cette année sainte, on publierait une rémission générale pour tous les enfants d'Israël, c'està-dire que tous les esclaves seraient mis en liberté, que tous les propriétaires rentreraient dans la possession des biens qu'ils avaient aliénés, que tous ceux qui avaient contracté des dettes en seraient déchargés; et cela, dit l'Écriture, parce que c'était l'année du Jubilé : ipse est enim Jubilæus. Mais ce n'était là, après tout, pour me servir du terme de saint Paul, que l'ombre des biens à venir. Ce Jubilé, si mémorable parmi les Hébreux, n'était que pour servir de figure et que pour nous préparer au Jubilé de la Loi nouvelle : car ce Jubilé de la Loi nouvelle est proprement celui où les véritables esclaves, je veux dire ceux que le démon tenait dans la servitude du péché, sont remis dans la pleine et entière liberté des enfants de Dieu; celui où les pécheurs réconciliés rentrent dans la parfaite jouissance des véritables biens, en recouvrant les mérites qu'ils avaient acquis devant Dieu, et que le péché leur avait fait perdre; celui où les véritables dettes, j'entends les peines dues au péché, demeurent éteintes, et sont universellement abolies. Or. c'est ce Jubilé, mes Frères, que je vous annonce, et dont nous commençons aujourd'hui à célébrer la solennité. Heureux si nous la cé 1 Levit., XXV. 2 mile was important et de capien hans le fue, cu tans a rice pious est oferte quanì. Egise ons eerie le Jubilé; gere complète, puisqu'elle ne le comble à la justification de l'home criminel et pénitent. Pour vous rendre ceci pius intelligible, il er deux choses dans le péché, ce lons la coupe. et ce que nous ape. Ce que nous appeicns la coulpe c'est l'injure faite à Dieu; ce que s la peine, c'est le droit que Dieu parionnant même le péché, de punir le pécheur; je dis de le punir temporellement, au lieu que par son péché, s'il est mortel, il aurait mérité d'être puni éternellement. Cette coulpe ou cette offense ne peut jamais être remise que par le Sacrement de Pénitence ou par la contrition parfaite : cette peine temporelle, que Dieu se réserve, devrait, dans l'ordre de la justice rigoureuse, être acquittée ou par les œuvres satisfactoires dans cette vie, ou par le purgatoire dans l'autre. Mais, par une grâce spéciale, Dieu la remet en vertu de l'Indulgence et du Jubilé; et le Jubilé, encore une fois, n'est autre chose que cette rémission. En vain les ennemis de l'Église et des Indulgences combattent-ils ce principe par deux difficultés qu'ils nous opposent l'une, que Dieu, dont les œuvres sont parfaites, ne remet jamais le péché à demi, et que la rémission de la peine, même temporelle, est toujours inséparable de la rémission de l'offense; l'autre, que Jésus-Christ, par sa mort, ayant pleinement et abondamment satisfait pour nous, toute autre peine que Dieu exigerait encore du pécheur, son péché lui étant remis, diminuerait le mérite du sacrifice de la Croix, qui a été une satisfaction plus que suffisante pour tous les péchés du monde deux objections, quoique spécieuses, qui n'ont dans le fond nulle solidité, et qui sont même, dans les maximes de notre Religion, deux erreurs grossières et insoutenables. Car, pour répondre à la première, il est nonseulement indubitable, mais de la foi, que Dieu, selon les lois communes de sa justice, en pardonnant même le péché, se réserve encore le droit de punir temporellement le pécheur. Rien de plus évident dans l'Écriture. Moïse obtient le pardon de son incrédulité : cependant, pour punition de cette incrédulité même, quoique pardonnée, il n'entrera point dans la terre promise. Nathan déclare à David que Dieu lui a remis son crime; mais il ajoute que, pour l'en punir, Dieu lui prépare des afflictions et des calamités : conduite adorable où Dieu fait éclater sa sagesse, en même temps qu'il exerce sa miséricorde. Et pour réponse à la seconde difficulté, il est vrai que Jésus-Christ, par sa mort, a pleinement et abondamment satisfait pour nous, mais il est pareillement vrai et de la foi que l'intention de Jésus-Christ, en satisfaisant pour nous, n'a point été de nous dispenser par là de satisfaire nous-mêmes, et de faire pénitence pour nous-mêmes; qu'au contraire il a prétendu nous en imposer par là même l'obligation indispensable, c'est-à-dire la nécessité de joindre notre pénitence à sa pénitence et nos satisfactions à ses satisfactions; car, en qualité de Sauveur, il n'a offert sa mort pour nous qu'à cette condition; mystère que le grand Apôtre concevait admirablement quand il disait: Adimpleo ea quæ desunt passionum Christi in carne mea 1. Il est vrai que, dans l'ordre du salut, nos satisfactions doivent être jointes à celles de Jésus-Christ; mais, par l'étroite liaison qui est entre Jésus-Christ et nous, nos satisfactions, comparées aux siennes, sont tellement différentes des siennes qu'elles en sont néanmoins essentiellement dépendantes, qu'elles sont, dis-je, fondées sur les siennes, de nulle valeur sans les siennes, et par conséquent qu'elles ne peuvent préjudicier au mérite des siennes. Tenons-nous-en donc toujours à la même proposition, que Dieu, par l'Indulgence et le Jubilé, nous remet la peine temporelle qui était due à nos péchés, et dont l'exacte mesure n'eût pu, sans cela, être remplie par nos satisfactions. Ainsi l'Église catholique, seule et infaillible dépositaire du vrai sens de l'Écriture, l'a-t-elle entendu, en expliquant cette promesse faite à saint Pierre, comme au chef du troupeau de Jésus-Christ: Quodcumque solv ris super terram erit solutum et in Colis. Et ainsi la même Église, gouvernée et conduite par le Saint-Esprit, l'at-elle toujours pratiqué, puisque l'usage des Indulgences, et le pouvoir de les accorder dont elle est en possession, est d'une tradition immémoriale dans le Christianisme : car c'est en vertu de ce pouvoir que saint Paul, au nom de 1 Col., I, 14. ? Matth., XVI, 19. |