis et tendent au même but ; un plan qui dévoile la conduite que Dieu a tenue depuis le commencement du monde, qui unit ainsi les siècles passés et les siècles futurs, qui fait concourir tous les événements à un seul et nême dessein. Aucune religion fausse ne porte ces caractères. Enfin un homme dominé par des passions vicieuses n'a jamais montré un désir aussi ardent de sanctifier les hommes, d'établir sur la terre le règne de la vertu. Un faux zèle se trahit toujours par quelque endroit celui de Jésus-Christ ne s'est démenti en rien. En deux mots, si Jésus-Christ est Dieu-Homme, tout est d'accord dans sa conduite; s'il n'est pas Dieu, c'est un chaos où l'on ne peut rien comprendre.

Comme les reproches que les incrédules font à Jésus-Christ sont contradictoires, nous sommes dispensés de les réfuter en détail; d'ailleurs nous avons répondu à la plupart dans plusieurs articles de ce Dictionnaire : nous nous bornons à en examiner quelques

uns.

1. Ils disent Jésus-Christ n'a voulu se faire connaitre qu'à ses disciples; il a manqué de charité à l'égard des docteurs juifs; i les traite durement; il leur refuse des preuves de sa mission et les miracles qu'ils lui demandent en cela il contredit ses propres maximes.

:

Le contraire de tout cela est prouvé par l'Evangile. Jésus-Christ a déclaré sa mission, sa qualité de Messie et de Fils de Dieu, en un mot, sa divinité, aux docteurs juifs aussi bien qu'au peuple et à ses disciples. Voy. FILS DE DIEU. Lorsque les docteurs ont montré de la docilité et de la droiture, il les a instruits avec la plus grande douceur, témo.n Nicodème. Quant à ceux dont il con

naissait l'incrédulité obstinée et la malignité, il leur a refusé des miracles qui auraient été inutiles, tels que des sigues dans le ciel, et qui n'auraient servi qu'à les rendre plus coupables. Ha eu le droit de les traiter dure inent, c'est-à-dire de leur reprocher publiquement leurs vices, leur hypocrisie, leur Basse jalousie, leur opiniâtreté; il ne tenait qu'à eux de se corriger. Si ce divin Maître avait fait autrement, les incrédules l'accuseraient d'avoir ménagé la faveur et l'appui des chefs de la synagogue, et d'avoir dissi malé leurs vices pour parvenir à ses fins. On voit, par ce qu'en a dit Josèphe, que JésusChrist ne leur a fait aucun reproche mal fondé.

2° La doctrine de Jésus, disent nos adversaires, renferme des mystères où l'on ne conçoit rien; sa morale n'est pas plus parfait que celle de Philon le juif, qui était elle des philosophes.

Mais parce que nous ne concevons pas les mystères, il ne s'ensuit pas que Dieu n'a pas put n'a pas do les révéler; nous les cocevons assez pour en tirer des conséquences essentielles à la pureté des mœurs, et c'est assez pour démontrer l'utilité de cette révé

lation. Voy. MYSTÈRES. Quant à la morale, Philon avait plutôt pris la sienne dans les auteurs sacrés que chez les philosophes, et Jésus-Christ n'a pas dû en enseigner une autre, parce que la morale est essentielletnent immuable; mais nous soutenons que Jésus-Christ l'a beaucoup mieux développée que les docteurs juifs, qu'il en a retranché les fausses interprétations des pharisiens, qu'il y a joint des conseils de perfection très-sages et très-utiles. Voy. MORALE.

3 L'ou accuse Jésus-Christ d'avoir souvent mal raisonné et mal appliqué l'Ecriture sante (Matth. c. XXIII, v. 29.) I reprend les pharisiens qui honoraient les tombeaux des prophètes; il dit qu'ils témoignaient par la même qu'ils sont les enfants et les imitateurs de ceux qui les ont tués. Il applique au Messie le psaume cix: Dixit Dominus Domino meo, qui regarde évidemment Salomon (c. xxII, v. 44). Il refuse de dire aux chefs de la nation juive par quelle autorité il agit, à moins qu'ils ne décident eux-mêmes la question de savoir si le baptême de Jean venait du ciel ou des hommes (c. xxi, v. 24). Ce n'était là qu'un subterfuge pour ne pas répoudre à des hommes qui avaient droit de l'interroger.

Ce sont plutôt les incrédules eux-mêmes qui raisonnent fort mal, et qui prennent mal le sens des paroles du Sauveur. Il reproche aux pharisiens, non pas les honneurs qu'ils rendaient aux tombeaux des prophètes, mais leur hypocrisie, par conséquent le motit par lequel ils agissaient ainsi; il ne leur dit point: Vous témoignez par là même, etc., mais vous moignez d'ailleurs, par toute votre conduite, que vous êtes les enfants et les imitateurs de ceux qui les ont mis à mort, et cela était vrai.

Nous soutenons qu'il est impossible d'ap pliquer à Salomon tout ce qui est dit dans le psaume cix. David ne le déclara son successeur que sur la fin de sa vie ; alors il n'avait plus d'ennemis à subjuguer. On ne peut pas dire de l'un ni de l'autre, qu'il a été prêtre pour toujours selon l'ordre de Melchisédech, etc.

Jésus-Christ avait prouvé vingt fois aux Juifs, par ses miracles, qu'il agissait de la part de Dieu son Père et par une autorité divine ils lui faisaient donc une question ridicule à tous égar is. Ils ne voulurent pas avouer que Jean Baptiste était l'envoyé de Dieu, parce que Jésus-Christ leur aurait dit: Pourquoi donc ne croyez-vous pas au témoignage qu'il m'a rendu ? L'argument qu'il ler faisait était juste et sans réplique.

4 Les incrédules prétendent que par un mouvement de colère il chassa les vendeurs du temple sans autorité légitime, et qu'il troubla la police sans nécessité (Joan. c. 11, v. 14). Mais l'évangéliste même nous dit que, dans cette circonstance, Jésus agit par zèle pour l'honneur de la maison de Dieu, et non par colère; il avait une autorité légitime, et il l'avait prouvé. Ceux qui vendaient des victimes et les changeurs pouvaient se tenir hors du temple: c'était une très-mauvaise

police de les laisser faire leur commerce dans l'intérieur.

Au mot AME nous avons fait voir que Jésus-Christ n'a pas mal raisonné, en prouvant aux Juifs l'immortalité de l'âme, et au mot ADULTÈRE, qu'il n'a point péché contre la loi en renvoyant la femme adultère.

Nous ne croyons pas qu'il soit nécessaire. de rapporter et de réfuter les calomnies absurdes que les juifs modernes ont forgées contre Jésus-Christ dans les Sepher Tholdoth Jeschu, ou Vies de Jésus, qui ont paru dans les derniers siècles. Les anachronismes, les puérilités, les traits de démence dont ces livres sont remplis, font pitié à tout homme de bon sens. Orobio, juif très-instruit, n'a pas osé en citer un seul article.

II. Comme nous donnons pour signe principal de la mission de Jésus-Christ les miracles qu'il a opérés, nous devons indiquer, du moins en abrégé, les preuves générales de ces miracles.

La première est le témoignage des anôtres et des évangélistes. Deux de ceux qui ont écrit l'histoire se donnent pour témoins ocu laires; les deux autres les ont appris de ces mêmes témoins. Saint Pierre prend à témoin de ces miracles les Juifs rassemblés à Jérusalem le jour de la Pentecôte (Act. c. 11, v. 22; c. x, v. 37). Ils ont donc été publiés dans la Judée même, peu de temps après, et sur le lieu où ils ont été opérés, en présence de ceux qui les ont vus ou qui en ont été informés par la notoriété publique, et qui avaient intérêt de les contester, s'il eût été possible. Ces miracles sont encore confirmés par les témoignages de l'historien Josèphe, de Celse, de Julien, des gnostiques, etc. H faut se raidir contre l'évidence même pour soutenir, comme les incrédules, que les mi racles de Jésus n'ont été vus que par ses disciples; que les Juifs ne les ont pas vus puisqu'ils n'y ont pas cru; que ces faits n'ont été écrits qu'après la ruine de Jérusalem, lorsqu'il n'y avait plus de témoins oculaires. Ces miracles ont été vus non-seulement par tous les habitants de la Judée qui ont voulu les voir, mais par tous les Juifs de l'univers qui se trouvaient à Jérusalem aux principales fêtes de l'année. Parce que la plupart de ces témoins n'ont pas cru la mission, la qualité de Messie, la divinité de Jésus-Christ, il ne s'ensuit pas qu'ils n'ont pas cru les miracles qu'ils avaient vus : il s'ensuit seulement qu'ils n'en ont pas tiré les conséquences qui s'ensuivaient. Ce sont deux choses fort différentes. Plusieurs de ceux qui ont avoué formellement ces miracles, soit parmi les Juifs, soit parmi les païens, n'ont pas embrassé pour cela le christianisme. Ces faits ont été certainement écrits avant la ruine de Jérusalem, puisque les trois premiers Evangiles, les Actes des apôtres et les Epitres de saint Paul ont paru avant cette époque.

Seconde preuve. Non-seulement les Juifs n'ont point contesté ces miracles dans le temps qu'on les a publiés, mais plusieurs les ont formellement avoués. Les uns les ont attribués à la magie et à l'intervention du

démon; les autres à la prononciation du nom de Dieu que Jésus avait dérobée dans le temple. Si les Juifs en étaient disconvenus, Celse qui les fait parler, Julien, Porphyre, Hiéroclès, n'auraient pas manqué d'alléguer cette réclamation des Juifs; ils ne le font pas les disciples des apôtres se seraient plaints, dans leurs écrits, de la mauvaise foi des Juifs; ils ne les en accusent pas : les compilateurs du Talmud auraient allégué ce témoignage de leurs ancêtres; tout au contraire, ils avouent les miracles de Jésus-Christ. Galatin, de Arcanis cathol. verit., 1. vIII, c. 5. Orobio, juif très-instruit, tidèle à suivre la tradition de sa nation, n'a pas osé jeter du doute sur ce fait essentiel.

Troisième preuve. Les auteurs païens qui ont attaqué le christianisme, ont agi de mème; sans nier les miracles de Jesus-Christ, ils ont dit qu'il les a faits par magie; que d'autres que lui en ont fait de semblables; que cette preuve ne suffit pas pour établir sa divinité et la nécessité de croire en lui. Il aurait été bien plus simple de les nier absolument, si cela était possible.

Quatrième. Plusieurs anciens hérétiques contemporains des apôtres, ou qui ont paru immédiatement après eux, ont attaqué des dogmes enseignés dans l'Evangile; mais nous n'en connaissons aucun qui en ait contredit les faits; les sectes mêmes qui ne convenaient pas de la réalité des faits avouaient qu'ils s'étaient passés, du moins en apparence; ils ne taxaient point les apôtres de les avoir forgés. Il y a eu des apos ats dès le siècle; saint Jean nous l'apprend: aucun n'est accusé d'avoir publié que l'histoire évangélique était fausse. Il y en avait parmi ceux que Pline interrogea, pour savoir ce que c'était que le christianisme, et ils ne lui découvrirent aucune espèce d'imposture. Cinquième. Une preuve plus forte de la vérité des miracles de Jésus-Christ, est le grand nombre de Juifs et de païens convertis par les apôtres et par les disciples du Sauveur. Quel motif a pu les engager à croire en JésusChrist, à se faire baptiser, à professer la foi chrétienne, à braver la haine pub ique, les persécutions et ia mort, sinon une persuasion intime de la vérité des faits évangéliques? C'est la preuve principale sur laquelle insistent les apôtres. Jésus-Christ lui-même avait dit aux Juifs (Joan. c. x, v. 38): Si vous ne voulez pas me croire, croyez à mes œuvres. Saint Pierre leur dit à son tour: Vous savez que Dieu a prouvé le caractère de Jésus de Nazareth par les miracles qu'il a faits au milieu de vous; vous l'avez mis à mort, mais Dieu l'a ressuscité; faites pénitence, et recevez le baptême (Act. c. 1, v. 22). Saint Paul dit aux paiens: Renoncez à vos dieux, adorez le seul Dieu, Père de l'univers, reconnaissez Jésus-Christ son Fils qu'il a ressuscité (Act. c. xvn, v. 24). Il a été prouvé Fils de Dieu par le pouvoir dont il a été revêtu, et par la résurrection des morts (Rom. c. 1, v. 4).

Sixième. Comme la résurrection de Jé

sus-Christ est le plus grand de ses miracles, les apôtres, non contents de la publier, la mettent dans le symbole: ils en établissent un monument en célébrant le dimanche. Selon saint Paul, elle est représentée par la manière dont le baptême est administré. On lisait l'Evangile dans toutes les assemblées chrétiennes, et l'Evangile en parle comine d'un fait indubitable. Il était donc impossible d'être chrétien sans la croire, et personne ne l'aurait crue, si elle n'avait pas été invinciblement prouvée.

Toutes ces preuves auraient besoin d'être traitées plus au long; mais ce n'est pas ici le lieu. Les incrédules se contentent de nous objecter que les prétendus miracles de Zoroastre, de Mahomet, d'Apollonius de Thyane, et de quelques autres imposteurs, ne sont pas moins attestés que ceux de Jésus-Christ, et ne sont pas crus avec moins de fermeté par leurs sectateurs.

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Ils nous en imposent évidemment. 1° Ces prétendus miracles ne sont rapportés par aucun témoin oculaire; aucun de ceux qui les ont écrits n'ont osé dire, comme saint Jean: « Nous vous annonçons et nous vous attestons ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons entendu nous-mêmes, ce que nous avons examiné avec attention, et ce que nous avons touché de nos mains (I Joan. c. 1, v. 1). » — 2° La plupart de ces prodiges sont en eux-mêmes ridicules, indignes de Dieu, ne pouvaient servir qu'à favoriser l'orgueil du thaumaturge, à étonner et à effrayer ceux qui les auraient vus: ceux de Jésus-Christ ont été des actes de charité destinés à l'avantage temporel et spirituel des hommes, à soulager leurs maux, à les éclairer, à les tirer de l'erreur et du désordre, à les mettre dans la voie du salut. 3° Ce ne sont point les prétendus miracles des imposteurs qui ont fait adopter leur doctrine; il est prouvé que la religion de Zoroastre et celle de Mahomet se sont établies par la violence, et il y avait longtemps que le paganisme subsistait, lorsque les faiseurs de prestiges ont paru dans le monde. Au contraire, ce sont les miracles de JésusChrist et ceux des apôtres qui ont fondé le christianisme. 4 Aucun de ces thaumaturges supposés n'a été prédit, comme Jésus-Christ, plusieurs siècles auparavant, par une suite de prophètes qui ont annoncé aux hommes ses miracles futurs. Aucun des faux miracles n'a été avoué par les sectateurs d'une religion différente. Si quelques Pères de l'Eglise sont convenus d. s prodiges allégués par les païens, d'autres les ont niés et réfutés formellement. Aucun imposteur célèbre n'a pu donner à ses disciples, comme a fait Jésus-Christ, le pouvoir d'opérer des miracles semblables aux siens.

Voilà les différences auxquelles les incrédules ne répliqueront jamais. L'on a pa adopter de fausses religions par entêtement pour certaines opinions, par une estime aveugle pour le fondateur, par docilité pour les préjugés nationaux, par intérêt, par ambition, par libertinage; la religion chré

tienne est la seule qui n'a pu être embras-
sée que par conviction de la vérité des faits,
par la certitude de la mission divine de son
auteur, et par son amour pour la vertu.

Une question très-importante parmi les
théologiens, est de savoir si Jésus-Christ est
mort pour tous les hommes sans exception;
s'il est, dans un sens très-réel, le Sauveur
et le Rédempteur de tous, comme l'Ecriture
sainte nous en assure. Voy. SALUT, SAU-

VEUR.

Chez toutes les nations chrétiennes, la
naissance de Jésus-Christ est l'époque de
laquelle on date les années, et qui sert de
base à la chronologie. La manière la plus
sûre et la plus commode de la fixer, est de
supposer, comme les anciens Pères de l'E-
glise, que Jésus-Christ est né dans l'année
de Rome 749, la quarantième d'Auguste, la
cinquième avant l'ère commune, sous le
consulat d'Auguste et L. Cornélius Sulla. Il
entrait dans sa trentième année lorsqu'il fut
baptisé; il fit ensuite quatre Pâques, et fut
crucifié le 25 de mars, la trente-troisième
année de son âge, la vingt-neuvième de l'ère
commune, sous le consulat des deux Gémi-

nes.

Par conséquent, Jésus-Christ mourut la
quinzième année de Tibère, à compter du
temps auquel cet empereur commença de
régner seul, ou la dix-huitième depuis
que Auguste l'eut associé à l'empire. Voy.
Vies des Pères et des Martyrs, tome V, note,
pag. 635 et suiv. Dans la Bible d'Avignon,
tome XIII, pag. 104, il y a une dissertation
dans laquelle l'auteur adopte un calcul dif-
férent de celui-ci. Il suppose que Jésus-
Christ est né deux ans avant le commence-
ment de l'ère commune, et qu'il est mort la
trente-troisième année de cette ère. Ce n'est
point à nous d'examiner lequel de ces deux
sentiments est le mieux fondé.

Il est bon de savoir que cet usage de comp-
ter les années depuis la naissance de Jésus-
Christ n'a commencé en Italie qu'au vi' siè-
cle; en France au vii, et même au vini ̊,
sous Pépin et Charlemagne : les Grecs s'en
sont rarement servis dans les actes publics;
les Syriens n'ont commencé à en user qu'au
x siècle. Voy. CHRISTIANISME, EVANGILE,
MIRACLES, HUMANITÉ DE JÉSUS-CHRIST, INCAR-
NATION, etc., etc.

JEU. Il est constant que, depuis la nais-
sance du christianisme, les jeux de ha-
sard ont été sévèrement défendus par les
lois de l'Eglise, non-seulement aux clercs,
mais aux simples fidèles. On le voit par le
canon 42, ol. 35, des apôtres, et par le
canon 76 du concile d'Elvire, tenu vers l'an
300. Cela était d'autant plus convenable, que
les anciennes lois romaines punissaient déjà,
par l'exil et par d'autres peines, les joueurs
de profession. Les sages mêmes du paga-
nisine ont considéré la passion du jeu comme
la source d'une infinité de malheurs et de
crimes. Aussi les Pères de l'Eglise ont re-
gardé le gain fait aux jeux de hasard comme
une espèce d'usure ou plutôt le vol défendu
par le huitième commandement de Dieu.

Dictionn. de THÉOL. DOGMATIque. III.

Les empereurs romains ne l'ont pas envi-
sagé différemment, puisque Justinien déci-
da, par une loi formelle, que celui qui avait
contracté une dette aux jeux de hasard ne
pourrait être poursuivi en justice; qu'au
contraire il serait admis à répéter ce qu'il
aurait payé volontairement. Depuis Charle-
magne jusqu'à Louis XV, il n'est presque
aucun de nos rois qui n'ait porté des lois sé-
vères contre les joueurs et ceux qui donnent
à jouer. Il y a au moins vingt arrêts du par-
lement de Paris rendus pour en maintenir
l'exécution. Bingham, Orig. ecclés., tom. VII,
liv. XVI, c. 12, § 20; Code de la religion et
des mœurs, tit. 30, tom. II, p. 384.

Mais la corruption des mœurs et les abus,
une fois établis, seront toujours plus forts
que toutes les lois : comment espérer qu'elles
seront respectées, lorsque la multitude, le
rang, le crédit des coupables, les met à cou-
vert de toute punition, et que les défenses
sont violées par ceux mêmes qui les ont faites?

JEUNE. Nous n'avons rien à dire touchant
les jeunes des païens, des juifs, des maho-
métans; mais puisque cette pratique a été
conservée dans le christianisme, que les hé-
rétiques et les épicuriens modernes lui ont
déclaré la guerre, nous sommes obligés d'en
faire l'apologie. Remarquons d'abord que le
jeûne n'était commandé aux Juifs par aucune
loi positive; ce n'était donc pas une pratique
purement cérémonielle; cependantil est ap-
prouvé et loué dans l'Ancien Testament
comme une mortification méritoire et agréa-
ble à Dieu. David, Achab, Tobie, Judith,
Esther, Daniel, les Ninivites, toute la nation
juive, ont obtenu de Dieu par ce moyen le
pardon de leurs fautes, ou des grâces parti-
culières. Les prophètes n'ont point con-
damné absolument les jeunes des Juifs, mais
l'abus qu'ils en faisaient; ils les ont même
exhortés plus d'une fois à jeûner (Joël, c. 1,
v. 14; c. II, v. 12, etc.).

Dans le Nouveau Testament, les jeûnes de
saint Jean-Baptiste et d'Anne la prophétesse
sont cités avec éloge. Jésus-Christ lui-même
en a donné l'exemple (Matth. c. Iv, v. 2); il a
seulement blamé ceux qui jeûnaient par
ostentation afin de paraître mortifiés (c. vi,
v. 16 et 17). Il dit que les démons ne peuvent
être chassés que par la prière et par le jeûne
(c. XVII, v. 20). Il n'y obligea point ses disci-
ples; mais il prédit que, quand il ne serait
plus avec eux, ils jeûnerafent (c. 1x, v. 15).
Ils l'ont fait, en effet; nous voyons les apô-
tres se préparer, par le jeune et par la prière,
aux actions importantes de leur ministère
(Act. c. xIII, v. 2; c. xiv, v. 22; c. xxvII, v.
21). Saint Paul exhorte les fidèles à s'y exer-
cer (11 Cor. c. vI, 5), et il le pratiquait lui-
même (c. xi, v. 27). C'est donc une action
sainte et louable.

Les ennemis du christianisme en jugent
autrement C'est, discnt-ils, une pratique
superstitieuse, fondée sur une fausse idée
de la Divinité; l'on s'est persuadé qu'el'e se
plaisait à nous voir souffrir. Les Orientaux
et les platoniciens avaient rêvé que nous
sommés infestés par des démons qui nous

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portent au vice, et que le jeune sert à les vaincre ou à les mettre en fuite. Le jeûne peut nuire à la santé en diminuant nos forces, il nous rend moins capables de remplir des devoirs qui exigent de la vigueur.

Cependant les plus habiles naturalistes conviennent encore aujourd'hui que le remède le plus efficace contre la luxure est l'abstinence et le jeûne (Hist. nat., t. III, in-12, c. 4, p. 105). Croient-ils pour cela que la luxure est un mauvais démon qui infeste notre âme? Les Pères de l'Eglise, qui ont tant recommandé le jeûne, et qui l'ont pratiqué eux-mêmes, ne le croyaient pas plus. Les anciens philosophes, les sectateurs de Pythagore, de Platon et de Zénon, plusieurs épicuriens même, ont aussi loué et pratiqué l'abstinence et le jeûne; l'on peut s'en convaincre en lisant le Traité de l'abstinence de Porphyre. Ils n'avaient certainement pas rêvé que la Divinité se plaît à nous voir souffrir, et les épicuriens ne croyaient pas aux démons. Mais ils savaient par expérience que le jeûne est un moyen d'affaiblir et de dompter les passions, que les souffrances servent à exercer la vertu ou la force de l'âme.

Quiconque admet un Dieu et une providence croit que, quand l'homme a péché, il lui est utile de s'en repentir et d'en être aflligé; c'est un préservatif contre la rechute: or, les censeurs du jeûne conviennent qu'un homme affligé ne pense pas à manger. Ce n'est donc pas une superstition de juger que le jeûne est un signe et un moyen de pénitence, aussi bien qu'un remède contre la fougue des passions. Et comme nous n'accusons point de cruauté un médecin qui prescrit l'abstinence et des remèdes à un malade, Dieu n'est pas cruel non plus, lorsqu'il ordonne à un pécheur de s'affliger, de s'humilier, de souffrir et de jeûner.

Pour savoir si le jeune est nuisible à la santé, ou peut nous rendre incapables de remplir nos devoirs, il suffit de voir s'il y a moins de vieillards à la Trappe et à SeptFonts que parmi les voluptueux du siècle ; si les médecins sont plus souvent appelés pour guérir des infirmités contractées par le jeûne, que pour traiter des maladies nées de l'intempérance; si enfin les gourmands sont plus exacts à remplir leurs devoirs que les hommes sobres et mortifiés.

Lorsque nous lisons les dissertations des épicuriens modernes, il nous paraît qu'ils cherchent moins ce qui est utile à la société en général, qu'ils ne pensent à justifier la licence avec laquelle ils violent les lois de l'abstinence et du jeûne. Voy. CARÈME, ABSTINENCE. Ils traitent de fables ce qu'on lit dans la vie de plusieurs saints de l'un ou de l'autre sexe, qui ont passé trente ou quarante jours sans manger. Mais ces faits sont trop bien attestés pour que l'on puisse en douter. Indépendamment des forces surnaturelles que Dieu a pu donner à ses serviteurs, il est certain qu'il y a des tempéraments qui, fortifiés par l'habitude, peuvent pouss r beaucoup plus loin le jeune que le

commun des hommes, sans déranger leur santé, et même sans s'affaiblir beaucoup. Ce que nous lisons dans les relations de plusieurs voyageurs, qui se sont trouvés réduits à passer plusieurs jours dans des fatigues excessives, sans autre nourriture qu'une poignée de farine de maïs ou quelques fruits sauvages, rend très-croyable ce que l'on raconte des jeunes observés par les saints. En général, la nature demande peu de choses pour se soutenir: mais la sensualité passée en habitude est une tyrannie à peu près invincible. Nous sommes étonnés de la multitude et de la rigueur des jeûnes que pratiquent encore aujourd'hui les différentes sectes de chrétiens orientaux.

Daillé, Bingham et d'autres écrivains protestants soutiennent que, dans les premiers siècles, le jeune ne renfermait point l'abstinence de la viande, qu'il consistait seulement à différer le repas jusqu'au soir, à en retrancher les mets délicats et tout ce qui pouvait flatter la sensualité. Ils le prouvent par un passage de Socrate (Hist. ecclés., l. v, c. 22), qui dit que pendant le carême les uns s'abstenaient de manger d'aucun animal, les autres usaient seulement de poisson, quelquesuns mangeaient de la volaille sans scrupule, et par l'exemple de l'évêque Spiridion, qui, dans une jour de jeûne, servit du lard à un voyageur fatigué, et l'exhorta à en manger (Sozom., 1. 1, c. 11).

Mais de tous les mets dont on peut se nourrir, y en a-t-il de plus succulents et et qui flattent davantage la sensualité que la viande ? C'est donc la première chose de laquelle il convenait de s'abstenir les jours de jeûne, selon l'observation même de nos critiques. Le passage de Socrate prouve trèsbien que de son temps, comme aujourd'hui, il y avait des chrétiens très-peu scrupuleux, et qui observaient fort mal la loi du jeûne ; maís les abus ne font pas la règle. Plus de soixante-dix ans avant le temps auquel Socrate écrivait, le concile de Laodicée, tenu l'an 366 ou 367, avait décidé que l'on devait observer la xerophagie, ou ne vivre que d'aliments secs pendant la quarantaine du jeûne, can. 50; il ne permettait donc pas l'usage de la viande.

L'exemple de saint Spiridion favorise encore moins nos adversaires. L'historien observe qu'il ne se trouva chez lui ni pain, ni farine; le voyageur, auquel il servit du lard, refusa d'abord d'en manger et représenta qu'il était chrétien; donc l'usage des chrétiens n'était pas de faire gras en carême. Le saint évêque vainquit sa répugnance, en lui disant que, selon l'Ecriture sainte, tout est pur pour les cœurs purs; le cas de nécessité l'excusait dans cette circonstance. Cette réponse nous indique la raison pour laquelle l'Eglise ne fit pas d'abord une loi générale de l'abstinence; on craignait de favoriser l'erreur des marcionites, qui s'abstenaient de la viande et du vin, parce que, selon leur opinion, c'étaient des productions du mauvais principe. De là les canons des apôtres ordonnent de déposer un ecclésiastique qui s'abstient de

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